Orthodoxie en Abitibi

L'Ère mondiale

L'ÈRE MONDIALE

Cliquer ci-dessous, pour vous retrouver aux points correspondants du texte :

- I - L'évaluation du jour de la Création.
- II - La Table pascale d'Hippolyte de Rome.
- III - La Table pascale du Pseudo-Cyprien.
- IV - Le Cycle d'Anatole de Laodicée.
- V - La Réforme d'Alexandrie.
- VI - La Réforme de Constantinople.
- VII - Le Trochos IV du Chronikon Paschale.
- VIII - Les modifications calendaires sous le règne de Justinien.
- IX - L'ère byzantine.

L'ÈRE MONDIALE

- P. Georges -


Dans les Études sur « Les Nombres du Soleil » et « Les Nombres de la Lune », nous nous sommes interrogés sur la façon dont les Anciens ont mené leur réflexion, au long d'un processus qui mènera ultimement au calcul de la date de Pâques. Ce faisant, nous avons admiré ces penseurs et mathématiciens qui avaient devant eux le beau ciel étoilé du Moyen-Orient, qui détenaient l'héritage de très nombreuses générations d'astronomes, et qui n'avaient dans les mains que des instruments très simples pour calculer et pour écrire. Nous ne pouvons que nous émerveiller devant la profondeur et la complexité des systèmes qu'ils ont élaborés. Notre travail fut une sorte d'« archéologie de la pensée », où nous nous sommes efforcés de pénétrer dans le processus même de leur réflexion, éprouvent une sympathie réelle pour ceux qui nous ont précédés depuis si longtemps. - Dans la présente Étude, notre point de vue sera différent : notre approche sera historique, car les différents computs calendaires proviennent d'une longue évolution. Dans la tradition ecclésiastique, on a tendance à considérer les tables qui servent à calculer la date de Pâques, comme une sorte de « donné », pratiquement tombé du ciel, listes de chiffres mystérieux que l'on a tendance à attribuer à quelque Saint particulièrement vénérables, de sorte que ces tables deviennent ipso facto pratiquement intouchables - et ceci, d'autant plus qu'on ne comprend que rarement leur fonctionnement. La réalité historique est tout autre - fertile en rebondissements, en modifications, en réformes et en systèmes concurrents. Les Anciens vivaient, relativement au calendrier, en des catégories qui ne nous sont pas familières. Pour eux, il était important que le calendrier reflète un parallélisme mystique entre les événements de la vie du Christ, et les actes fondateurs de la Genèse. Par ailleurs, le calendrier était une forme de gouvernement, et appuyait sa validité sur l'autorité impériale. Ainsi donc, dans l'Empire byzantin, le calendrier n'était certes pas l'accessoire banal que l'on utilise aujourd'hui. C'est ce cheminement que nous vous proposons, et qui est réellement fascinant, pourvu que l'on ait la patience et la persévérance d'en suivre toutes les étapes.


- CHAPITRE I -
L'Évaluation du jour de la Création.


1) La position du cycle solaire, du cycle lunaire et de l'Indiction, lors du jour de la Création :

À l'issue de notre Étude sur « Les Nombres de la Lune », nous avons suivi le raisonnement des Byzantins, au long de leur recherche de la date précise du commencement de la Création. Dans cette perspective, le cycle solaire de 28 ans et le cycle lunaire de 19 ans devaient afficher l'unité, au moment même de la Création. Pour faire bonne mesure, cette propriété devait se retrouver également dans le cycle civil de l'Indiction.

D'autre part, au moment de la Création, il est évident que la lune devait être pleine, car le Créateur ne saurait avoir suscité du néant à l'être, un astre incomplet ! Or la Lune a été créée au quatrième des six jours de la Création. La « nouvelle lune » antérieure - non encore créée - était censée s'être produite quinze jours plus tôt. 15 moins 4 donne 11, ce qui est l'« âge théorique de la Lune » au moment de la Création - ce qui nous donne une Épacte de 11.
Un jour de la Création équivaut à un an chronologique : - En l'an UN du monde byzantin, l'Épacte était de 11 ;
- en l'an DEUX du monde byzantin, l'Épacte était de 11 + 11 = 22 ;
- en l'an TROIS du monde byzantin, l'Épacte était de 22 + 11 - 30 (mois embolismique) = 3.

Dans les psaumes, nous trouvons l'affirmation suivante : « Mille ans sont à tes yeux comme un jour » (Ps. 89 ; 4).
Or la création a duré six jours ;
Par conséquent, la durée totale de l'Univers est de 6000 ans.

En ce qui concerne l'Incarnation du Christ, celle-ci s'est certainement réalisée précisément au milieu du sixième millénaire, passant du temps de la promesse, au temps de l'accomplissement. On peut en conclure que le Christ s'est incarné en l'an 5500. Les Byzantins plaçaient la date de la Naissance du Christ huit ans avant le début de notre ère. Ainsi donc, pour passer de notre millésime au millésime byzantin, il faut que nous ajoutions 5508 années à notre comput.

Nous avions pris comme exemple la date de 1221, selon notre comput.
Selon le comput byzantin, 5508 viennent s'ajouter à 1221, ce qui nous donne l'an 6729.

Nous avons vu, à la fin de l'Étude sur « Les Nombres de la Lune », qu'en l'an du monde byzantin 6.729, le cycle solaire affiche 9.
Donc, l'an du monde byzantin 6.720 doit occuper le premier emplacement dans le cycle solaire.

Nous avons vu ci-dessus, qu'en l'an du monde byzantin 6.729, le cycle lunaire affiche 3.
Donc, l'an du monde byzantin 6.726 (divisible par 19) doit occuper le premier emplacement dans le cycle lunaire.
Le cycle lunaire ne commence pas à l'unité - mais à 3 - car c'est la pleine lune qui est créée, en opposition avec le soleil, le quatrième jour (à l'issue de l'an TROIS du monde byzantin).

Nous avons vu, à la fin de l'Étude sur « Les Nombres de la Lune », qu'en l'an du monde byzantin 6.729, le cycle de l'indiction affiche 9.
Donc, l'an du monde byzantin 6.720 doit occuper le premier emplacement dans le cycle de l'Indiction.

Enfin, La création du jour et de la nuit se doit d'être marquée par la perfection - en ce sens qu'à ce moment, la nuit doit être égale au jour. Par conséquent, le premier jour de la création est un 25 mars, date qui est considérée comme étant l'équinoxe.

2) Les diverses estimations du jour de la Création :

L'estimation de la date de la Création est le fruit d'une évolution historique, qui a produit plusieurs avis divergents. À cet égard, nous ne pouvons mieux faire que de citer V. Grumel, qui nous présente un intéressant aperçu de cette évolution, dans son ouvrage sur la Chronologie (Traité d'études byzantines, tome I, P.U.F. 1958. p. 5 - 6) :

C'est d'abord dans un but apologétique qu'on s'est appliqué à déterminer l'antiquité du monde. Cette perspective historique permettait de marquer l'antériorité et, par là, la supériorité de Moïse et des prophètes sur les sages et les poètes de la Grèce.

Le premier auteur qu'on voit procéder de la sorte est l'historien juif JOSÈPHE. A ceux qui allèguent l'origine récente de la nation juive sous prétexte que les Grecs n'en ont pas parlé, il rappelle l'Histoire qu'il en a tracée d'après les Écritures : elle comprend, dit-il, plus de 5000 ans (il la commence avec la Création. Contra Apionem I, 1).

Sans nommer ce devancier, et peut-être sans le connaître, des apologistes chrétiens usent du même argument. Ainsi, THÉOPHILE D'ANTIOCHE, qui, dans son troisième livre à Autolycus, tout entier consacré à ce problème, développe une chronologie détaillée de l'Histoire biblique et la termine par la somme des années du monde depuis Adam jusqu'à Aurelius Verus (= Marc-Aurèle) : 5 695 ans (Ad Autolycum III, 29).

Poussé, comme on le voit, bien au delà du commencement du Christianisme (Marc-Aurèle est mort en 180), ce compte d'années est établi cependant en-dehors de tout rapport avec la Chronologie du Christ, soit Naissance, soit prédication, soit Passion ou Résurrection. Il ne semble donc pas lié à une idée mystique, mais procéder d'une évaluation ou d'une interprétation personnelle des données chronologiques plus ou moins précises fournies par la Bible.

À son tour, CLÉMENT D'ALEXANDRIE (+ avant 215) traite de la Chronologie antique dans la même perspective (Strom. I, 21) et marque, lui aussi, quelle est l'ancienneté du monde - mais nous trouvons en outre chez lui des indications sur la Chronologie du Christ vers laquelle son attention a été sans doute attirée par la controverse pascale. Clément est en effet l'auteur d'un Peri tou Pascha, malheureusement perdu, mais que citent Eusèbe, le Chronicon Paschale, les Sacra Parallela, et Nicéphore de Constantinople.

La citation du Chronicon Paschale nous apprend que Clément d'Alexandrie plaçait la Passion du Christ le 14e jour de la lune, sans indication de quantième d'un mois solaire.

Dans ses Stromates (I, 21), Clément ne donne qu'un an à la vie publique du Christ, qu'il fait mourir à l'âge de 30 ans.

Quant à l'époque de l'apparition du Christ, nous tenons de Malalas, qui malheureusement s'abstient de citer - que Clément, ainsi que Théophile et Timothée la plaçaient tè ektè hèmera tès chiliados. L'expression n'est pas claire, mais elle reflète la même mystique de la durée du monde analogue à la semaine de la Création (6000 ans). Ce qu'entend désigner Malalas, en rapportant cette opinion, c'est - on le voit par le contexte - l'année 6000, où lui-même place la Passion et la Résurrection du Christ. Il est plus que douteux qu'il faille voir là la pensée de Clément d'Alexandrie.

C'est probablement dans le De Paschate que celui-ci exposait ses vues à ce sujet. À défaut de cet ouvrage, nous avons dans les Stromates des données d'où ressort la date précise que Clément assignait à la venue du Christ au cours du sixième millénaire. Clément met en effet 5784 ans 2 mois et 12 jours depuis Adam jusqu'à la mort de l'empereur Commode (31 déc. 192) et 194 ans 1 mois et 13 jours depuis la mort du Christ jusqu'au même événement.

Cela met l'ère chrétienne de Clément (année de la Naissance du Christ à partir de la Création) en 5590, et son ère du monde (années écoulées depuis la création jusqu'à notre ère), en l'an 5591 (= — 1 de notre ère), l'année 5592 correspondant à l'année 1 de notre ère. Il est difficile de savoir à quoi se rattache une telle chronologie.


- CHAPITRE II -
La Table pascale d'Hippolyte de Rome.


1) Hippolyte de Rome (170 - 235) :

Avec HIPPOLYTE, nous sommes sur un terrain plus ferme. C'est très clairement qu'il nous enseigne que le Christ est né au beau milieu du sixième millénaire du monde. Il en trouve une indication symbolique dans les dimensions de l'Arche d'Alliance : celle-ci avait deux coudées et demie de longueur, une coudée et demie de largeur et une coudée et demie de hauteur.

Ces cinq coudées et demie représentent les 5500 ans du monde, « auquel temps le Sauveur a produit son propre Corps, Arche dorée d'or pur à l'intérieur par le Verbe, à l'extérieur par le Saint-Esprit... Depuis donc la Naissance du Christ, il faut encore compter 500 ans pour achever les 6000 ans et ce sera alors la fin » (In Danielem IV, 24). Ceci est tiré du commentaire de Daniel que l'on croit communément composé vers 203-204.

Ibid., p. 6.

2) La statue d'Hippolyte :

Un des plus beaux monuments qu'il soit dans la bibliothèque vaticane, est la statue antique de marbre de saint Hippolyte martyr, évêque de Porto, assis dans une chaise, où est gravé en lettres grecques le catalogue de ses ouvrages et son Canon pascal, qui est le plus ancien que nous ayons.

On n'en avait d'autre connaissance que par les écrits d'Eusèbe, de Saint Jérôme, d'Isidore et de quelques autres auteurs, lorsque cette statue fut tirée en l'an 1551, des débris d'une chapelle de saint Hippolyte, qui était dans un champ proche de l'église de saint Laurent - d'où elle fut transportée dans la bibliothèque par le soin du Cardinal Corvin, qui fut depuis pape Marcel II. Depuis ce temps-là, il n'y a presque pas eu d'habile chronologiste qui n'ait considéré ce Canon avec une attention particulière, et qui n'ait fait dessus quelques remarques.

Histoire de l'Académie Royale des Sciences, Tome II. Depuis 1686 jusqu'à son renouvellement en 1699. À Paris,1733, avec Privilège du Roy. 1697 - Sur l'ancien Canon pascal de saint Hippolyte p. 300 - 307.

Nous restons étrangers à la question de l'identification du personnage représenté par la statue, et qui serait auteur de la Table.


Table pascale d'Hippolyte

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Cette Table nous donne un cycle de 112 ans en sept séries de 16 années (sedecennitas).

Chacune des sept colonnes nous présente - à droite, l'année - et à gauche, le jour de la semaine, donné en chiffres romains (Dimanche : « I », Lundi : « II »), etc... et dans la colonne d'extrême gauche, les dates des lunes pascales du cycle de 16 ans.

Au bout du cycle de 122 ans, on retombe au même quantième mensuel : par exemple, un vendredi 14 Mai sera à nouveau un vendredi 14 mai, 122 ans plus tard.

Mais par contre, les cycles de 16 années présentés dans cette table, ne sont pas efficaces pour prédire les pleines lunes, et partant, les dates de Pâques. Alors, en quoi ce tableau peut-il nous être utile ?

Nous avons vu qu'il nous faut ajouter 5508 au millésime que nous utilisons ordinairement, pour obtenir la date « depuis la création du monde » suivant le comput byzantin. Par exemple, l'année 2019 de notre ère devient l'an 7527 (2019 + 5508) après la création du monde.

Tout cycle chronologique repose sur une « date de la création du monde » qui lui sert de point de départ - au sein d'une vision du monde qui ne connaissait pas les abîmes temporels auxquels nous sommes habitués.

La Table Pascale d'Hippolyte n'y fait pas exception.


3) L'explication traditionnelle de la Table d'Hippolyte :

Nous avons vu que la création du jour et de la nuit se doit d'être marquée par la perfection - en ce sens qu'à ce moment, la nuit doit être ÉGALE au jour. Par conséquent, le premier jour de la création est un Dimanche (Jour 1) 25 mars, date qui était considérée en ce temps, comme étant l'équinoxe.

Nous avons vu également que, au moment de la Création, que la lune devait être pleine, car le Créateur ne saurait avoir suscité du néant à l'être, un astre incomplet ! Or la Lune a été créée au quatrième des six jours de la Création - en commençant par le premier jour : Dimanche 25 mars - il s'agit donc du Mercredi 28 mars.
La lune a reçu son plein éclat (pleine lune : 14e Nisan) le cinquième jour de la Création, c'est-à-dire un jeudi 29 mars.

Regardons la Table Pascale d'Hippolyte : Dans la série des 16 années (colonne complètement à gauche), nous voyons apparaître, parmi les occurrences du 14 Nisan (pleine lune), la date du 14 Nisan de la Création, le jeudi 29 mars, à deux reprises : en Vème et en XIIIème position.

À partir de la cinquième ligne, nous parcourons la ligne de gauche à droite, et nous trouvons jeudi « V », dans la septième colonne, au millésime 322.

À partir de la treizième ligne, nous parcourons la ligne de gauche à droite, et nous trouvons jeudi « V », dans la troisième colonne, au millésime 266.

Dans la Chronologie, il n'y a pas d'année zéro ! Il faut donc prendre comme points de départ les millésimes 321 et 265 (réduits d'une unité).

La « date de la création du monde » sera donc un certain nombre de cycles de 112 ans, dont le résultat doit être aussi près que possible de 5500 ans, date de l'Incarnation du Christ.

Si l'on prend 52 cycles de 112 ans, cela donne : 112 x 52 = 5824 - 321 = 5503
Si l'on prend 51 cycles de 112 ans, cela donne : 112 x 51 = 5712 - 265 = 5447
C'est assurément 5503 qui est le plus proche de 5500.

Cela désigne le millésime de 321, avec comme conséquence que, dans le système d'Hippolyte, 5503 ans se sont déroulés avant le commencement de l'ère chrétienne dionysienne (celle que nous employons ordinairement). L'an 1 de notre ère correspond à l'an 5504 de l'ère du système d'Hippolyte.

Qu'en est-il de la Naissance du Christ ?

Nous trouvons cette information dans la Table pascale d'Hippolyte : une note en lettres capitales « genesis christou » est indiquée au deuxième rang de la première colonne, avec le numéro (1).
Il s'agit d'un mercredi (IV), le 2 avril, assorti de l'an 223.
La Naissance du Christ doit se situer à « un certain nombre de cycles de 112 ans », à partir de cette date.
Si nous prenons deux cycles, cela donne : 223 - 224 = - 1. Comme il n'y a pas d'année zéro dans la Chronologie, cela donne l'an - 2, pour la Naissance du Christ, selon notre ère (ère dionysienne).

Cela donne :

- 5504 = l'an 1 de notre ère ;
- 5502 = la Naissance du Christ - an 2 AVANT notre ère.

Suivant ce système, le 25 mars est à la fois l'équinoxe, le premier jour du monde et la date de la Passion (celle-ci est signalée dans la Table Pascale, deuxième colonne, en la note 7 Pathos Christou, qui désigne le vendredi (VI) 25 mars, assorti de l'année 253).

Qu'en est-il de la Passion du Christ ?

Nous trouvons cette information dans la Table pascale d'Hippolyte : une note en lettres capitales « pathos christou » est indiquée au seizième rang de la deuxième, avec le numéro (7).
Il s'agit d'un vendredi (VI), le 25 mars, assorti de l'an 253.
La Passion du Christ doit se situer à « un certain nombre de cycles de 112 ans », à partir de cette date.
Si nous prenons deux cycles, cela donne : 253 - 224 = 29. Étant né le 2 avril et ayant subi sa Passion le 25 mars, Il n'avait pas atteint ses 30 ans lorsqu'Il est mort. Ainsi, le Christ serait mort en l'an 5530 de l'ère d'Hippolyte, et en l'an 29 de notre ère (dionysienne).


4) Une autre explication de la Table d'Hippolyte :

La Naissance du Christ en 5002...
Cela contrevient à la vision mystique d'Hippolyte, pour qui le monde devrait durer 6000 ans, et la Naissance du Christ se produire en l'an 5500 après la création du monde.

Reprenons notre réflexion :

Si l'on recule de deux années supplémentaires la date traditionnelle de 321, cela nous mène en 324.

Dans le Tableau, à la septième colonne, et en la septième année du cycle des 16 ans, nous trouvons ce millésime de 324. Nous avons maintenant une « ère mondiale » de 5501 ans. Maintenant, dans le système d'Hippolyte, 5501 ans se sont déroulés avant le commencement de l'ère chrétienne dionysienne (celle que nous employons ordinairement : l'an -1 de notre ère). L'an 1 de notre ère correspond à l'an 5502 de l'ère du système d'Hippolyte.
Selon le comput d'Hippolyte, à ce moment, le Christ est né en l'an 5500 !

Le millésime 324 désigne un dimanche (I), et en suivant la ligne du tableau vers son extrémité gauche, nous trouvons la date du 5 avril. On peut remarquer que le 5 avril, en note 4, dans la première colonne de la Table pascale d'Hippolyte, donne la « Première Pâque célébrée par les Juifs lors de l'Exode », et que cette même date, le 5 avril, figure en note 9, quatrième colonne, donne la « Pâques de Josué » célébrée par les Juifs après leur entrée en Terre Promise.

Nous arrêtons là nos réflexions, qui nous écartent de notre question du calcul de la date de Pâques.

La Table pascale d'Hippolyte est très défectueuse, quant à ses capacités de prévoir la date de Pâques. Elle est cependant intéressante, du fait qu'elle permet de nous mettre dans l'esprit de ceux qui, à l'époque, s'efforçaient d'établir une chronologie des événements relatifs à l'Histoire sacrée. Nous constatons que ni l'ère du monde, ni la date de la création n'étaient alors établies de façon cohérente.


- CHAPITRE III -
La Table pascale du Pseudo-Cyprien.


En 243, le Pseudo-Cyprien reprit le système d'Hippolyte, en mettant la Table pascale en accord avec la lunaison réelle de ce temps. Voici ce tableau :


Table pascale d'Hippolyte

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Son point de départ historique est l'an 243 du consulat d'Arrianus et de Papus. Nous trouvons ce millésime à la troisième ligne de la deuxième colonne du Tableau - avec un 14 Nisan au 21 mars.

L'auteur situe la Passion du Christ 215 ans avant le Consulat d'Arrianus et de Papus, c'est-à-dire en l'an 28.

L'auteur affirme également que le Christ vécut 31 ans, ce qui situe la date de sa Naissance en l'an - 4 de notre ère.

L'auteur place l'événement de la Naissance du Christ au 13ème rang de la sixième colonne : c'est un mercredi (IV), avec l'an 333. Si l'on prend trois cycles de 112 ans, c'est-à dire 336 ans, nous tombons à l'an - 3. La Naissance du Christ se situe donc en l'an - 4 de notre ère, le 28 mars, comme on le voit à l'extrême gauche de la treizième ligne de la Table.

Néanmoins, le peu de fiabilité des cycles de seize ans n'était pas corrigé pour autant...


- CHAPITRE IV -
Le Cycle d'Anatole de Laodicée.


Anatole de Laodicée (deuxième moitié du IIIe siècle après J.-C.) eut une grande réputation scientifique et occupa à Alexandrie la chaire de philosophie aristotélicienne. Il y eut comme élève Jamblique. Vers 270, Anatole fut nommé évêque de Laodicée en Syrie, en remplacement d'Eusèbe. Il mourut avant la persécution de Dioclétien (303). Eusèbe (Hist. eccl., VII, 32), donne un extrait de ses Règles pour la Pâque et lui attribua de nombreux écrits, notamment dix livres d'Introductions arithmétiques. Ces livres, dont il nous reste de nombreux fragments dans les Théologoumènes arithmétiques, paraissent avoir été une compilation des spéculations mystiques des pythagoriciens, à propos des dix premiers nombres.

Nous connaissons l'existence du Cycle de Méton, selon lequel 19 années civiles correspondent à 235 mois lunaires.

Anatole de Laodicée (évêque de cette ville de 270 à 280) fixa le point de départ de son Cycle au 22 mars, qui pour lui, était la date de l'équinoxe. Il construisit son cycle en 277, date où ce système eut sa première application pratique.

Il fixa également le début de ses calculs en l'an 258.

Selon cette prespective, la création du monde s'est produite à un certain nombre de cycles de 19 ans, avant cette date.
Si l'on prend 303 cycles, cela donne 5757 ans. Puisqu'il n'existe pas d'année « zéro » dans le comput, la date de la création du monde sera donc de 5758 ans.

La première année d'existence de l'Univers précède d'une unité la première année du cycle d'Anatole de Laodicée. il s'agit d'une année précyclique. L'année 258 de notre ère (dionysienne) est donc, selon l'ère d'Anatole, l'an 5759 de la création du monde :

- Ère du Monde d'Anatole de Laodicée : 5501 av. J-C.
- An 1 de l'ère dionysienne = an 5502 de l'ère d'Anatole.

En faisant commencer son comput à l'équinoxe, Anatole de Laodicée fait commencer la création « en cours d'année », si l'on peut dire… Il établit donc une première année, la « première année du monde » où la création se produit le dimanche 22 mars, date de l'équinoxe, mais où la situation de la Lune dépend de la position du mois lunaire qui elle, commence à une « nouvelle Lune » située bien avant la création, le 4 mars - néoménie qui est, bien sûr, fictive, mais qui est néanmoins nécessaire pour établir la base du calcul. C'est pourquoi nous avons une « première année du monde », qui commence brusquement à l'équinoxe - tandis que les cycles annuels commencent après cette « première année du monde », et comprennent des années complètes. C'est ainsi que la « première année du cycle », correspond à la « deuxième année du monde », et que la « deuxième année du cycle » correspond à la « troisième année du monde ».

- Le cycle kata thesin est celui qui débute par la première année du monde, celle qui est sans épacte.
- Le cycle kata phusin est le cycle lunaire : la première année de ce cycle est celle où commencent les épactes.

La première année kata phusin est la première année avec épacte : elle est donc la première année du cycle lunaire des dix-neuf ans.

La première année kata thesin est pré-cyclique. Elle est donc la dernière année du cycle lunaires de dix-neuf ans qui précède. Ceci est une vue de l'esprit, car nous nous situons proleptiquement, c'est-à-dire, avant la création...

cycle d'Anatole de Laodicée

À cette étape de notre réflexion, nous reprenons l'argumentation de V. Grumel, dans son ouvrage sur la Chronologie (Traité d'études byzantines, tome I, P.U.F. 1958. p. 34 - 35) :

Le 22 mars est précisément pour Anatole de Laodicée, la date de l'équinoxe (A). Pour notre computiste, un tel jour était tout désigné pour être à la fois le premier jour de l'année naturelle, et le point de départ du calcul des temps et de l'âge du monde.

En conséquence, la création du soleil et de la Lune se placera au mercredi suivant, le 25 mars (B), la Lune étant dans son 22ème jour.

Le 22 mars, jour de l'équinoxe, et celui où le soleil commence son cycle annuel. À la première année du monde c'est un dimanche - dimanche, premier jour de la Genèse.

Le quatrième jour de la Genèse, est celui où le soleil est créé ; c'est le quatrième jour de son cycle : un mercredi (B). La Lune, créée en même temps, et dans son 22ème jour, d'une néoménie (nouvelle lune) proleptique (c'est-à-dire « fictive », située avant la création) du 4 mars (E), également un mercredi.

Le premier mois lunaire, dont une partie est proleptique (située avant la création), compte naturellement 29 jours.

Les deux astres, le soleil et la lune, sont crées au même moment, mais le révolution n'a pas la même durée : celle de la Lune, qui est de 354 jours, finit 11 jours plus tôt que celle du soleil, qui est de 365 jours.

Lors de l'année suivante, la néoménie (nouvelle lune), 11 jours plus tôt, est au 21 février (F).

Le mois lunaire qui commence alors est, par suite de l'alternance, lui aussi un mois de 29 jours ; il s'achève donc le 21 mars (G). C'est précisément à ce jour qu'Anatole place la néoménie pascale (nouvelle lune qui est le début du mois dont le quatorze Nisan sera la lune pascale) de la première année de son cycle.

On touche ici du doigt comment cette première année du cycle, par le jeu même du cycle, se raccorde à une année antérieure, première du monde créé à l'équinoxe - la suppose, est elle-même la deuxième année du monde. En outre, ce 22 mars est un lundi. En même temps que la lune, le soleil commence ainsi son cycle d'épactes par l'épacte 1 (52 semaines de 7 jours donnent 364 jours, ce qui fait que l'année nouvelle retarde d'un jour de la semaine par rapport à l'année précédente, hors cas de bissextilité).

La création et la résurrection du Christ, en leurs rapports avec le comput anatolien :

Pour les chronographes et les computistes de cette époque, les concordances entre les événements de la Genèse et les événements chrétiens avaient une importance considérable, et mettaient pour ainsi dire le sceau au système élaboré. Dans le système d'Anatole, où l'année du monde précède l'année du cycle, nous avons une de ces rencontres mystérieuses :

Le jour de la création du soleil et le 25 mars ; et précisément, le cycle d'Anatole conduit la résurrection du Christ au 25 mars. Anatole de Laodicée situe la mort du Christ - selon le comput dionysien - en l'an 31.

Du fait qu'il n'existe pas d'année « zéro » dans le comput, la date de récurrence du cycle est 258 + 1 = 259.
On aligne cette date sur celle de la mort du Christ : 259 - 31 = 228.
Or 228 est constitué précisément de 12 cycles de 19 ans.
L'emplacement de la lunaison dans l'année, doit donc être identique à celle que l'on trouve dans la deuxième année du cycle (H), et celle-ci a son 14 Nisan au 24 mars. Cela met la passion du Christ au 13 Nisan, et la résurrection au 15 Nisan, le 25 mars.


- CHAPITRE V -
La Réforme d'Alexandrie.


1) Les paramètres :

La fixation de l'équinoxe au 22 mars remontait à Ptolémée (90 - 168).

La réforme d'Alexandrie affecta tous les paramètres du comput pascal :

Le tableau ci-joint met en parallèle le cycle d'Anatole de Laodicée, et celui qui est issu de la réforme d'Alexandrie. Le tableau donne le chiffre des épactes, ainsi que le 14 Nisan - la pleine lune pascale de l'année correspondante (en la colonne située à l'extrême-droite du tableau).

Dans ce tableau, nous voyons que c'est en la neuvième année du cycle d'Anatole, que commença la première année du comput alexandrin. Nous constatons également qu'en cette année initiale, l'épacte est nulle, tandis que le 14 Nisan tombe le 5 avril.

Ce cycle réformé de Pierre d'Alexandrie fut établi en une période de 95 ans : 5 cycles de 19 ans.

1) La date de l'équinoxe : Pierre Ier d'Alexandrie (fin 300 - +26 novembre 311) décida d'anticiper cette date d'un jour, et de placer l'équinoxe au 21 mars.

2) La date initiale du comput : Les savants d'Alexandrie prirent comme date initiale de leur comput, le nouvel-an de leur nation : le premier thôth, c'est-à-dire le 29 août.

3) La première année du comput : La première année du comput fut celle où la nouvelle lune (néoménie) coïncidait avec le premier thôth, ce qui eut lieu en 303.

4) La question des épactes : L'an 303 fut la première année du cycle, qui fut considérée comme une année sans épacte.

5) La lunaison de l'année initiale : En 303, la pleine lune pascale (14 Nisan) eut lieu le 5 avril. Elle fut précédée d'une nouvelle lune qui eut lieu le 23 mars, le premier jour du mois lunaire. C'est cette néoménie du 23 mars qui fut le point de départ, pour le calcul des épactes.

6) Le décompte de l'année civile : L'an 303 était la vingtième année de Dioclétien. Donc la première année de Dioclétien (il débuta son règne en novembre 284) était également la première d'une série de dix-neuf ans, immédiatement avant le début du nouveau cycle alexandrin (284 + 19 = 303). Il était donc pratique de compter à partir de la première année de Dioclétien : on divise le millésime par 19 et, au moyen du reste, on obtient à quelle année du cyle le millésime correspond. Les « années de Dioclétien » furent appelées : « ère des martyrs ».

Nous voyons apparaître dans le tableau ci-dessous les dates des pleines lunes équinoxiales (14 Nisan, XIV Lunae), pour chacune des 19 années du cycle lunaire.

La période de douze mois lunaires est plus courte de 11 jours que l'année solaire.

Nous voyons qu'une pleine lune équinoxiale retarde de 11 jours par rapport à la précédente, d'une année sur l'autre. Cependant, vient un point où ce retard est impossible, car la pleine lune doit nécessairement être postérieure à l'équinoxe.

Dans ce cas, un mois lunaire de 19 jours est ajouté.

Après la dix-neuvième année du cycle lunaire, un staltus lunae de 12 jours est appliquée, afin de revenir à la date initiale du cycle, qui est le 5 avril.

Le cycle alexandrin.

Pour les auteurs qui commencent l'année au Ier thôth (29 août, 30 août après les années intercalaires) ou au Ier septembre, il faut, à partir du Ier thôth ou du Ier septembre jusqu'au 31 décembre, retrancher 5493, et du Ier janvier jusqu'au Ier thôth ou au Ier septembre, retrancher 5492. (V. Grumel. Ibid. p. 97.


2) L'ère du monde d'Africanus :

Un auteur du début du neuvième siècle, Georges le Syncelle nous donne dans son oeuvre Ekloguè Chronographias, des renseignements intéressants à propos de Sextus Julius Africanus.

Cet auteur composa, au premier tiers du troisième siècle, une Chronographie (Description des Temps), qui traitait de la période s'étendant jusqu'au consulat de Gratus et Seleucus, en 221 de notre ère.

Voici les éléments de la Chronographie d'Africanus :

- durée de la création : 6000 ans.
- De la création à la mort de Phaleg (fils de Éber et père de Réu, ancêtre d'Abraham. Gen. 11 ; 16 - 19) : 3000 ans.
- Naissance du Christ : 5500 ans après la création, c'est-à-dire en l'an 5501, car il n'y a pas d'année zéro dans le décompte de l'ère.

Georges le Syncelle donne les précisions suivantes :

L'année 5500 étant achevée le 28 Phamenoth, 24 mars, et l'année 5501 commençant le 29 Phamenoth, 25 mars, le sixième mois après l'annonce à Zacharie et la conception du Prodrome, l'Archange Gabriel fut envoyé à la sainte et glorieuse vierge lui porter l'Annonce du Salut du monde et de la Vie éternelle. C'était le commencement de la 181e année de la onzième période de 532 ans.

Africanus situe donc l'Incarnation du Sauveur en l'an 5500 écoulé - donc au début de l'an 5501.
La Passion et la Résurrection du Seigneur ce produisirent en 5531 ans écoulés, c'est-à-dire au début de 5532, suivant le comput d'Africanus.

D'après Africanus, l'année de la Passion du Christ se situe en la 16ème année de Tibère, et en l'Olympiade 202, 2 (partant de juillet). Cela situe l'année de la Passion en l'an 31 de notre ère. Or le Christ est réputé avoir offert sa vie et être ressuscité à l'âge de 30 ans. L'ère d'Africanus avance d'une unité, par rapport à l'ère dionysienne : l'année 5501 de l'ère d'Africanus équivaut à l'an 1 av. J. C. et l'année 5502 équivaut à la première année de notre ère.

Africanus situe le jour de la Passion du Christ la veille de la pâque juive qui est célébrée le 14 lunae, c'est-à-dire lors de la pleine lune équinoxiale. C'est plutôt étonnant, car, traditionnellement, on situait la Passion du Christ lors de la pleine lune équinoxiale.

Cela peut s'expliquer par une dépendance du comput d'Africanus, par rapport à celui d'Anatole de Laodicée. L'an 31 correspond, dans le cycle anatolien, à la deuxième année, pour laquelle la pleine lune pascale tombe le 24 mars.

Nous voyons cette deuxième année, accompagnée de la date de la pleine lune pascale, dans le tableau illustrant la première section de ce présent chapitre (partie gauche du tableau).

Lors de l'année 31, le 24 mars était un samedi. La veille, le vendredi 23 mars, était le jour de la Passion, qui tombait donc le XIII lunae, la veille de la pleine lune équinoxiale.


3) L'ère du monde de Panodore :

Georges le Syncelle nous donne également de précieuses informations à propos d'un chronographe nommé Panodore, qui vivait à l'époque de l'Empereur Arcadius (+408) et de l'archevêque Théophile d'Alexandrie (+408).

Nos computistes étaient intimement persuadés de l'absolue exactitude du cycle lunaire des 19 ans, sur le long terme. Ainsi pouvait-il penser que, s'il se plaçaient à la première année du cycle des 19 ans qui leur étaient contemporain, la date de la création du monde était inévitablement placée en la première année du premier cycle des 19 ans, à l'aube de l'Histoire du Cosmos.
En d'autres termes, on pourrait, suivant cette méthode, remonter jusqu'à la date la création du monde, par révolutions cycliques de 19 ans, à partir d'une première année du cycle lunaire contemporain.

D'autre part, si l'on combine le cycle solaire de 28 ans avec le cycle lunaire de 19 ans, on obtient un cycle de 532 ans, où se retrouvent identiquement le jour de la semaine et le quantième mensuel.

Si l'on prend 11 cycles de 532 ans, nous obtenons 5852 années. L'an 5852 est la dernière année du onzième cycle de 532 ans. La première année du cycle suivant se situe donc en 5853.

Nous venons de voir ci-dessus que l'ère d'Africanus avance d'un an sur son cycle : 5853 est la fin d'un cycle ; 5854 est le début du cycle qui suit. 5854 correspond à l'an 353 de l'ère dionysienne.

Voir en bas à gauche, sur le tableau « Panorama chronologique de la Réforme de Constantinople », ci-dessous, au paragraphe 3 du chapitre 7.

Lors de la Réforme de Constantinople, en 353, on a remonté de 8 ans le comput, recalculant par la même occasion, les années depuis la création du monde. Pour assurer la continuité du décompte des années depuis la création du monde, il convient donc d'ajouter 8 ans à notre date dionysienne : 353 + 8 = 361. 361 est l'« année-sœur » de la première année du cycle lunaire, à l'aube des temps.

Comme nous l'avons déjà vu à plusieurs reprises dans notre Tableau général, la première année du cycle équivaut à la deuxième année de la création. Celle-ci est précédée de l'année pré-cyclique, la première année de la création, dont «l'année-sœur» est 360. Cette année 360 devient pour nous la borne qui nous permet d'explorer les dates des jours fondateurs de la Genèse.

Nous voyons ci-dessous que l'année 360 est la dernière année du cycle des 532 ans, la dernière année du cycle solaire de 28 ans et la dernière année du cycle lunaire de 19 ans.

L'année 361 sera donc l'année qui commence l'ouverture du prochain cycle lunaire, correspondant à la « deuxième année de la création », si l'on franchit un certain nombre de cycles de 19 ans... L'année 360, quant à elle, correspond de la même manière à l'année pré-cyclique, « première année de la création ».

cycle de Panodore

L'année 360, dans notre tableau, est la dix-neuvième année dans le cycle lunaire de la Réforme d'Alexandrie, avec une épacte 18. Rappelons-nous le fait que l'épacte est l'âge de la Lune, lorsqu'elle entre dans l'année suivante. Le siège pascal de l'année 360, le XIV lunae, se situe donc au 17 avril.

Si l'on se reporte à l'année pré-cyclique, « première année de la création », cette date du 17 avril est liée au « saut de la Lune » de cet année pré-cyclique. Comme la première année de la création ne peut comporter de staltus lunae, le siège pascal est anticipé d'un jour, et se situe au 16 avril.

Ce « recul d'un quantième » se voit graphiquement dans le Tableau Général ci-dessous, dans la partie supérieure droite du Tableau.

Dans le graphique du cycle d'Anatole de Laodicée, au Chapitre IV, nous voyons que le 14 Nisan de l'année pré-cyclique tombe le 17 Mars. Si l'on ajoute au 17 Mars le mois lunaire de 29 jours (les 14 jours restants de Mars, plus 15 jours en Avril), nous voyons que la pleine lune pascale (14 Nisan / XIV lunae) de la première année du monde tombe le 15 Avril. Nous avons donc un décalage d'un quantième entre le 15 avril du cycle d'Anatole de Laodicée, et le 16 Avril du cycle de Panodore. Il suffit d'ajouter un jour à un cycle pour avoir des résultats pertinents pour l'autre cycle.

- Dans le cycle d'Anatole de Laodicée, le 14 Nisan de la Création tombe le 17 Mars.
- Dans le cycle de Panodore, le 14 Nisan de la Création tombera donc le 18 Mars.

En l'an 360, le 18 Mars est un samedi.
Grâce au cycle des 532 ans, nous pouvons affirmer que le 18 Mars de l'année de la création est également un samedi.
Le dimanche, premier jour de la création, tombe donc le 19 Mars.
Le mercredi, quatrième jour de la création - jour de la création des luminaires - est donc le 22 mars. En cette date, la lune est dans son 18ème jour, comme nous le voyons dans le graphique du cycle d'Anatole.
L'ère du monde de Panodore est le 19 Mars 5493 avant J.C. En effet, 5854 correspondant à l'an 353 de l'ère dionysienne, et l'ensemble ayant été reculé de huit ans, cela nous donne : 5854 - 353 - 8 = 5493.

L'année de l'Incarnation est donc, pour Panodore, l'an 5494 de sont ère. Panodore ne parvient pas au nombre mystique de 5500.

L'ère de Panodore est en réalité une habile utilisation du cycle d'Anatole de Laodicée - avec l'année pré-cyclique qui la caractérise - dans le système produit par la Réforme d'Alexandrie.

La création et la résurrection du Christ, en leurs rapports avec l'ère de Panodore :

À l'époque, la validité d'un comput se vérifiait par la confluence entre le symbolisme des dates fournies pour les événements créateurs de la Genèse - et les dates que l'on estimait être appropriées, pour la passion et la résurrection du Christ. Voyons ce qu'il en est pour l'ère de Panodore :

Georges le Syncelle nous dit que Panodore fixe le jour de la résurrection du Christ le 20 mars (24 Phamenoth) 5525.
L'année désignée par Panodore est l'année 34 de notre ère - le Christ ayant 33 ans accomplis.
Ère du monde de Panodore : 5493 + 33 = 5526 avec soustraction d'une unité, vu l'absence d'une année « nulle » dans le comput : 5525.

Georges le Syncelle nous dit également que Panodore fixe le jour du XIV lunae de cette année 34, au 20 mars, qui est un samedi.
Le jour précédent, le vendredi, est le 19 mars, jour de la Passion du Christ, le XIII lunae. Par là-même, on rejoint le premier jour de la création...

Ainsi donc, le système de Panodore s'écarte des 5500 ans souhaités pour la date de l'Incarnation du Christ.
D'autre part, la passion du Christ est placée le XIII lunae, avant l'équinoxe du 21 mars.
Ce sont des irrégularités qui rendaient le système de Panodore difficilement recevable.

Pour traduire une année de l'ère alexandrine selon Panodore en année dionysienne, il faut, du 19 mars ou plus probablement du 21, à cause de l'équinoxe, jusqu'au 31 décembre, retrancher 5493, et du Ier janvier jusqu'au 18 ou 20 mars, retrancher 5492 (V. Grumel. Ibid. p. 97.


4) L'ère du monde d'Annnanios :

Le défi est donc de situer :
- l'Incarnation du Christ au début de l'an 5501 de l'ère de la création (ère mondiale) du cycle lunaire d'Alexandrie,
- et, idéalement, la Passion du Christ, un vendredi, au plus près du XIV lunae - de la pleine lune équinoxiale.

Georges le Syncelle nous transmet les résultats des réflexions du chronographe nommé Annianos, qui était son contemporain.

En 42 de notre Ère (5535 de l'ère de Panodore), la pleine lune équinoxiale tombait le jeudi 22 mars.
Avec la Naissance du Christ située dans ce comput en l'an 9 de notre Ère, le vendredi 23 mars 42 convenait très bien pour le jour de la Passion, et le 25 mars, pour la résurrection.

Le 23 mars, date de la Passion, et le 25 mars, date de la résurrection, sont les mêmes que celles qui sont prescrites par le comput d'Africanus, et qui furent conservées par la Réforme de Constantinople.


Dans le Tableau de l'ère de Panodore (dans la section précédente), l'année 360, soulignée en rouge, est l'année pré-cyclique.
L'année 361 est la première année du cycle lunaire de 19 ans.

Si l'on ajoute deux cycles de 19 ans, cela nous mène à (361 + 38) = l'an 399, qui est la première année d'un nouveau cycle de 19 ans, comme on peut le constater dans le tableau ci-contre.

Nous voyons aussi que la première année du cycle lunaire de la Réforme d'Alexandrie tombe à la neuvième année du cycle lunaire d'Anatole de Laodicée.

L'ère du monde de Panodore est 5493 avant J.C.

L'an 42 de notre Ère est de 5535 dans le cycle de Panodore.

Annanios recule d'un an son Ère, comme on le voit dans le tableau ci-contre.

Cela rajoute une année dans l'Ère, et permet d'obtenir 33 ans pour la vie du Christ, selon la chronologie longue, avec une Incarnation en 5501 (5501 + 33 + 1 = 5535).

Avec cet ajustement, Annanios obtient un remarquable ensemble de correspondances :

la création, l'Incarnation et la Résurrection du Christ se produisant toutes les trois, le 25 mars.


L'Ère alexandrine comporte le compte des années, à partir du 25 Mars. C'est un important élément de ce comput.

La Naissance du Christ - Soleil de Justice - se situant à l'an 9 de notre Ère - en 5501 depuis la création - est un mercredi, jour de la création de l'astre solaire.

Il existe pourtant un inconvénient, mais il est mineur : lors de la création des astres, le mercredi 28 mars, la Lune n'est encore qu'à son sixième jour, dépendant d'une néoménie pré-cyclique située le 23 Mars. La Lune est loin d'être pleine, lors de sa création !

Les difficultés de l'Ère d'Annianos :

En 42 de notre Ère, la pleine lune équinoxiale se situant le jeudi 22 mars - le vendredi 23 mars, jour de la Passion, tombait le XV Lunae, un jour après l'équinoxe. C'était quelque peu problématique :

La chronologie chrétienne de l'ère d'Annianos avait un point faible qui pouvait donner prise à la critique. C'était la fixation de la Passion du Christ au XV lunae. Il dut y avoir des contradicteurs. Pour leur fermer la bouche, on s'abrita derrière une grande autorité. On voit, en effet, un texte attribué à Eusèbe, mais qui n'est évidemment pas de lui, où il est dit que « le Christ, ayant mangé la Pâque ombratique (de l'Ancienne Loi) et institué la vraie Pâque au cinquième jour de la semaine (jeudi), qui était le XIV lunae, 22 mars, indiction 15, fut livré la même nuit qui conduisait au 23 du même mois, et ayant été crucifié ce même jour, ressuscita le 25, un dimanche ».

Mais cela ne suffit pas. Devant de nouvelles attaques, on se crut obligé de sacrifier le XV lunae pour la Passion qu'on transporta au XIV lunae, date qu'on justifia par le même procédé. Un texte, en effet, attribué ici à Eusèbe (Chronikon Pascale Selecta ad illustrationem Chronici Paschalis, n. V. l'Indiction 15 indique que l'année envue était 5534 de l'Ère alexandrine - 42 de notre Ère), attribué là à Sévère (Sevèrou ek tôn chronikôn ici, l'année 5534 est expressément indiquée) place la mort du Christ au XIV lunae, 23 mars. Georges le Syncelle lui-même accepta cette nouvelle date.

Sans nul doute, un tel changement fut le résultat de vives discussions qu'on ne fera pas difficulté de placer à l'époque où un courant d'opinion voulait ramener la chronologie du Christ à sa véritable échelle historique, à savoir l'époque où l'auteur du Chronicon Paschale en appelait aux plus anciennes autorités pour établir que le Christ a souffert la Passion le jour même de la Pâque juive au XIV lunae.

Impressionnés, les Alexandrins, certains du moins, n'hésitèrent pas à jeter du lest pour sauver l'ensemble du système. Ils transportèrent donc le XIV lunae du jeudi 22 mars au vendredi 23. Mais comment s'arrangèrent-ils avec leur table pascale ? Mystère ! Peut-être mirent-ils le calcul au compte des Juifs contemporains du Christ. Ou simplement ne donnèrent-ils aucune explication.

V Grumel. Ibid. p. 94.

La réception de l'Ère d'Annianos :

L'Ère d'Annanios s'agrégea au Cycle d'Alexandrie, qui fut officiellement adopté par l'Empereur Théodose Ier (380 - 395).

Pour traduire en année dionysienne une année de l'ère alexandrine selon Annianos, c'est-à-dire, de l'ère désignée communément de ce nom, il faut, du 25 mars au 31 décembre, retrancher 5492, et du Ier janvier au 24 mars, retrancher 5491. (V. Grumel. Ibid. p. 97.


- CHAPITRE VI -
La Réforme de Constantinople.


1) L'origine historique de la Réforme de Constantinople :

Dans le comput d'Anatole de Laodicée, 5 cycles de 19 ans formaient un grand cycle de 95 ans. Le comput commençait en l'an 258, pour finir, après ce vaste cycle, en l'an 353.

Lors de la dernière année de ce grand cycle de 95 ans, en 352, on en était à la fin du onzième cycle de 532 ans (28 x 19), depuis la date de la création du monde.

C'était donc le moment favorable, pour refondre la méthode de calcul de la date pascale.

Les auteurs byzantins ne nous donnent aucun renseignement sur ce qui se fit alors. Ce sont les historiens arméniens (Jean Diacre, un anonyme, Guiragos, Etienne Orbélian, Mékhitar d'Aïrivank et Jacques de Crimée) qui suppléent ici au silence des sources grecques.

Ils nous apprennent qu'un savant du nom d'André, « frère de l'évêque Magnus », composa, sur l'ordre de l'Empereur Constance, une table pascale bicentenaire, qu'elle avait débuté par une Pâque (XIV lunae - Nisan) du 4 avril et qu'elle prit fin « en l'an 553 ».

La détermination de la fête de Pâques était au IVe siècle une chose assez importante pour qu'on ne s'étonne pas de l'intervention impériale mentionnée par les auteurs arméniens.

L'Empereur Constance était Arien, peu disposé donc à favoriser l'influence de l'Église d'Alexandrie, l'Église d'Athanase, influence dont la fixation annuelle de la fête de Pâques était une des manifestations les plus voyantes.

Quant à André, frère de l'évêque Magnus, il n'est pas inconnu d'ailleurs, s'il l'est des auteurs grecs.
Élie de Nisibe, qui le dit aussi « frère de Magnus », le cite comme une autorité à côté d'Eusèbe et d'Anatole. Il situe l'époque de son activité en ces termes : « Depuis le temps de l'apparition du Seigneur jusqu'à celui où André fit sa Chronique, il y a plus de trois cents ans ». Il précise que le calcul de cette Chronique plaçait alors l'équinoxe vernal au 21 mars. Il nous signale aussi un autre ouvrage d'André, De azymis, qui, à en juger par les citations qu'il en fait, était dirigé contre les Juifs et traitait de la célébration de la Pâque après l'équinoxe.

Cet André fait donc figure de spécialiste dans la science du comput, et l'on ne peut donc être surpris de le voir choisi pour établir une table pascale. Quant au fait lui-même, l'élaboration de la table de 200 ans, il est impossible de le mettre en doute, car il s'agit pour les auteurs arméniens d'un événement lié aux origines mêmes de leur ère nationale.

Les auteurs arméniens, avons-nous dit, placent la fin du cycle bicentenaire d'André « en 553 ». Cette année est exprimée dans l'ère chrétienne arménienne. Selon les auteurs qui l'emploient, celle-ci est en avance d'un an ou deux, sur l'ère dionysienne. Dans le cas présent, il est facile de savoir quelle est la date envisagée. Il suffit pour cela de remarquer quelle était chez nos informateurs le XIV lunae pascal de l'année où commença le canon bicentenaire d'André. Or, cette Pâque est celle du 4 avril. Si l'on nous dit que le canon est arrivé à terme en 553 (date arménienne), il faut entendre 552 de l'ère dionysienne, puisque deux siècles plus tôt, c'est l'an 353 que nous offre le siège pascal du 4 avril. L'année 353 est donc celle où se fit la réforme.

V. Grumel, La Chronologie Traité d'études byzantines, tome I, P.U.F. 1958. p. 44 - 45.

Dans l'Étude « Les Nombres de la Lune », au chapitre I : « Le cycle de Méton », paragraphe 4 : « La construction du cycle de Méton » (in fine), nous avons présenté sous forme de tableau l'ensemble du cycle de 19 ans - avec en abscisse, l'écoulement des années du cycle, et en ordonnée, les quantièmes des jours de mars et avril, où surviennent les pleines lunes pascales.

Pour cela, nous avons utilisé trois types de PÉRIODES LUNAIRES :

- la période « A », plus courte de 11 jours que l'année solaire, est constituée de 6 mois de 29 jours, ainsi que de 6 mois de 30 jours ;
- la période « B », plus longue de 19 jours que l'année solaire, est constituée de 6 mois de 29 jours, ainsi que de 7 mois de 30 jours ;
- la période « C », longue de 12 jours.

Nous allons utiliser exactement le même processus, pour présenter de façon graphique la transition entre le cycle pascal d'Apollinaire de Laodicée, et le cycle pascal qui est le fruit de la réforme de Constantinople.


2) Tableau général de la Réforme de Constantinople :

La Réforme de Constantinople.

Consultons le tableau qui figure au Chapitre V : « La Réforme d'Alexandrie ».

Sur la partie gauche du tableau, à la troisième colonne de celle-ci, nous avons la date des pleines lunes pascales, pendant les XIX années du cycle d'Anatole de Laodicée.

1) Lors de la première année du cycle, nous constatons que la date de la pleine lune pascale (14 Nisan) est le 4 avril ; c'est ce qui figure dans le tableau ci-dessus, en la colonne de la première année.

À l'extrême gauche du tableau, nous avons, marqué d'une astérisque (en vert), l'année précyclique du comput d'Anatole de Laodicée.

Consultons le tableau du comput d'Anatole, qui figure au chapitre IV.

Dix-neuf jours avant la lunaison pascale de la première année du monde, se trouve la pleine lune pascale proleptique, que nous trouvons signalée en « C », à la date du 17 mars.

Cette pleine lune d'avant la création est précédée d'une néoménie prolectique - ou nouvelle lune fictive, mais nécessaire pour l'établissement des calculs, située au 4 mars - signalée en « E » dans le Tableau du comput d'Anatole.

2) Lors de la deuxième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 24 mars, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

3) Lors de la troisième année, la Lune pascale remonte de 19 jours, et se positionne le 12 avril, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « B ».

4) Lors de la quatrième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 1er avril, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

5) Lors de la cinquième année, si la lune pascale reculait de 11 jours, elle se positionnerait le 21 mars, ce qui est impossible, car cette date est antérieure à l'équinoxe. Il faut donc remonter de 19 jours, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « B » - ce qui place la pleine lune pascale au 20 avril.

6) Lors de la sixième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 9 avril, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

7) Lors de la septième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 29 mars, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

8) Lors de la huitième année, si la lune pascale reculait de 11 jours, elle se positionnerait le 18 mars, ce qui est impossible, car cette date est antérieure à l'équinoxe. Il faut donc remonter de 19 jours, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « B » - ce qui place la pleine lune pascale au 17 avril.

9) Lors de la neuvième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 6 avril, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

10) Lors de la dixième année, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 26 mars, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

11) Lors de la onzième année, si la lune pascale reculait de 11 jours, elle se positionnerait le 15 mars, ce qui est impossible, car cette date est antérieure à l'équinoxe. Il faut donc remonter de 19 jours, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « B » - ce qui place la pleine lune pascale au 14 avril.

Nous retrouvons chacune de ces lunaisons dans la partie gauche (troisième colonne) du tableau qui figure au Chapitre V : «La Réforme d'Alexandrie».

La douzième année du cycle d'Anatole de Laodicée est l'an 353, année où se fit la Réforme de Constantinople.

Normalement, la dernière année du cycle de dix-neuf ans du comput d'Anatole de Laodicée comporte un staltus lunae qui fait reculer de 12 jours la date de la pleine lune pascale de cette année conclusive, afin de se retrouver à la même date que la date initiale du cycle.
C'est ce que nous voyons en la colonne de la dix-neuvième année, marquée d'une astérisque bleue entourée d'un cercle.

Or, ce staltus lunae ne saurait exister - car ici, il ne s'agit aucunement de la fin du cycle du comput d'Anatole de Laodicée, mais bien de l'année précyclique du nouveau cycle inauguré par la Réforme de Constantinople.


3) Comment se raccorde le comput d'Anatole de Laodicée, en sa onzième année du cycle,
avec le nouveau comput issu de la Réforme de Constantinople ?

Le cycle nouveau commençant la 12ème année de celui d'Anatole, comporte avec celui-ci une différence de 8 ou de onze ans, c'est-à-dire 8 ans plus haut, ou 11 ans plus bas. Il est naturel qu'on ait pris la différence la plus faible ; cela s'imposait pour ne point trop s'éloigner du nombre mystique de 5500, date idéale de l'avènement du Christ. L'ère avec le cycle, fut REMONTÉE de huit ans. Le cycle d'Anatole devait recommencer en 353. Le début du nouveau cycle fut en (353 - 8) 345.

V. Grumel, Ibid. p. 45 - 46.

Cela est exprimé par la rangée horizontale de chiffres, située tout en bas du tableau, de couleur verte à gauche, rouge à droite - de part et d'autre du carré qui signale l'année 353.

Cette SUPPRESSION de 8 années s'exprime dans le graphique, par une flèche verte dirigée vers la droite, en haut à droite du tableau. Même si cette flèche semble suivre la ligne du temps, il s'agit en réalité d'un RECUL de huit ans, aboutissant en l'année 345, la « première année de la création »

La dix-neuvième année du cycle, dans le tableau, est en réalité l'année précyclique du comput de Constantinople (à l'extrême droite du tableau, verticalement). L'année 345 est la « première année de la création », tandis que l'année 346 est la « deuxième année de la création » et la « première année du cycle ».

La pleine lune pascale de la 11ème année du cycle Anatole de Laodicée tombait le 14 avril.

Au Chapitre V, lors de notre exposition du système d'Anatole de Laodicée - parmi les explications de V. Grumel - nous avons appris que :
« En même temps que la lune, le soleil commence son cycle d'épactes par l'épacte 1 (52 semaines de 7 jours donnent 364 jours, ce qui fait que l'année nouvelle retarde d'un jour de la semaine par rapport à l'année précédente ».
Nous constatons donc que la pleine lune pascale du 14 avril, à la 11ème année du cycle d'Anatole, se situe au 13 avril - un jour auparavant - lors de la première année de la création, selon le comput adopté par la Réforme de Constantinople ((en haut à droite du graphique - en rouge).) Par ailleurs, bien sûr, les dates des pleines lunes pascales des 10 années antérieures, du cycle d'Anatole, sont conservées.

Lors de la deuxième année de la création et première année du cycle, la lune pascale recule de 11 jours et se produit le 2 avril, suite à l'utilisation d'une période lunaire de type « A ».

Cette pleine lune pascale du 2 avril provient d'une néoménie (nouvelle lune et début du mois lunaire) qui s'est produite 14 jours avant, c'est-à-dire le 20 mars (à l'extrême droite du tableau, en bas, de couleur bleue).

Et voilà comment, par le processus même de la Réforme, la néoménie qui ouvre le cycle est non pas à l'équinoxe même, le 21 mars, mais au 20 mars, amenant la première date pascale du cycle au 2 avril.

V. Grumel, Ibid. p. 46.

Nous avons appris, au chapitre IV, à distinguer entre cycle kata thesin et cycle kata phusin. Rappelons en quoi consiste cette différence :

- Le cycle kata thesin est celui qui débute par la première année du monde, celle qui est sans épacte.
- Le cycle kata phusin est le cycle lunaire : la première année de ce cycle est celle où commencent les épactes.

La première année kata phusin est la première année avec épacte : elle est donc la première année du cycle lunaire des dix-neuf ans (circulus lunae). Dans notre tableau, elle est identifiée comme « première année de la création ». Celle-ci est à la base de l'ère byzantine.

La première année kata thesin est pré-cyclique. Elle est donc la dernière année du cycle lunaires de dix-neuf ans qui précède. Elle est identifiée par une astérisque entourée d'un cercle (en bleu), en haut à droite de notre tableau.


4) Le fonctionnement du cycle réformé de Constantinople :

cycle réformé de Constantinople

La pleine lune pascale de la première année de la création, en 345, se produit le 13 avril (K).

Nous comptons un recul d'un mois lunaire de 29 jours - ce qui donne, pour la lunaison précédente, qui est précyclique, le 15 mars(L), en l'an 344. En cette année, ce jour (d'avant la création) est un jeudi.

Trois jours après, c'est le dimanche 18, jour de la création (M), qui inaugure la première année du monde, et le début du cycle annuel solaire.

Le mercredi suivant, le 21 mars, est le jour de l'équinoxe (N). Ce mercredi est le jour de la création des Luminaires - quatrième jour de la création. La Lune est créée en son vingtième jour, dans son troisième quartier.

À partir de ce vingtième jour lunaire, si nous reculons de 19 jours, nous tombons sur la nouvelle lune, le 20 mars (O). Cette néoménie est concrètement celle de l'équinoxe, car celle du 21 mars ne trouve pas sa place dans le cycle.

Cette néoménie conduit à la pleine lune pascale du 2 avril (P), qui est la première du cycle réformé de Constantinople, en 346. Celle-ci apparaît à l'extrême droite du Tableau général.

La néoménie du 20 mars, avec la pleine lune pascale au 2 avril, se situe en la première année du cycle (voir Tableau général).
Lors de la dix-neuvième et dernière année du cycle, la néoménie est placés au 1er avril, et la pleine lune pascale tombe le 14 avril (R).

À la fin de cette dix-neuvième année, se produit le saut de la lune (staltus lunae), qui recule de 12 jours, fixant la néoménie au 20 mars, et la pleine lune pascale au 2 avril, lors de la première année du cycle suivant. Ceci qui explique pourquoi la néoménie du 20 mars ne trouve pas sa place au début du cycle.

Il est utile de de remarquer que la lune en son vingtième jour - située au 20 mars - et la néoménie correspondante du 2 mars (Q), est propre à l'année précyclique. Dans l'année concrètement existante - qui est la dix-neuvième du cycle - au 21 mars, la lune est à son 21ème jour, provenant d'une néoménie située au 1er mars (S).


5) La création et la résurrection du Christ, en leurs rapports avec le cycle réformé de Constantinople :

- Selon le cycle réformé de Constantinople, la lune est créée le mercredi 21 mars.
La création de l'être humain se produit le vendredi 23 mars. Le 25 mars est un dimanche.

- Dans la chronologie d'Anatole de Laodicée, le vendredi 23 mars est identifié au jour de la passion du Christ.
Le dimanche 25 mars est identifié à la résurrection du Christ.
L'être humain, créé le vendredi 23 mars, est racheté le vendredi 23 mars.
Le fait que le 25 mars soit un dimanche dans le comput de Constantinople rappelle le jour de la résurrection, dans la chronologie d'Anatole.


6) Le déplacement de la première année du cycle réformé de Constantinople :

Dans l'extrémité supérieure droite du Tableau général, nous observons un décalage entre la «première année du cycle», et la « première année de la création ». La « première année de la création » est antérieure d'une unité du cycle lunaire, par rapport à la « première année du cycle ».

Le cycle d'Anatole distinguait entre la « première année du monde » partiellement pré-cyclique, et l'année qui la suivait, qui était la « première année du cycle » - elle-même étant la « deuxième année du monde » (voir le Tableau au chapitre IV).

Dans le cycle réformé de Constantinople, il existe un décalage entre l'année kata thesin, qui est pré-cyclique (représentée par une astérisque entourée d'un cercle, en bleu, en haut à droite du Tableau général) - et l'année kata phusin, qui est la première année avec épacte, la première année de la création.

Le décalage d'une unité des « années du cycle », par rapport aux « années de la création », est un réel inconvénient. Car pour situer une « année du cycle », il faut diviser l'année du monde 19 afin de trouver le reste, et à ce reste, retrancher une unité. Ainsi, l'on connaît l'année en cours du cycle lunaire.

Cet inconvénient n'existe pas dans le cycle alexandrin. Comme celui-ci prend son départ en la première année du règne de Dioclétien, il suffit de diviser le millésime de cette ère de Dioclétien par 19, pour parvenir à connaître immédiatement l'année en cours du cycle alexandrin.

Les auteurs du cycle de Constantinople voulurent profiter de cete simplification des calculs, et remontèrent d'une unité de la « première année du cycle », afin de la faire coïncider avec la « première année de la création », celle qui est sans épacte. Par suite, le «saut de la Lune» (staltus lunae) se trouve remonté d'une année.

Avec cette remontée d'une année, le cycle réformé de Constantinople vient rejoindre le comput alexandrin, en la troisième année de ce dernier, avec une pleine lune pascale située au 13 avril (voir le tableau du chapitre V - colonne d'extrême droite, partie inférieure, année III). En fait, il ne reste plus que deux années du cycle où le siège de la lune pascale diffère de celui d'Alexandrie, avec une pleine lune pascale tombant respectivement le 5 avril et le 25 mai.

Nous voyons tout ceci dans le tableau ci-contre : la situation initiale, avec décalage, figure dans la partie gauche du tableau ; la situation corrigée, avec la remontée d'une année, figure dans les trois colonnes de la partie gauche de ce tableau.

Dans la première colonne, à gauche du tableau, nous avons le cycle des dix-neuf ans.
À chacune de ces années, correspond l'épacte et la pleine lune pascale.

Nous retrouvons ces dates de la pleine lune pascale dans notre Tableau général, de la première à la onzième année du cycle des dix-neuf ans.

Ici, dans ce tableau, il s'agit en réalité de la dixième à la dix-neuvième année, à cause du saut de huit ans qu'a nécessité la réunion de la fin du cycle d'Anatole, au début du cycle réformé de Constantinople.

Nous voyons en effet, qu'après la dix-neuvième année du cycle d'Anatole, commence la première année du cycle réformé de Constantinople, avec une pleine lune pascale située au 13 avril (en la « première année de la création ») - et la pleine lune pascale de l'année suivante (en la « deuxième année de la création »), situé le 2 avril.

Nous remarquons la présence de ces deux dates de la pleine lune pascale, dans notre Tableau général, en les deux dernières colonnes à l'extrémité droite de celui-ci.

La remontée d'une année du cycle apportait une harmonie entre les différents éléments du comput : en tête de chaque cycle, les jours de la Lune et le jour du mois de mars, le mois de l'équinoxe les mois lunaire et solaires commencent le 1er mars. Le cycle, avec une année initiale anticipée, entra en vigueur dès 353 - la neuvième année kata phusin, la dixième année kata thesin, avec une fête de Pâques tombant le 4 avril.


- CHAPITRE VII -
Le Trochos IV du Chronikon Paschale.


1) Un document de première importance :

Le Chronikon Paschale est une chronique byzantine de l'Histoire du Monde, rédigée au VIIe siècle. Son nom vient du fait qu'elle utilise un système de chronologie fondé sur le cycle pascal. Son titre est : Résumé des époques depuis Adam le premier homme jusqu'à la vingtième année du règne du très-Auguste Héraclius. Pour les années qui vont de 600 à 627 (fin du règne de Maurice Ier, règne de Phocas et 17 premières années d'Héraclius) l'auteur relate des faits dont il a été contemporain.

Comme tous les chroniqueurs byzantins, l'auteur de cet ouvrage populaire rapporte des anecdotes, donne une description physique des principaux personnages, et même parfois des portraits détaillés, note les événements extraordinaires comme les séismes et l'apparition de comètes, en adoptant le point de vue de l'histoire ecclésiastique accordée au plan chronologique de la Bible.

Le langage employé est une langue populaire, sans raffinements littéraires. Le principal manuscrit qui nous transmet cette chronique est le Codex Vaticanus Graecus 1941 du Xe siècle. Il lui manque le début et la fin, car le texte conservé s'arrête avant l'année 627. Il comprend une introduction relative à la chronologie chrétienne et au calcul du cycle pascal. Il adopte une ère dite « byzantine » ou « romaine » commençant le jour de la création du monde, le 21 mars 5507 av. J.-C.

L'auteur fut contemporain de l'Empereur Héraclius (610-641), sans doute un clerc de la suite du patriarche œcuménique Serge.

Nous nous intéresserons au Trochos IV du Chronikon Paschale.

Celui-ci donne le cycle lunaire de 19 ans avec les Épactes, avec les dates des pleines lunes pascales (XIV lunae).

Ces dates sont données suivant le calendrier romain (en vert) - avec les dates correspondantes des calendriers syrien (en noir) et alexandrin (en bleu).

Les dates de notre ère (dionysienne - en rouge) ont été ajoutées au document d'origine, où figurent les années de Dioclétien (en vert) :

Trochos IV

2) L'ancienneté du document :

Toutes les formes chronologiques du document en proclament la haute antiquité. Il est absolument vain de penser qu'un computiste postérieur, voulant instruire ses contemporains, ait pu songer à prendre son compte aussi haut (la soixantième année de Dioclétien).

Et que pouvaient lui faire - et les années de Dioclétien - et les dates en calendrier égyptien - et même en calendrier romain ? Pour parler de ce dernier, on peut être assuré que c'est lui le calendrier fondamental, les autres n'étant que pour les concordances. On voit en effet que la notice met en tête les Romains kata Rômaious. De plus, dans le Trochos lui-même, le calendrier romain est seul placé dans le même cercle que l'indication de l'année et des épactes ; un autre cercle contenant ensemble les dates syriennes et égyptiennes.

Une autre raison de haute antiquité se trouve dans la préoccupation d'opposer un cycle parfaitement exact de 19 ans aux autres cycles imparfaits de 8, de 15, de 16 ou de 17 ans. On peut dire qu'à partir du cinquième siècle, et même à partir de Théodose Ier, qui adopta officiellement la table centenaire de Théophile d'Alexandrie, ces cycles étaient hors de jeu - et celui de 19 ans, le seul employé en Orient. Le rappel des cycles périmés n'aurait eu plus tard aucun sens.

Tout nous ramène donc à l'époque décrite dans le tableau.

V. Grumel. Ibid. p. 82.

Dans le médaillon, se trouve la référence au consulat de Léontius et Sallustius. L'année 5852 de la création du monde a pris fin sous l'administration de ces consuls. Il faut enlever 5508 ans à ce chiffre, ce qui nous donne l'an 344 de notre ère.

L'auteur nous dit que « la présente série de 19 ans » a pris son commencement en la 59ème année de Dioclétien. Or celui-ci a commencé son règne en l'an 284 - ce qui nous donne l'an 343 de notre ère.

La période concernée commence ainsi avec l'équinoxe 343, pour s'achever juste avant l'équinoxe de 344. Ensuite commence l'année 5853 de la création du monde.

Lors de la transition du comput d'Anatole de Laodicée vers le cycle réformé de Constantinople, le cycle lunaire de 19 ans (kata phusin, signalé par une astérisque entourée d'un cercle bleu, en haut à droite de notre Tableau général), a été remonté de 8 ans, pour passer de l'an 353 à 345, comme nous l'avons expliqué plus haut (si l'on s'exprime en « année de la création du monde », il s'agit de passer de l'an 5854 à l'an an 5846).

Nous avons vu également que la réforme de Constantinople s'est accompagné d'une opération complémentaire : la remontée d'une année de la première année du cycle. En termes techniques, il s'agit de passer de l'année kata phusin à l'année kata thesin, identifiée dans notre Tableau comme étant la « première année de la création » - la première année avec épacte. C'est ainsi que l'année 345 devient l'année 344.

Nous pouvons constater que le présent document est un précieux témoin de la transition du cycle d'Anatole de Laodicée au cycle réformé de Constantinople, avec la remontée supplémentaire d'une année, qui a accompagné ce changement calendaire.

Ainsi donc, tout dans ce Trochos porte la marque de l'époque où la notice intérieure le fixe, qui est l'époque même de la réforme.

Tout convient et tout s'explique dans ce cadre :
- les dates en calendrier romain, qui s'imposaient du fait que la réforme était une affaire officielle, ordonnée par l'Empereur ;
- les années de Dioctétien, à cause de l'existence d'un cycle décemnovennal, qui portait cette numération continue et avec lequel il importait de marquer les correspondances, pour qu'il n'y eût point de désaccord sur les dates pascales ;
- la transcription en mois syriens et alexandrins, pour les populations à qui le calendrier romain plus compliqué n'était pas familier ;
- et enfin la préoccupation d'affirmer l'excellence du cycle de 19 ans sur les autres qui pouvaient encore, vers le milieu du IVe siècle, prétendre lui faire concurrence.

V. Grumel. Ibid. p. 83.


3) Panorama chronologique de la Réforme de Constantinople :


Comme nous le savons, le cycle d'Anatole de Laodicée fut réformé en 353. Nous voyons dans le tableau ci-contre, que cette réforme fit « remonter » le cycle pour une période de huit ans, ce qui replace son début en l'an 345. Il s'agit du cycle « kata phusin ».

Dans le premier état du système de la Réforme de Constantinople, la première année du cycle commençait en la deuxième année de la création. On décida de « remonter » d'un an le cycle lui-même, afin d'harmoniser l'ère de la création et le cycle. On obtient ainsi le cycle « kata thesin », dont la première année commence en 344.


Si l'on traduit tout cela en datation de la création, la dernière année du cycle lunaire anatolien était l'année depuis la création 5853 (352).

La première année du cycle lunaire suivant devait être 5854 (marqué d'une astérisque - 353 de l'ère dionysienne). On recula de neuf ans jusqu'en 5845 (344), suivant la datation anatolienne.

Désormais, il s'agit de la date depuis la création 5853, la première année de la création, selon le cycle qui est le fruit de la réforme de Constantinople.

L'année précédente était l'année 5852, la dix-neuvième année du cycle précédent « kata thesin ». Toute la chronologie précédente étant désormais recalculée, suivant ce même principe.

La date de la création 5853 correspond à l'an 344 dans le comput dionysien. La « date de la création du monde » est donc 5509 avant notre ère (5853 - 344). Il s'agit de l'ère du monde issue de la réforme de Constantinople.


- CHAPITRE VIII -
Les modifications calendaires sous le règne de Justinien (règne : 527 - 565).


1) Quelques éléments dont il est bon de se rappeler :

Chaque système calendaire nous présente le cycle de dix-neuf ans, dit « de Méton ». Ce cycle se succède à lui-même, est présente, à chaque année, la même situation des phases lunaires.

Chaque système calendaire assortit au « cycle de Méton » les dates de la pleine lune équinoxiale (XIV lunae - XIV Nisan) pour chaque année de la série des dix-neuf ans.

À partir de la date de la pleine lune équinoxiale d'une année donnée, le cycle solaire nous donnera la date du dimanche suivant, qui n'est autre que la date de la fête de Pâques.

Il existe une « année magique », où recommencent simultanément le cycle pascal de 532 ans, le cycle solaire de 28 ans et le cycle lunaire de 19 ans, événement qui ne se passe qu'une fois tous les 532 ans. Cette année fut l'année 361 de notre Ère, où la numérotation de ces trois cycles égale l'unité.

À partir de ce moment, on peut remonter d'autant de cycles de 532 ans qu'il est nécessaire, pour aboutir à un jour qui est du même quantième, de la même date, et présente la même position lunaire que celle - bien connue - de l'année 361. Ce jour est celui de la création du monde, car ce moment-là est le point de départ des cycles solaires et lunaires.

Si l'on estime que la Lune qui a été créée était nécessairement une pleine lune - un astre parfait - et donc la pleine lune équinoxiale ; sachant que les luminaires ont été créés au quatrième jour de la création ; au départ de la pleine lune équinoxiale de l'année 361, il est possible d'estimer la date de la création du monde.

Connaissant la place de la première pleine lune pascale de la création, il est nécessaire de situer précisément l'emplacement de la date du début du premier cycle lunaire. Pour cela, il faut créer une année fictive, pré-cyclique, qui précède immédiatement l'année de la création. Dans cette échelle de temps, il sera possible de situer la néoménie, c'est-à-dire la nouvelle lune dont dépend la première lune pascale de la création. C'est cette néoménie qui est le point de départ du premier cycle lunaire. C'est ainsi qu'est créée l'année pré-cyclique, qui est une caractéristique du comput d'Anatole de Laodicée.

En partant du fait que le Vendredi Saint se déroula la veille du XIV Nisan (le XIII Lunae), en redescendant l'échelle temporelle à partir du moment de la création, selon la même procédure - non point jusqu'à notre « année magique », mais jusqu'à la date de la Passion du Christ, située le XIII Lunae, il est possible d'en inférer la date de l'Incarnation et de la Résurrection du Seigneur.

On ne manquera pas de souligner le parallélisme existant entre l'incarnation du Christ, Soleil de Justice, et la création des luminaires, à l'aube du Cosmos. Tout cela fonctionne fort bien, jusqu'au moment où il faut modifier le comput, pour l'adapter à la réalité astronomique. À ce moment-là, il est particulièrement compliqué de maintenir les correspondances symboliques. Nous voyons que les Byzantins y sont parvenus, moyennant quelques accommodements…

Nous avons décrit les deux réformes du comput :

- le comput d'Alexandrie. Cette réforme fut mise en oeuvre en 304. Le point de départ du cycle est l'an 284, début du règne de Dioclétien ;

- la Réforme de Constantinople, qui fut mise en oeuvre en 359. Le point de départ du cycle kata thesin est l'an 344 ; le point de départ du cycle kata phusin est l'an 345.


2) Le Colloque d'Aeas :

Au chapitre VI, première section, nous avons appris qu'un savant du nom d'André, « frère de l'évêque Magnus », composa, sur l'ordre de l'Empereur Constance, une Table pascale bicentenaire. Celle-ci débutait par une Pâque (XIV lunae - 14 Nisan) du 4 avril, et se terminait en l'an 552.

Cette table fut supplantée par la Table centenaire de Théophile d'Alexandrie, qui se basait sur le comput alexandrin. Néanmoins, la Table pascale bicentenaire d'André continua d'être utilisée dans les Églises qui vivaient hors de l'Empire byzantin, sous domination perse.

Selon le cycle d'Alexandrie observé dans l'Empire byzantin, les deux premières années du cycle lunaire de 19 ans établissaient la date de la pleine Lune pascale, respectivement au 5 Avril et au 25 Mars.

Selon la Table pascale bicentenaire d'André, établie selon le comput de Constantinople, et observés par les Arméniens, les deux premières années du cycle lunaire de 19 ans établissaient la date de la pleine Lune pascale, respectivement au 6 Avril et au 26 Mars.

Une journée d'écart : cela ne portait pas à conséquence, sauf si cela tombait un samedi. Pour les uns, la pleine Lune pascale tombait un samedi, et la fête de Pâques était célébrée le lendemain dimanche - pour les autres, la pleine lune pascale tombait un dimanche, et la fête de Pâques était dès lors reportée au dimanche suivant, avec une semaine d'écart en ce qui concerne la célébration pascale, pour ceux qui observaient ces deux types de Tables. Cela ne se produisit qu'à deux reprises : en 475, pour le 5/6 Avril, et en 495, pour le 25/26 Mars. Cette journée d'écart provient du staltus lunae, qui se produit au début du cyle des 19 ans.

Après l'échéance de la Table pascale bicentenaire d'André, se produisit, dans l'Église arménienne, une incertitude quant à l'établissement de la date de Pâques.

Les Arméniens, pour sortir du désordre consécutif à l'achèvement de la Table bicentenaire d'André, s'adressèrent à Alexandrie, la métropole des sciences. Le plus considéré de ses savants, Aeas, appela auprès de lui, outre ceux de sa nation, les computistes les plus réputés des pays les plus divers, savoir, Addée de Cappadoce, Phinée de Judée, Jean d'Arabie, Serge de Macédoine, Gabriel de Syrie, Abdiah d'Ethiopie, Euloge des Grecs, Gigas des Romains, d'autres encore ; il y avait en tout 36 personnes.

V. Grumel. Ibid. p. 99.

Une fois parvenus à Constantinople, les Arméniens se trouvaient en présence des protagonistes de deux cycles différents : le cycle d'Alexandrie, et le cycle issu de la réforme de Constantinople. Il fallait d'abord parvenir à un accord.


En fait, les deux cycles n'étaient séparés que par un écart de deux années. Avec un peu de bonne volonté, si chacun des deux cycles acceptait de se déplacer d'une année, l'accord était retrouvé.

C'est bien ce qui fut effectué par le Colloque d'Eas : le cycle d'Alexandrie fut avancé d'une année, et celui de Constantinople également reculé d'une année, en effectuant la manœuvre au niveau du staltus Lunae.

On obtenait ainsi un nouveau cycle officiel qui commençait la première année de son cycle lunaire, par une pleine lune équinoxiale tombant le 25 mars (en vert dans le Tableau ci-joint), et qui terminait le cycle lunaire par une lune équinoxiale tombant le 6 avril (en bleu dans le Tableau).

La date du 25 mars était de grande importance symbolique à la fois chez les Alexandrins et les Constantinopolitains :

- À Alexandrie, on estimait que le premier jour de la création, le jour de l'incarnation et celui de la résurrection du Christ étaient tous les trois survenus un 25 mars.

- À Constantinople, c'étaient l'incarnation et la résurrection du Christ qui étaient réputés s'être produits le 25 mars.

Lors de la dix-neuvième année du cycle lunaire du nouveau système officiel, la pleine lune équinoxiale tombe le 6 avril, qui est une date que l'on retrouve uniquement dans le cycle de Constantinople.

C'est très visiblement une solution de compromis : c'était un arrangement pratique, mais le déplacement de ces deux cycles mettait à mal la description de l'ère du monde que ces deux cycles établissaient. Il devenait impossible de retrouver dans ce nouveau cycle, les parallèles entre les événements de la vie du Christ : l'incarnation et la résurrection - et les dates de la création du monde ainsi que de celle des luminaires. Les Alexandrins et les Constantinopolitains s'en tinrent à l'ère mondiale du système auquel ils étaient habitués.

La cycle d'Aeas date de dix ans après l'échéance de la Table pascale bicentenaire d'André. Celle-ci se terminait en 552. Le cycle d'Aeas date donc de 562. Le résultat des travaux du Colloque d'Aeas fut présenté à l'Empereur Justinien.


3) La correction d'Iron :

Un auteur arménien, Ananias d'Ani, qui écrivait moins d'un siècle après l'événement, nous informe des suites du Colloque d'Aeas, dans une optique qui n'est guère favorable du nouveau personnage qui apparaît sur la scène :

Intervint alors Iron, Docteur appartenant la cour du Souverain à Constantinople. C'était un étranger ; plusieurs le disaient alexandrin. Offensé de ne pas avoir été convoqué à la réunion des savants, il résolut de détruire leur œuvre. Et comme il avait construit une fausse chronologie opposée à l'Écriture et aux autres chronologues, ainsi fit-il pour le calendrier. Et il changea le cycle de 19 ans quant au 6 avril ; il remplaça cette date par le 5 avril, et il en fit le point de départ de la période.

Qu'en est-il au juste ?

Portons notre attention sur deux éléments, qui sont fondamentaux dans le comput d'Alexandrie :

- d'une part, la création est réputée s'être produite le 25 mars, comme nous venons de le voir ci-dessus.

D'autre part, la première pleine lune pascale du cycle tombe le 5 avril (voir au chapitre V, dans la première section, le cinquième paramètre).

Comme cette pleine lune pascale tombe le 14 Nisan, si nous remontons au premier jour du mois lunaire, quatorze jours avant (premier jour exclu), nous tombons sur la néoménie (nouvelle lune, point de départ du mois lunaire) qui tombe le 23 mars.

Sachant que la création commence le dimanche 25 mars, et que les luminaires sont créés au quatrième jour, nous pouvons en conclure que la Lune est créée le mercredi 28 mars.

La Lune étant créée le 28 mars, sur base d'une néoménie tombant le 23 mars, nous pouvons en conclure que la Lune est créée à son sixième jour. C'est un problème, par ce que la Lune est très loin d'être une pleine lune : étrangement, la Lune qui est créée est un « premier quartier », c'est-à-dire un astre imparfait.

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Iron reprend la notion d'une première pleine lune pascale tombant le jeudi 5 avril, sur base d'une néoménie situé au 23 mars, comme on le voit dans le tableau ci-dessous :

La correction d'Iron

Iron pose la création de la Lune en son plein d'éclat, c'est-à-dire au moment même où il s'agit d'une pleine lune, en son plein éclat, qui est nécessairement nocturne : dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 5 avril (voir « A » dans le tableau). Le 14 Nisan reste placé au jeudi 5 avril, tandis que la création de la Lune se situe le mercredi 13 avril.

De même, la néoménie reste placée au 23 mars (voir « B » dans le tableau), ce qui donne, pour une lune créée le 13 avril, la création de la Lune en son treizième jour (« A »). Ces 13 jours se répartissent en 8 jours d'épacte, et 5 autres jours. Ces jours d'épacte sont calculés sur base d'une année lunaire qui commence le 1er mars.

Cela entraîne comme conséquence immédiate le déplacement du jour de la création. Comme la pleine lune est créée le mercredi 13 avril, le premier jour de la création se trouve ainsi déplacé du 25 mars au 1er avril (voir « C » dans le tableau).

La première année du cycle est sans épacte, ce que nous constatons sur le tableau ci-dessous :


Le cycle d'Iron.

Nous retrouvons dans ce tableau les dates des pleines lunes équinoxiales qui figurent dans le tableau du Colloque d'Aeas précédemment cité (troisième colonne à partir de la gauche). Dans le tableau du Colloque d'Aeas, nous pouvons remarquer la divergence typique de la « correction d'Iron », à savoir qu'en la 19ème année du cycle lunaire, la pleine lune équinoxiale tombe le 5 avril, plutôt que le 6 avril, date apparaissant dans le cycle d'Aeas et dans celui de Constantinople.

Nous retrouvons ainsi ce que signalait Ananias d'Ani : « Il (Iron) changea le cycle de 19 ans quant au 6 avril ; il remplaça cette date par le 5 avril ». Cette correction fut faite grâce à un staltus lunae de 12 jours, plutôt que de 11.


Quelle fut la destinée de la correction d'Iron ?

Désormais, le 25 mars, date de la pleine lune équinoxiale de la première année du cycle (et date de la création) ainsi que le 5 avril, date de la pleine lune équinoxiale de la dernière année du cycle, deviendront traditionnelles dans les systèmes calendaires byzantins.

Le cycle d'Aeas avec, en la première année du cycle, le XIV lunae situé au 25 mars, et en la dix-neuvième année du cycle, au 6 avril - ce cycle fut rapidement abandonné par les Arméniens, mais conservé chez les Nestoriens de Perse. Les Jacobites des confins de la Mésopotamie conservèrent également ce cycle.

Le cycle d'Héraclius :

Le cycle d'Héraclius (575 - règne 610-641) présente exactement les mêmes dates de pleine lune équinoxiale - avec le XIV Nisan tombant le 5 avril en la dix-neuvième année du cycle - que le cycle d'Iron.
Le cycle d'Héraclius est contenu dans un opuscule écrit par Stéphane, auteur alexandrin, qui dédia cette œuvre à l'Empereur.

L'édit de Justinien :

Justinien (482 - règne 527-565) formula un édit qui imposait la date du 5 avril pour la pleine lune équinoxiale de la dernière année du cycle pascal. Cet édit ne figure pas dans le corpus officiel de la législation de Justinien, ni même parmi les informations historiques que nous transmettent les auteurs arméniens de l'époque Cependant cet ordre impérial peut être déduit de l'application de cette date nouvelle. Cet édit de Justinien était une mesure ponctuelle, qui ne modifiait pas les autres paramètres calendaires. C'est ainsi que nous retrouvons la correction d'Iron dans un écrit ultérieur, au temps d'Héraclius.


- CHAPITRE IX -
L'ère byzantine.


1) La connexion entre l'ère byzantine et la Réforme de Constantinople :

Nous avons vu, tout au début de notre Étude, que les Byzantins plaçaient la date de la Naissance du Christ 8 ans avant le début de notre ère. Ainsi donc, pour passer de notre millésime au millésime byzantin, il faut que nous ajoutions 5508 années à notre comput.

L'ère byzantine apparaît au second tiers du septième siècle.

Ce système est décrit dans le Traité de Comput de Georges, moine et prêtre. L'auteur donne la date de composition de son ouvrage, qui est la 12ème année de la lune ; la 17ème année du soleil ; la 14ème année de l'Indiction, et l'année du monde 6149.

Ailleurs dans le Traité, il est dit que l'année byzantine 6138 correspond à l'année de Dioclétien 346 - celle-ci correspondant à l'année dionysienne (de notre ère) 630.

Si l'on soustrait le millésime de l'année mondiale (depuis la création) 6138 au millésime dionysien 630, nous obtenons 5508, qui est l'ère du monde byzantine.

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L'ère du monde dépend du cycle lunaire.

Lorsqu'apparaît l'ère byzantine, sous le règne d'Héraclius, le cycle lunaire couramment utilisé provenait de la Réforme de Constantinople de 353.

Si nous nous référons au Tableau général de la Réforme de Constantinople, au Chapitre VI, nous voyons que la première année du Cycle de la création - telle qu'établie par la Réforme - est l'année 345 de l'ère dionysienne.

L'année 345 de notre ère équivaut à l'an 5853 de l'ère byzantine (345 + 5508 = 5853).

L'ère byzantine a donc comme point de départ la première année de la création de la Réforme constantinopolitaine.

C'est à partir de l'année 345 que démarrent à la fois le cycle solaire de 28 ans, et le cycle lunaire de 19 ans : ils affichent l'unité, en l'an 345.

L'ère du monde de la Réforme de Constantinople commence par une année précyclique, comme nous le voyons dans le Tableau « Fonctionnement du cycle réformé de Constantinople », en la quatrième section du Chapitre VI.

Il était nécessaire d'établir cette année pré-cyclique, afin de situer la néoménie proleptique qui sert de base à la pleine lune équinoxiale de la première année de la création.

Le système de la Réforme de Constantinople distinguait l'année pré-cyclique, ensuite la « première année de la création » (kata phusin), et enfin la deuxième année de la création, correspondant à la « première année du cycle » (kata thesin).

C'est ainsi qu'il a été décidé de déplacer d'une unité le cycle kata phusin afin de le faire coïncider avec le cycle kata thesin : ce processus est expliqué en la sixième section du Chapitre VI : « Déplacement de la première année du cycle réformé de Constantinople ».

Ce déplacement d'une unité permet de situer facilement la position d'une année, dans les cycles lunaires et solaires :

- En ce qui concerne le cycle solaire, prenons comme exemple dans le Tableau ci-contre, l'année de la création 5855. Le reste de sa division par 28 donne 3 : cette année est au troisième rang, dans le cycle solaire.
- En ce qui concerne le cycle lunaire, prenons comme exemple dans le Tableau ci-contre, l'année de la création 5876. Le reste de sa division par 19 donne 5 : cette année est au cinquième rang, dans le cycle lunaire.

Le cycle lunaire kata phusin est caractéristique de l'ère proto-byzantine.
Le cycle kata thesin (de la création) est la base du comput byzantin.


2) L'épacte 11 :

L'année 345 présente une Épacte 11. Voici l'explication qu'en donne le prêtre et moine Georges, dans son Traité de Comput :

II est bon d'indiquer la cause pour laquelle, selon certains, la lune a une avance de onze épactes. Lorsque, au quatrième jour, disent-ils, de la naissance du monde, ont été créés avec les autres astres et le soleil et la lune, et que les astres ont commencé leur course sur l'ordre divin dans le firmament du ciel, alors le soleil, prenant le commencement de sa propre course, parcourut son premier jour, qui était, comme il a été dit, le quatrième (de la création) ; la lune, elle, qui devait, au moment où elle fut créée, ne pas apparaître incomplète - ne pas laisser, en éclairant pour la première fois, une partie de la nuit dans l'obscurité - reçut aussitôt la place propre au jour de la pleine lune et prit de là le commencement de sa course — il faut savoir qu'elle est dans son quinzième jour quand elle occupe cette place ; c'était donc bien le quatrième jour de la semaine (génésiaque), mais pour elle, elle parcourut son quinzième jour. D'où, donc, chaque année, elle avance sur le soleil de onze jours, plus une petite partie, c'est-à-dire le dix-neuvième d'un jour.

V. Grumel. Ibid. p. 115.

Selon la Genèse, les luminaires, dont le soleil et la lune, sont créés le quatrième jour.

- Ce qui est créé, ce sont des astres parfaits. Donc, la lune est à la plénitude de sa clarté, c'est à dire au 15ème jour du mois lunaire, lors de sa création.

- Le soleil est à son 4ème jour, car le cycle solaire commence au jour même de la création.

- Si la lune, lors de sa création au 4ème jour du monde, en est au 15ème jour de son mois lunaire - au jour même de la création, elle en est au 11ème jour du mois lunaire.

Elle a donc une ÉPACTE 11, le jour de la création du monde - car l'épacte est l'âge de la lune, au premier jour de l'année.

L'épacte 11

3) Le premier jour de la création, selon l'ère byzantine :

L'année 345 de notre ère (dionysienne) équivaut à l'année 5853 de l'ère byzantine (345 + 5508 = 5853).

L'année 5853 consiste en 11 cycles de 532 ans (532 x 11 = 5852 + 1 car il n'y a pas de « zéro » dans l'ère = 5853).
Par conséquent, l'année 345 est de même configuration (date et quantième) que la première année du cycle.

La première année du cycle calendaire figure dans la colonne située à l'extrême droite du « Tableau de la Réforme de Constantinople » (1CL). Il s'agit du cycle kata thesin. La pleine lune équinoxiale tombe le 2 avril.

Sur le Tableau ci-dessus, nous remarquons que la lune doit être créée à la plénitude de sa luminosité, c'est-à-dire le XV Lunae, donc le mercredi 3 avril.

Après le déplacement de la première année du cycle réformé de Constantinople - du cycle kata phusin vers le cycle kata thesin, la première année du cycle a coïncidé avec la première année de la création.

Ainsi, l'an 345 a-t-il la même configuration que la première année de la création.

Dans l'Étude « Les nombres du soleil », au chapitre VI « La Réforme grégorienne », dans le Tableau des lettres dominicales avant 1582, nous obtenons les informations suivantes sur l'an 345 :

- place dans le sycle solaire 25;
- reste de la division par 28 (cycle solaire) : 9
- lettre dominicale F.

Consultons l'année de type II, lettre « F » : le dimanche le plus proche est le 7 avril.

Dimanche 7 avril / samedi 6 / vendredi 5 / jeudi 4 / mercredi 3 avril. Le mercredi 3 avril 345, lendemain de la pleine lune équinoxiale, est en parfaite correspondance avec le mercredi 3 avril 5508, en l'année de la création du monde, lors de la création des luminaires.

Comme nous le voyons sur la Tableau ci-dessus, le dimanche 31 mars 5508 av. J.C. est le premier jour de la création, selon l'ère byzantine.

Nous pouvons admirer la façon dont le comput de l'ère byzantine s'est ménagé une transition harmonieuse avec le système de la Réforme de Constantinople - tout en faisant correspondre le début de son cycle avec les événements de la Genèse.

L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?

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