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Les cieux nouveaux et la terre nouvelleQuels sont les objectifs que nous nous proposons d'atteindre ?
Nous tâcherons de répondre à ces questions :
- quelle est la conséquence cosmique du refus opposé à l'origine par l'être humain, au projet créateur ?
- le plan d'origine était-il crédible, ou était-il toujours menacé par le refus possible de l'être humain ?
- la mort convient-elle à l'être humain ?
- le mal qui existe dans le monde est-il uniquement la résultante des activités humaines ?
- considérant le monde tel qu'il est, pouvons-nous admettre que Dieu soit à la fois bon et tout-puissant ?
- qu'est-ce qui a changé, et qu'est-ce qui est resté sans changement, après le refus originel opposé au plan divin ?
Nous avons dégagé la notion de récapitulation, lorsque nous avons envisagé les conséquences du « Non »
que l'être humain global a opposé à son Créateur (Étude III, septième paragraphe : "Destruction ou
récapitulation").
Comme nous l'avons vu, la récapitulation ne s'arrête pas à l'humanité. Le Seigneur dit : « Je vais créer des cieux nouveaux et une terre
nouvelle » (Isaïe 65 ; 17).
L'image que donne le Christ en disant : « on met le vin nouveau dans des outres
neuves » (Mt. 9 ; 17) possède une signification beaucoup plus large que le remplacement de l'ancienne loi mosaïque
par la nouvelle loi évangélique. Le Christ ne vient pas réparer une réalité déficiente. Il vient créer à neuf
une nouvelle réalité.
Nous parlerons ultérieurement de cette nouvelle création. Mais pour le moment, nous traitons
du Refus originel qui fut décidé par la créature globale. C’est ce Refus originel qui se trouve à l'origine
des options fondamentales qui ont bâti notre univers.
Le Christ est un être global, comme nous venons de le voir.
Il a cette capacité de récapituler en Lui l'humanité entière ; Il est un miroir inversé, un anti-type d'Adam.
Adam était lui-même une créature globale qui résumait en lui la totalité de l'humanité.
L'action du Christ est authentiquement une nouvelle création. Ce fait est souligné par le parallélisme très apparent
qui existe entre la scène de la Théophanie et celle de la Création. Lors de la Création, l'Esprit planait au-dessus
des eaux ; lors de la Théophanie, l'Esprit Saint, sous forme de colombe, planait au-dessus des eaux figuratives du
Jourdain. Dans le récit de la création, Dieu façonne l'être humain avec l'argile de la terre ; en guérissant
l'aveugle-né (Jn. 9 ; 1-12), Jésus fait de la boue avec la salive, reprenant à son compte le geste créateur :
Le Verbe remodela les yeux de l'aveugle-né : Il fit ainsi apparaître au grand jour Celui qui
nous modèle dans le secret, car c'était bien le Verbe Lui-même qui s'était rendu visible aux hommes; Il fit en
même temps connaître le modelage originel d'Adam, c'est-à-dire de quelle manière Adam avait été fait et par
quelle Main il avait été modelé, et Il fit voir le tout à l'aide de la partie, car le Seigneur qui remodela
les yeux était Celui qui avait modelé l'homme tout entier en exécutant la volonté du Père
Irénée de Lyon, Contra Haer. V, 15, 3. Cerf 1984, p. 615.
Si l'action du Christ est une nouvelle création - le surgissement d'un nouvel univers structuré par un espace-temps
différent de l'univers d'origine - l'action de son anti-type, de l'être global des origines, est sans nul
doute également une nouvelle création, dans le sens du surgissement d'un nouvel univers très différent de
l'univers originel qui est décrit sous l'image du Paradis.
Soulignons cette importante différence : il s'agit d'un reflet inversé :
- la nouvelle création du Christ est volontaire, tout comme les souffrances de sa passion sont volontairement
assumées par Lui ;
- la récapitulation de la création, qui est à l’origine de l’univers tel que nous le connaissons - seconde création
occasionnée par le Refus originel effectué par l'être global des origines - est tout-à-fait involontaire.
Et les souffrances d'Adam dans le nouvel univers, celui de l’après-paradis, sont elles aussi complètement involontaires !
Nous pouvons dégager de tout ceci une règle fondamentale : tout acte absolu occasionne la création d'un nouvel
univers, et de l'espace-temps correspondant - comme un trou noir perce l'espace-temps et crée sans doute une
communication avec une autre dimension. La création d'un nouvel univers est la signification ultime que nous donnons
à la notion de récapitulation : il s'agit d'un recommencement, dans tous les sens du terme.
Il n'y a pas beaucoup d'actes absolus dans l'Histoire de l'univers :
- tout d'abord, il y a la Création initiale, qui est déjà en soi, le surgissement d'un espace-temps ;
- le deuxième acte absolu est l'in-hominisation de la deuxième Personne de la Trinité, c'est-à-dire le continuum
incarnation - passion - résurrection, qui est la dispensation du Salut effectuée par le Christ. Ce deuxième
acte absolu donne naissance à un nouvel univers, dont nous parlerons ultérieurement.
- le troisième acte absolu est la Fin des Temps, qui donne naissance au nouvel univers qu'est la Jérusalem céleste.
Le récit de l'Apocalypse nous montre amplement à quel point l'espace-temps de la Jérusalem céleste
est différent du nôtre.
La notion d'« acte absolu » qui est à l'origine d’une récapitulation cosmique, nous donne l'élément manquant
qui nous permet maintenant de dresser le tableau complet du projet divin envers la création.
Le Dieu trinitaire, à la fois unique et multiple, prit la décision d'amener à l'être une créature consciente,
faite à son image.
Le Dieu trinitaire prit également la décision de créer un monde fait de matière. Ce monde est
un décor indispensable pour l'exercice de la liberté humaine. De plus, ce monde matériel contient des êtres minéraux,
végétaux et animaux qui entrent, eux aussi, dans le projet divin. Car ce monde matériel est hiérarchique :
l'être humain, constitué de matière et d'esprit, est situé entre les êtres matériels de la création et le Pur
Esprit qu'est Dieu.
En tant qu'intermédiaire, l’être humain est chargé de faire passer par lui l'Énergie
divine qui est Lumière, afin que l'ensemble de la création soit progressivement divinisé. Pour faire passer
par lui l'Énergie divine - la Lumière incréée - l'être humain doit être spirituellement transparent. Il
doit être comme une lentille parfaite, qui réfracte adéquatement le rayon de lumière qui la traverse.
L'être humain est libre, car il est à l'image de Dieu, qui Lui-même est souverainement libre. En exerçant
sa liberté, l'être humain peut volontairement accomplir le projet divin qui lui est présenté, ou peut au
contraire s'obscurcir volontairement - volontairement ne pas transmettre la Lumière divine aux créatures
qui sont en aval - se présentant lui-même comme étant le terme de la création.
Si l’être humain avait fait le choix de collaborer à l'œuvre divine, il se serait établi dans le bien,
d'une façon de plus en plus stable à mesure de son avancement spirituel. Il aurait illuminé les créatures
non conscientes de l'univers, jusqu'à ce qu'elles soient aussi proches que possible de la divinisation.
Mais la divinisation elle-même, c'est-à-dire l'union avec Dieu sans confusion, cela, l'être humain
est incapable de l'accomplir par lui-même.
Cette « dernière marche » demande à être franchie en tendant la main - le Seigneur nous prenant par la
main pour nous faire siéger à sa Droite. Cet ultime passage aurait été une Pâques, une fête de lumière,
un accomplissement définitif de la communion avec Dieu, en plénitude. En cette Pâques, l'être humain
aurait enfin pu toucher à l'Arbre de Vie, ce « deuxième arbre » qui se dresse mystérieusement au centre
du Paradis. Cet Arbre de Vie n'est autre que la Croix, mais la Croix en tant que structure de l'univers :
la longueur, la largeur et la profondeur de la Sagesse divine (Ephésiens 3 ; 18).
Dans ce scénario de
réussite de la création, la Croix n'aurait pas été un instrument de supplice, cette caricature que les
puissances des ténèbres ont inspirée perversement à l'esprit des hommes, afin de faire souffrir l'Homme-Dieu.
Tout aurait été accompli dans la gloire et la lumière, et Dieu aurait été Tout en tout.
L'achèvement de l’univers premier aurait été accompli par un geste extraordinaire de Dieu qui aurait
« donné la main à Adam, afin qu'il franchisse la « dernière marche » pour participer en plénitude à
la divinité, sans s’y fondre cependant, car il reste une créature. Pour « donner la main » à Adam
- exactement comme nous voyons le Christ donner la main à Adam et Ève pour les faire sortir du tombeau,
sur l'icône de la résurrection - la deuxième Personne de la Trinité, Celle qui avait façonné l'homme
avec l'argile de la terre en y insufflant l'Esprit, cette Personne devait s'incarner. L'incarnation
fait partie du projet fondamental de Dieu.
Le projet fondamental de Dieu comprend deux points :
- Le premier consiste en le fait d'amener à l'être un univers
fait de matière, dans lequel serait suscitée la diversité du vivant, afin qu'y surgisse un être conscient,
fait à l'image de son Créateur (c'est-à-dire existant en une Nature et plusieurs personnes). Cet être
conscient est appelé à librement se tourner vers son Dieu et à apprendre à Le connaître et à L'aimer.
- Le deuxième point est l’Incarnation du Fils de Dieu. Cette Incarnation ne dépend pas d'une faute éventuelle
de l'être humain. Elle est prévue de toute éternité : elle fait partie du projet fondamental du Créateur.
Comment le savons-nous ? C'est une conséquence immédiate de l'immuabilité divine. Dieu est immuable :
c'est l'une de ses caractéristiques. Il ne faut pas caricaturer cette immuabilité : Dieu dialogue avec
l'être humain, Il échange avec lui ; Il intervient - quoique discrètement, pour préserver la liberté
de sa créature ; Il peut même changer d'avis, comme on le voit dans l'extraordinaire dialogue qui se
déroule entre Lui et Abraham, à propos des justes de Sodome (Gn. 18; 16-33). Il se repent en voyant
le mauvais comportement de l'humanité, qui va entraîner le déluge (Gn. 6 ; 6). À propos du repentir divin,
saint Jean Damascène nous donne cette remarque utile :
Le divin est immuable ; il est dit se repentir en raison de nos attitudes ;
l'avenir ne dépend pas de Dieu qui s'est repenti, mais de ceux pour lesquels Il semble s'être repenti,
qui font des choses dignes du repentir.
Saint Jean Damascène. Contra Manich. 80, P.G. XCIV, 1580.
Cité dans la « Dogmatique de l'Église orthodoxe
catholique » Panagiotis N. Trembelas. T. I DDB Éd. Chevetogne 1966 p. 236.
L'immuabilité veut dire que Dieu ne change pas consécutivement à un caprice de
la créature humaine... Si lourd de conséquences qu'ait été ledit caprice ! Dieu ne change pas son Être,
suite à une initiative de l'être humain. De toute éternité, Dieu a voulu s'incarner, que le Refus Originel
ait eu lieu ou non. Si le plan divin originel s'était réalisé, l'Incarnation serait survenue afin de
parachever la divinisation de l'ensemble du cosmos.
Dans l'état actuel des choses, le Fils de Dieu s'est
incarné afin de nous faire connaître la volonté du Père, afin que nous puissions recevoir de Lui
la Vie absolue, et pour que nous laissons croître en nous l'Esprit Saint. L'incarnation appartient
à la Sagesse divine, immuablement et de toute éternité. En Dieu, il n'existe rien de contingent
ni d'accidentel.
Lorsque nous parlons de Sagesse divine, nous comprenons ce terme comme étant
l'ensemble des Énergies divines : les Énergies divines vues en un Tout. Dieu totalement présent en
son Rayonnement éternel et non contingent - ce « Tout » de la Sagesse divine, contient toutes les
formes et toutes les idées présentes, passées et à venir, dans tous les univers possibles. La création
ne comporte donc rien d'ontologiquement nouveau pour Dieu : elle actualise ce qui est contenu de toute
éternité dans la Sagesse multiforme de Dieu (Éphésiens, 3 ; 10).
À l’origine, l’être humain conscient était appelé à se tourner librement vers son Dieu et à apprendre à Le
connaître et à L'aimer. C’est toujours le cas aujourd’hui ! Chacun sait bien que le plan originel du Créateur
n’a pas rencontré l’assentiment de l’être humain global des origines. Mais il est important d'être conscient
que le « oui » était possible. Le « non » était loin d'être inéluctable. Le plan divin était parfaitement
réalisable, fiable et crédible. La meilleure preuve en est le « oui » de Marie : là aussi, nous sommes en
présence de la réponse de l'être humain conscient, face au défi présenté par le plan divin. À partir du
moment où Marie a répondu « oui» à l'annonce angélique, la Mère de Dieu s'est établie fermement dans les
voies de la vie spirituelle. Au fur et à mesure de son approfondissement spirituel, elle s'est maintenue
dans une adhésion totale au Christ. À aucun moment de sa vie - que Dieu nous en préserve ! - elle n'a remis
en question son « oui » originel. Cela montre bien que l'acquiescement de la créature à la proposition
divine ne peut être remis en question à tout moment. Cet acquiescement n'est pas statique, il s'accompagne
d'un progrès spirituel qui rend le retour en arrière - sinon impossible - du moins fortement contradictoire.
Le « non » originel prononcé par l'être humain global des origines a eu d'immédiates conséquences cosmiques :
l'univers s'est récapitulé, a « recommencé depuis le début » sur de nouvelles bases : c’est l'espace-temps
que nous connaissons dans notre univers. Cet espace-temps est marqué par l'entropie, c'est-à-dire la
tendance du plus vers le moins. Il est marqué par la limitation et la division, fruit de la division
importée dans la création par la décision originelle de l'être humain. En ce qui concerne la mort,
celle-ci ne comporte pas de conséquences morales, lorsqu'elle s'applique aux êtres qui ne sont pas à
l'image de Dieu et qui n'ont pas conscience d'eux-mêmes. Un chien ou un chat, lorsqu'il meurt,
n'occasionne pas de catastrophe cosmique. C’est un représentant de l'espèce, qui laisse sa place
après avoir accompli sa tâche. Ce qui est important pour la Nature, c'est l'espèce. La disparition
de celle-ci appauvrit réellement la biodiversité de la Nature. La mort d'un animal se situe dans la
ligne de la destinée biologique de celui-ci.
Pour l'homme, la situation est toute différente. L'homme est à l'image de Dieu : l'être humain est un cosmos à lui tout seul. Une seule de ses pensées est plus précieuse que l'univers entier. L'esprit de l'homme est capable de concevoir Dieu :
l'homme est un être qui aspire à l’infini,
un être qui est à la recherche de Dieu et de l'éternité.
Lorsque l'être humain meurt, c'est un univers mental et spirituel qui passe dans une autre dimension. L'homme ne se réduit en aucun cas à l'espèce. L'être humain ressent profondément qu’il n'est pas fait pour la mort. La mort convient aux espèces, pas à l'homme :
Le récit de la Création atteste que tout ce que Dieu a fait était très beau. Une de ces très
belles créatures [dans l’univers paradisiaque] était l'homme, ou plutôt il avait plus que les autres, reçu
la parure de la beauté. Quelle autre créature pourrait être aussi belle que l'image de la beauté incorruptible ?
Si toutes les créatures étaient très belles, et si l'homme en faisait partie en les surpassant toutes, la mort
n'existait absolument pas en lui. L'homme, en effet, n’aurait pas été un être beau, s'il avait porté en lui
la triste empreinte de cette misère qu’est la mort. Mais, étant Image et Ressemblance de la Vie éternelle,
il était véritablement beau, absolument beau, parce qu'il portait la beauté de l'éclatante empreinte de la
Vie. Et le divin Paradis était à lui, où surabondait la vie, grâce aux nombreux fruits que donnaient les
arbres.
Grégoire de Nysse. Le Cantique des Cantiques. Migne 1992. p. 241 -242.
Dans l’univers récapitulé, après le Refus originel, l'être humain est contaminé par
le virus de la mort - ce germe pathogène qui n'était pas fait pour lui. Le virus de la mort était fait pour gérer
la destinée des espèces qui ne sont pas faites-à-l'Image de Dieu. Ce virus de la mort s'est étendu à l'homme,
indépendamment de la volonté divine. C'est le sens de la parole de saint Paul : « De même que par un seul humain
(l’être global des origines) le péché est entré dans le monde (en s'opposant au plan divin), et par le péché
la mort, de même la mort a passé à tous les humains, du fait que (eph'ô) tous ont péché » - ce que l’on peut
traduire : en laquelle (la mort) tous ont péché (Rm. 5 ; 12).
Chacun d'entre nous, autant que nous sommes, nous participons à ce refus de collaboration à l'œuvre divine,
et par là, nous sommes en proie à la mort. Nous pouvons échapper à cette logique de la mort en nous « connectant »
à la Vie donnée par le Père. Cette Vie divine n'est pas atteinte par la mort ; elle nous est donnée par le
Christ (« Comme le Père dispose de la Vie, ainsi a-t-Il donné au Fils d’en disposer Lui aussi, et Il L’a constitué
souverain Juge parce qu’Il est Fils de l’Homme » Jn. 5 ; 26-27), et se développe dans l'Esprit.
Pour ce faire,
il n'est qu'une seule et unique porte : celle de l'adhésion au Christ : « Je suis la Porte - dit le Christ -
qui entre par Moi sera sauvé » (Jn. 10 ; 7-9.. En franchissant cette porte, en adhérant au Christ, Il nous
dit : « Je suis la résurrection. Qui croit en Moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en Moi
ne mourra jamais » (Jn. 11 ; 25-26).
La récapitulation du cosmos après le refus originel est bien décrite par les textes de la Genèse : l’univers
paradisiaque s'évanouit littéralement autour d'Adam, et il se retrouve dans un monde hostile, rempli d'épines,
où la terre est dure et où l'existence est fertile en douleurs amères. Tout de suite, la violence et le meurtre
s'installent, avec le sang d’Abel répandu sur la terre, qui crie vengeance. L'être humain étale son arrogance
et se pose naïvement en rival de Dieu, en édifiant la tour de Babel qui aboutit à la confusion générale.
Ce sont des constantes de l'histoire humaine, dans notre monde.
Nous pouvons admirer ces textes
bibliques qui sont véritablement une révélation. Comme dit le prophète Habacuc :
Seigneur, j'ai saisi le sens de ton œuvre et je suis frappé de stupeur.
Hab. 3 ; 2 LXX.
Car l'être humain à lui seul ne pouvait imaginer, ni univers récapitulé,
ni un être global qui prit une décision fondamentale pour l'humanité tout entière. Aujourd'hui, nous
commençons à saisir la profondeur du sens de ces textes, car la science actuelle a apprivoisé notre esprit
à l'idée de l'existence de plusieurs dimensions du réel, nous a habitués à concevoir l'existence de
plusieurs univers parallèles.
Une fois que cette récapitulation de l'univers est accomplie, Dieu ne déclare pas forfait. Il faut inventer
un « plan B ». Et c'est ce que nous découvrons dans notre univers : sous l'œil de Dieu, il a évolué pendant
des milliards d'années, jusqu'à ce que l'évolution permette le surgissement d'un être conscient. L’humanoïde
est devenu un être humain à part entière, lorsqu'il a élevé les mains pour émettre une prière à son Créateur,
et lorsqu'il a enterré soigneusement l'un de ses semblables - montrant ainsi qu’il croyait en une vie future.
Cela, un animal ne peut le faire. L'évolution s'est poursuivie, et les êtres humains sont passés du commun
au particulier, s'extrayant du moule de la tribu pour devenir des individus autonomes. L'être humain est
aussi passé du particulier à l'universel, parvenant progressivement à concevoir un Dieu qui ne soit plus
seulement Celui de sa peuplade, mais Celui de l'ensemble de l'humanité. Tout cela fut très lent et se
réalisa au fur des siècles.
Il restait à Dieu à se faire découvrir. Il le fit, secrètement, en toute discrétion. Il se fit l'un d'entre nous,
passa sa jeunesse dans un obscur village, et survint un jour auprès des rivages du Jourdain. Il prit douze
disciples, et dut passer une longue période avec eux, pour leur laisser découvrir sa divinité sans qu'ils
ne songent d'abord à faire de Lui un chef politique. Ce ne fut pas facile, car l'être humain est bien plus
intéressé à devenir riche et puissant, qu'à découvrir la vraie Nature de Dieu.
La Mission donnée par le Père au Christ limitait la prédication de Jésus à l'univers juif. Les Juifs
étaient appelés à se convertir - ce qui aurait dû être facilité par l'important bagage religieux qui
était le leur - et ensuite à diffuser la Bonne Nouvelle du Dieu fait homme venu nous apporter la Résurrection,
dans l'ensemble de l'Empire romain. Cela aurait été facilité par deux faits : les Juifs étaient déjà présents
dans l'ensemble des villes importantes de l'Empire romain, et la traduction grecque des Écritures qu'ils
utilisaient (la Septante) mettait en valeur les nombreuses prédictions messianiques qui annonçaient très
clairement la venue du Christ. Ce plan d’évangélisation via le peuple juif aurait très bien pu fonctionner :
certains Juifs sincères ont authentiquement découvert le Christ, tels Joseph d’Arimathie et Nicodème.
Mais ce ne furent pas ceux-ci qui constituèrent la majorité, tant s'en faut. Là aussi, l'appétit pour
le pouvoir politique et la richesse l'emportèrent sur la recherche de la Vérité. Le Christ fut ignoré,
persécuté et finalement crucifié. Même sa Résurrection fut l’objet de calomnies et de discrédit (Mt. 28; 12-15).
Nous comprenons facilement que le mal qui est produit par l'action personnelle de chacun d'entre nous, entraîne
des conséquences non seulement sur les autres, mais encore sur l'ensemble de l'environnement. Notre époque est bien
plus sensible à cette problématique que les siècles précédents, vu les ravages que l'activité humaine exerce sur
notre planète. Mais le mal ne se limite pas à cet aspect. Il existe ce que nous pouvons appeler un « mal cosmique ».
Hélas, les exemples en sont nombreux : c'est le mal qui se produit lors d'un tremblement de terre, lorsqu'un
enfant est écrasé par un bloc de béton, sous les yeux de ses parents... C'est le mal qui se produit lorsque
quelqu'un est affecté par une maladie dégénérative. C'est ce mal dont parle le Christ, lorsqu'il pose la
question : « ces dix-huit personnes que la tour de Siloé a fait périr dans sa chute, croyez-vous que leur
dette fut plus grande que celle de tous les autres habitants de Jérusalem ? » (Lc. 13 ; 4). C'est l'immense
quantité de douleur qui est générée par notre monde, sans que l'action individuelle n'y soit pour rien.
Ce « mal cosmique » pose une gigantesque question : quelle est la responsabilité du Dieu créateur dans
cette question? A-t-Il estimé que ce que Lui rapporterait le monde l'emporterait largement sur les
souffrances encourues ? Dieu est-il quelqu'un qui se dirait: « on ne fait pas d'omelette sans
casser des œufs »... À moins que Dieu estimerait rentable un univers où la quantité de louanges
que ce monde lui rapporterait, pèserait plus lourd dans le plateau de la balance, que la souffrance
de la créature maltraitée ? Cette question est le maître-argument de l'athéisme. Ce qui est curieux,
c'est que le plus souvent, les gens pieux n'y voient pas de problème. Bien plus : on est mal
vu, lorsqu'on ose poser ce genre de questions. Quel est l’impie qui ose sonder les intentions
divines ? Dans le meilleur des cas, les gens pieux voient dans le mal quelque chose d'inévitable,
une trace du néant duquel proviendrait l'univers :
Les êtres que Dieu tire, à chaque instant, du néant qui, sans Lui, les engloutirait,
ne se transforment pas en Lui et n'acquièrent pas son existence parfaite et absolue (comment
l'acquerraient-ils alors qu'ils sont, en eux-mêmes, contingents ?). Alors qu'ils sont passés à
l'existence, ils ne cessent d'être marqués par les empreintes du néant duquel ils sont sortis,
écartelés entre lui et l'existence à laquelle ils ont été appelés. Ils souffrent d'une fragilité
ontologique, qui est en quelque sorte l'empreinte laissée par le néant en eux, et diffèrent radicalement
du Dieu parfait parce qu'ils sont inévitablement imparfaits, privés de la plénitude de l'existence.
Il est vrai que le monde qu'ils forment est le monde de Dieu puisque Celui-ci est son créateur, mais,
malgré cela, il ne dépasse pas son statut de « monde », au sens d'existence inférieure, passible de
corruption, de déséquilibre et de trouble, et qui constitue en conséquence le théâtre de toutes les
formes du mal, dont les malheurs et les calamités. Le mal et les calamités résultent donc du fait
que l'univers n'émane pas de l'essence de Dieu, non plus qu'il n'est un prolongement de son existence,
mais qu'il est issu, par la grâce de l'acte créateur, du néant qui laisse en lui ses empreintes,
quoique les « énergies » divines le maintiennent sans cesse dans l'être. Le fait que le monde soit
créé par Dieu et non qu'il émane de Lui (comme se le figuraient les philosophes antiques) rend donc
inéluctable la présence du mal en lui ».
Dieu et les malheurs. Costi Bendaly. Revue Contacts.
Numéro 230. Avril - Juin 2010. p. 129-130.
Dans cette perspective, le mal est absolument inévitable, du simple fait que le monde
diffère de la perfection divine. Dieu serait incapable de créer un monde où le mal n’existerait pas, sous peine
de voir le monde se confondre avec Lui. Cette vision des choses confond le mal et l'inachèvement: lors de la création,
Dieu a suscité un monde parfait, mais en devenir : il accorda à Adam la mission de donner un nom à chacune des
créatures : « Le Seigneur les amena à l'homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter
le nom que l'homme lui aurait donné » (Gn. 2 ; 19). Ce nom n'était pas seulement la définition de l'être de chacune
des créatures, mais encore le projet divin à son égard, le but qui lui est assigné par le Créateur. Chaque créature,
à son niveau, est appelée à la divinisation, c'est-à-dire à la participation plénière à la Lumière divine.
Le monde des origines, quoique parfait, différait du créateur par sa Nature, qui est d'être créée, alors que
la Nature divine est incréée. Il n'est nul besoin d'une « trace du néant » pour justifier la différence
existant entre le monde créé et le créateur. Justifier le mal existant dans la création par une trace du néant
dont il proviendrait, revient à donner au néant un rôle qui rivalise avec celui du Créateur. Nous devons nier
énergiquement toute conception qui vient affirmer la présence d'un anti-dieu face au Dieu unique. Il n'existe pas
de « néant originel » qui eût laissé une trace dans l'ensemble de la création, justifiant le mal cosmique.
Nous voyons dans cette conception de la « trace du mal dans la création », l'effet de ce que nous pourrions appeler : le syndrome du cinquième étage... Bien des gens affirment : « quoi que vous pensiez, si vous vous jetez par la fenêtre, du cinquième étage - et qu'au rez-de-chaussée, le sol est couvert d'un trottoir en béton, eh bien, vous vous tuez. Il n'est pas question de penser autre chose. Le monde est tel qu'il est ; il n'existe pas d'univers où l'on réchappe à une telle mésaventure, quoique dise votre belle théologie ». Cela semble être du réalisme, et ce raisonnement semble être d'autant plus incontestable qu'il paraît évident. Méfions-nous des fausses évidences qui sont d'autant plus trompeuses qu'elles paraissent vraies. Le mensonge n'est réellement efficace que s'il se situe tout près de la vérité. Dans le « syndrome du cinquième étage », nous voyons réapparaître le spectre du déterminisme et la pensée sèche et aride du positivisme du XIXème siècle.
Si le mal est inévitable dans la création, nous nous trouvons devant deux possibilités : soit Dieu est impuissant,
soit Il n'est pas bon.
Certaines pieuses gens croient « sauver les meubles » en noyant le poisson dans l'eau bénite :
ils affirment que Dieu Lui-même souffre avec l'enfant qui est écrasé par un bloc de béton, dans le tremblement
de terre que nous avons évoqué. Dieu voit le monde par les yeux de ceux qui souffrent ; Dieu est le premier à
souffrir du mal cosmique, qu’Il déplore. C'est une pensée très pieuse, qui paraît être d'une grande élévation.
Ce n'est pas faux : Dieu a une conscience absolue, qui ne Lui laisse rien ignorer de ce qui se passe en ce monde.
Mais c'est une vision qui ne considère que la souffrance et la passion, et à laquelle la résurrection reste
étrangère. Dans cette perspective, Dieu est impuissant face au mal qui se déchaîne dans sa création.
À moins que Dieu ne soit pas bon ? Il faut dire qu'il existe bien des aspects étranges dans la Nature,
tels que de nombreux documentaires nous les laissent apercevoir. Nous avons beau savoir que la mort d'un animal
ne comporte pas de conséquences morales, à proprement parler - certaines images de cruauté dans la Nature,
nous ébranlent. Si c'est Dieu qui a voulu un monde ainsi structuré, l'image que nous pouvons nous faire de
Lui à partir de son œuvre est réellement inquiétante. C'est une question qui se pose...
Impuissance ou méchanceté ? Dieu est à la fois tout-puissant et amour.
Il est d'une importance primordiale de proclamer la vérité suivante : Dieu est totalement exonéré de
toute responsabilité, en ce qui concerne le mal présent dans le monde. Ce mal relève entièrement de la
responsabilité de l'être humain. Ce mal, qui inclut la finitude et la mort, s'étend dans la totalité de notre
espace-temps, bien avant même l'apparition de l'être humain parmi les êtres vivants.
La mort dans le monde animal est apparue comme une conséquence de la chute de l'homme, mais
le lien causal est ici purement fortuit, plus que chronologique - ce qui signifie que les conséquences de la chute
de l'homme ont porté dans le temps rétroactivement, dans le passé et pas seulement dans le futur. - Nous savons
que, dans l'Écriture, les frontières entre passé, présent et futur ne correspondent pas aux notions ordinaires de
notre raisonnement pratique ; ainsi, par exemple, durant la sainte Cène, le Christ a donné à ses Apôtres sa Chair
et son Sang déjà ressuscités, bien que la Cène ait eu lieu chronologiquement avant sa résurrection.
Eugène Khvalkov. Livre de la Genèse, enseignement patristique sur la création et indépendance des savoirs.
Revue Contacts # 262. Avril-Juin 2018. p. 192.
C'est totalement paradoxal ! Ainsi donc, l'être humain est reconnu responsable d'une situation qui existait
bien avant son apparition... Eh bien, c'est la réalité. Mais c'est une réalité qui a commencé dans un
espace-temps différent du nôtre. L'être global qui a pris cette décision fondamentale qui a engagé tout
le développement ultérieur, cet être global, c'est nous. Car nous prenons part à la désobéissance d'Adam,
à chaque fois que nous nous livrons à la stupidité et à l'oubli.
La stupidité est autre chose que l'ignorance. Il n'y a pas de péché à ne pas savoir quelque chose ; nous
sommes toujours en train d'apprendre, dans notre vie. La stupidité, quant à elle, c'est l'ignorance satisfaite
d'elle-même, l'ignorance militante. Non seulement on ne sait pas, mais on ne veut pas savoir et l'on essaie
d'inciter les autres à se contenter de leur ignorance.
L'oubli est le géant du péché : on ne se souvient de rien; les prophéties et l'acquisition des savoirs
spirituels qui s'est réalisée au fur des siècles est perdu. L'existence est absurde, rien ne permet de
nous situer en ce monde et d'apercevoir un sens à notre vie. L'oubli fait régner l'absurdité et
l'aveuglement, dans ce monde.
À cet égard, nous péchons tous, et par là nous participons à la logique de l'être global qui a opposé
son Refus originel au plan divin. Il nous est impossible d'affirmer que le péché d'Adam ne nous regarde pas.
L'univers dans lequel nous vivons, avec son espace-temps marqué par l'entropie, est le résultat de la récapitulation de l'univers des origines. Cette récapitulation est un « recommencement depuis le début », phénomène qui résulte d'un acte absolu, posé par l'être humain conscient et libre. Dieu n'y est pour rien ! Il faut être conscient que le monde dans lequel nous vivons n'est pas conforme à la volonté de Dieu. Dieu n'a jamais voulu qu'un tel amoncellement de souffrances atteigne sa créature bien-aimée. L'entre-dévorement qui caractérise cet univers depuis le début de la vie organique, n'est pas conforme au projet divin. La mort, qui est légitime en tant que mode d'existence des espèces biologiques, a contaminé l'être humain comme un virus qui ne lui était pas destiné. Cela aussi ne s'accorde pas avec ce que Dieu veut pour nous :
À tous ceux qui nous ont confié leur angoisse devant ce terrible problème du mal dans le monde,
et aux hommes désemparés devant la tragédie qui déchirait leur vie, nous avons d'abord posé la question :
« ce monde est-il celui de Dieu ? » Elle a toujours provoqué la surprise, l'étonnement et parfois le scandale :
« comment pouvez-vous en douter ? » On a parfois ajouté: « il suffit de lire l'Évangile ». Or, précisément,
l'Évangile répond par la négative. Voyons Mathieu : « le Royaume de Dieu est semblable à un maître qui
a semé du bon grain dans son champ. Mais la nuit, l'ennemi est venu jeter de l'ivraie parmi le bon grain… »
Quand vient la germination, est-il raisonnable de prétendre que rien n'a changé, et que ce champ est encore
celui que son maître a préparé et ensemencé ? Ainsi du monde où nous vivons : il n'est plus celui que Dieu a créé.
Frédéric Marlière. Et ils virent qu’ils étaient nus. Éd. Anne Sigier. 1990. p. 73.
Une chose n'a pas changé : c'est la raison essentielle pour laquelle cet
univers a été créé, qui est la divinisation. Saint Maxime le Confesseur (580 – +662) appelle cela le logos
de la création. C'est à la fois la raison essentielle de son existence et le but qui lui est assigné
par son Créateur. Que ce soit l'univers des origines ou l'univers dans lequel nous vivons actuellement,
leur logos est resté immuable et sans changement : la divinisation en est toujours le but.
Le logos de la création possède deux pôles : l'Incarnation et la divinisation. Ces deux pôles n'ont pas changé :
ils sont restés les mêmes à la fois dans l'univers paradisiaque et dans notre univers entropique.
- L'Incarnation appartient au Projet divin, de toute éternité : dans l'Univers Premier, elle devait
intervenir au stade ultime de l'évolution de celui-ci, pour faire parvenir l'ensemble de la création à la
plénitude de la divinisation, en tant que créatures. Dans le cadre de l'univers où nous vivons, l'Incarnation
s'est produite en un point précis de notre Histoire humaine. Le Dieu-Homme est venu parmi nous afin de
nous faire connaître le Père - de nous communiquer la Vie absolue accordée par celui-ci, et de nous donner
l'Esprit, afin que cette Vie puisse croître en nous.
- Le deuxième pôle, la divinisation, est resté inchangé en tant que point d'aboutissement de la création.
Ce qui a changé, c'est ce que saint Maxime appelle le « tropos », c'est-à-dire le mode de réalisation
du plan divin.
Dans le monde des origines, ce tropos devait s'effectuer par la transparence de l'être humain,
qui aurait communiqué la Lumière divine aux créatures qui ne sont pas faites l'image de Dieu, processus
qui aurait abouti à une apocatastase (du terme grec « apocatastasis » : Rétablissement du Tout)
qui aurait tout réuni en Dieu.
Suite au Refus originel, un nouveau tropos a été mis en œuvre par le Créateur : Celui-ci a voulu
venir parmi nous comme l'un d'entre nous, cheminer sur nos routes, partager notre sort jusqu'à la mort,
et la mort sur une Croix. Nous avons vu qu'il est Lui-même le nouvel Adam, c'est-à-dire un être global
qui récapitule en Lui toute l'humanité. Cet être global a Lui aussi opéré un acte absolu. Et
cet acte absolu s'est fait lui aussi sous forme de récapitulation, commençant l'existence
d'un univers nouveau, avec un espace-temps différent du nôtre. Cet univers nouveau, c'est le Royaume.
L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?
Nous avons trouvé les principaux éléments de réponse aux questions posées au début de cette Étude :
- le refus opposé à l'origine par l'être humain, au projet créateur, entraîna un acte absolu
de recréation de l'univers, ce qui est la récapitulation ;
- le plan d'origine était crédible, car l'acquiescement humain est dynamique et s'affermit dans le bien, à
mesure de l'approfondissement spirituel de l'être humain ;
- l'une des intuitions fondamentales du christianisme est le fait que la mort n'est pas faite pour l'homme,
et l'a atteint comme un corps étranger ;
- Le mal qui existe dans le monde n'est pas uniquement la résultante des activités humaines, mais peut être
identifié comme le mal cosmique, dont la prétendue inévitabilité pose la question de la responsabilité du créateur ;
- considérant le monde tel qu'il est, l'affirmation que Dieu soit à la fois bon et tout-puissant est insoutenable,
à moins qu'il existe un plan du Salut, proposé par le Créateur ;
- après le refus originel opposé au plan divin, le tropos a changé, tandis que le logos est resté immuable.