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Le discours dans le Temple, lors de la fête des TentesQuels sont les objectifs que nous nous proposons d'atteindre ?
Toujours selon la même méthode, nous nous poserons la question suivante : « quel est le passage qui se présente APRÈS le
discours du Christ dans la synagogue de Capharnaüm ? »
Il s'agit du discours de Jésus dans le Temple, lors de la fête des
Tentes. C'est un texte d'une assez grande ampleur, puisqu'il couvre tout le chapitre 7 de l'Évangile de Jean (versets
1 à 52). Nous engloberons dans notre étude l'histoire de la femme adultère, qui suit immédiatement le discours dans le Temple,
au chapitre 8, versets 1 à 11.
Poursuivant avec notre méthode d'étude du texte en parallèle, nous nous poserons la question suivante : « quel est le passage
qui se présente AVANT le récit de la multiplication des pains ?
Il s'agit d'un important texte doctrinal en deux sections :
au chapitre 5, les versets 31 à 47 traitent du témoignage rendu au Fils, tandis que la section du texte qui se situe AVANT celui-ci
traite des relations qui existent entre le Père et le Fils (chapitre 5, versets 1 à 8). AVANT cette section du texte, figure
l'histoire de la guérison de l'infirme à la piscine de Béthesda, passage que nous englobons dans notre présente étude.
Nous pouvons deviner que ces textes qui sont plus longs que ce que nous avons scruté jusqu'à présent, exerceront davantage notre sagacité...
Nous verrons que l'histoire de la femme adultère et l'épisode de la guérison de l'infirme à la piscine de Béthesda, sont en fait des
inclusions, dont nous montrerons le parallélisme.
Bien sûr, nous rechercherons les Noms divins, parmi les textes étudiés, et explorerons le sens du message transmis par ces écrits.
- La première péricope avait comme cadre la mer de Galilée.
- La seconde, la montagne.
- Cette péricope se passe dans le Temple de Jérusalem, lors de la fête des Tentes.
Le Christ se montra comme un nouveau Moïse, lorsqu’Il traversa la mer à pied sec.
Il se montra comme un nouveau Moïse, lorsqu’Il nourrit son peuple affamé avec une nourriture qui vient du ciel.
Maintenant, Il se montre comme un nouveau Moïse, abreuvant son peuple assoiffé.
Et dans chaque cas, le Christ va bien plus loin que la préfiguration vétéro-testamentaire.
Après le pivot de l'Évangile, qu'est la Traversée de la mer (6; 16-21), nous avons scruté le Discours dans la synagogue de
Capharnaüm ((6; 22-71).
Après le Discours dans la synagogue de Capharnaüm, nous allons appliquer notre attention
à l'enseignement de Jésus à Jérusalem, à la Fête des Tentes (7; 1 - 8; 59). Il s'agit d'un texte d'une assez grande ampleur,
mais il est néanmoins utile de le lire in extenso :
Voici le texte : du chapitre 7, verset 1 au chapitre 8, verset 59 :
- Les première et dernière partie du texte apparaissent en VERT ;
- les deuxième et avant-dernière partie du texte apparaissent en BLEU ;
- la partie centrale apparaît en ROUGE ;
- tandis que l'inclusion apparaît en VIOLET.
7; 1. Après cela, Jésus parcourait la Galilée; il ne voulait pas en effet circuler en Judée, parce
que les Juifs cherchaient à le tuer.
2 Or la fête juive des Tentes était proche.
3 Ses frères lui dirent donc : « Passe d'ici en Judée, que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais :
4 on n'agit pas en secret, quand on veut être en vue. Puisque tu fais ces choses-là, manifeste-toi au monde. »
5 Pas même ses frères en effet ne croyaient en lui.
6 Jésus leur dit alors : « Mon temps n'est pas encore venu, tandis que le vôtre est toujours prêt.
7 Le monde ne peut pas vous haïr; mais moi, il me hait, parce que je témoigne que ses œuvres sont mauvaises.
8 Vous, montez à la fête ; moi, je ne monte pas à cette fête, parce que mon temps n'est pas encore accompli. »
9 Cela dit, il resta en Galilée.
10 Mais quand ses frères furent montés à la fête, alors il monta lui aussi, pas au grand jour, mais en secret.
11 Les Juifs le cherchaient donc pendant la fête et disaient : « Où est-il? »
12 On chuchotait beaucoup sur son compte dans les foules. Les uns disaient : « C'est un homme de bien. » D'autres disaient :
« Non, il égare la foule. »
13 Pourtant personne ne s'exprimait ouvertement à son sujet par peur des Juifs.
14 On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus monta au Temple et se mit à enseigner.
15 Les Juifs, étonnés, disaient : « Comment connaît-il les lettres sans avoir étudié ? »
16 Jésus leur répondit : « Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé.
17 Si quelqu'un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de moi-même.
18 Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, celui-là
est véridique et il n'y a pas en lui d'injustice.
19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et aucun de vous ne la pratique, la Loi! Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? »
20 La foule répondit : « Tu as un démon. Qui cherche à te tuer ? »
21 Jésus leur répondit : « Pour une seule œuvre que j'ai faite, vous voilà tous étonnés.
22 Moïse vous a donné la circoncision - non qu'elle vienne de Moïse mais des patriarches - et, le jour du sabbat,
vous la pratiquez sur un homme.
23 Alors, un homme reçoit la circoncision, le jour du sabbat, pour que ne soit pas enfreinte la Loi de Moïse,
et vous vous indignez contre moi parce que j'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?
24 Cessez de juger sur l'apparence; jugez selon la justice. »
25 Certains, des gens de Jérusalem, disaient : « N'est-ce pas lui qu'ils cherchent à tuer ?
26 Et le voilà qui parle ouvertement sans qu'ils lui disent rien! Est-ce que vraiment les autorités auraient reconnu qu'il est le Christ ?
27 Mais lui, nous savons d'où il est, tandis que le Christ, à sa venue, personne ne saura d'où il est. »
28 Alors Jésus, enseignant dans le Temple, s'écria : « Vous me connaissez et vous savez d'où je suis; et pourtant ce n'est pas de
moi-même que je suis venu, mais il m'envoie vraiment, celui qui m'a envoyé. Vous, vous ne le connaissez pas.
29 Moi, je le connais, parce que je viens d'auprès de lui et c'est lui qui m'a envoyé. »
30 Ils cherchaient alors à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
31 Dans la foule, beaucoup crurent en lui et disaient : « Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de signes que n'en a fait celui-ci ?
32 Les Pharisiens entendirent qu’on chuchotait ainsi à son sujet dans la foule. Ils envoyèrent des gardes pour le saisir.
33 Jésus dit alors : « Pour un peu de temps encore je suis avec vous, et je m'en vais vers celui qui m'a envoyé.
34 Vous me chercherez, et ne me trouverez pas ; et où je suis, vous ne pouvez pas venir. »
35 Les Juifs se dirent entre eux : « Où va-t-il aller, que nous ne le trouverons pas ?
Va-t-il rejoindre ceux qui sont dispersés chez les Grecs et enseigner les Grecs ?
36 Que signifie cette parole qu'il a dite : « Vous me chercherez et ne me trouverez pas ; et où je suis, vous ne pouvez pas venir" ? »
37 Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria : « Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne à moi, et qu'il boive,
38 celui qui croit en moi ! » selon le mot de l'Écriture : De son sein couleront des fleuves d'eau vive.
39 Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit,
parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
40 Dans la foule, plusieurs, qui avaient entendu ces paroles, disaient : « C'est vraiment lui le prophète! »
41 D'autres disaient : « C'est le Christ! » Mais d'autres disaient : « Est-ce de la Galilée que le Christ doit venir ?
42 L'Écriture n'a-t-elle pas dit que c'est de la descendance de David et de Bethléem, le village où était David,
que doit venir le Christ ? »
43 Une scission se produisit donc dans la foule, à cause de lui.
44 Certains d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne porta la main sur lui.
45 Les gardes revinrent donc trouver les grands prêtres et les Pharisiens.
Ceux-ci leur dirent : « Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? »
46 Les gardes répondirent : « Jamais homme n'a parlé comme cela! »
47 Les Pharisiens répliquèrent : « Vous aussi, vous êtes-vous laissé égarer ?
48 Est-il un des notables qui ait cru en lui ? ou un des Pharisiens ?
49 Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! »
50 Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit :
51 « Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait ! »
62 Ils lui répondirent : « Es-tu de la Galilée, toi aussi ? Étudie ! Tu verras que ce n'est pas de la Galilée que surgit le prophète. »
53 Et ils s'en allèrent chacun chez soi.
Ici prend place l'« inclusion de la femme adultère » (8; 1 - 11):
8 1 Quant à Jésus, il alla au Mont des Oliviers.
2 Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait.
3 Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère, et la plaçant au milieu,
4 ils disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.
5 Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ? »
6 Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser.
***
Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol.
***
7 Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d'entre vous qui est sans péché
lui jette le premier une pierre ! »
***
8 Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.
9 Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul,
avec la femme toujours là au milieu.
***
10 Alors, se redressant, Jésus lui dit : «Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ? »
11 Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »
8 12 Jésus leur adressa encore la parole. Il dit : « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera
pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. »
13 Les Pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même; ton témoignage n'est pas valable ».
14 Jésus leur répondit : « Bien que je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est valable,
parce que je sais d'où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez pas d'où je viens ni où je vais.
15 Vous, vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne ;
16 et s'il m'arrive de juger, moi, mon jugement est selon la vérité, parce que je ne suis pas seul;
mais il y a moi et celui qui m'a envoyé;
17 et il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux personnes est valable.
18 Je suis celui qui témoigne de moi-même, et pour moi témoigne le Père qui m'a envoyé ».
19 Ils lui disaient donc : « Où est ton Père ? » Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père;
si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ».
20 Il prononça ces paroles au Trésor, alors qu'il enseignait dans le Temple.
Personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
21 Jésus leur dit encore : « Je m'en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Où je vais, vous ne pouvez venir ».
22 Les Juifs disaient donc : « Va-t-il se donner la mort, qu'il dise : "Où je vais, vous ne pouvez venir" ? »
23 Et il leur disait : « Vous, vous êtes d'en bas; moi, je suis d'en haut. Vous, vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde.
24 Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés. Car si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans vos péchés. »
25 Ils lui disaient donc : « Qui es-tu? » Jésus leur dit : « Dès le commencement ce que je vous dis.
26 J'ai sur vous beaucoup à dire et à juger; mais celui qui m'a envoyé est véridique et je dis au monde ce que j'ai entendu de lui ».
27 Ils ne comprirent pas qu'il leur parlait du Père.
28 Jésus leur dit donc : « Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que Je Suis et que je ne fais rien de moi-même,
mais je dis ce que le Père m'a enseigné,
29 et celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît ».
30 Comme il disait cela, beaucoup crurent en lui.
31 Jésus dit alors aux Juifs qui l'avaient cru : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples
32 et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera.
33 Ils lui répondirent : « Nous sommes la descendance d'Abraham et jamais nous n'avons été esclaves de personne.
Comment peux-tu dire : Vous deviendrez libres ? »
34 Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave.
35 Or l'esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais.
36 Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres.
37 Je sais, vous êtes la descendance d'Abraham; mais vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne pénètre pas en vous.
38 Je dis ce que j'ai vu chez mon Père; et vous, vous faites ce que vous avez entendu auprès de votre père ».
39 Ils lui répondirent : « Notre père, c'est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous êtes enfants d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham.
40 Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j'ai entendue de Dieu.
Cela, Abraham ne l'a pas fait !
41 Vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ;
nous n'avons qu'un seul Père : Dieu. »
42 Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez. car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ;
je ne viens pas de moi-même ; mais lui m'a envoyé.
43 Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? C'est que vous ne pouvez pas entendre ma parole.
44 Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir.
Il était homicide dès le commencement, et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui :
quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge.
45 Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
46 Qui d'entre vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47 Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; si vous n'entendez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu »
48 Les Juifs lui répondirent : « N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon ? »
49 Jésus répondit : « Je n'ai pas un démon mais j'honore mon Père, et vous cherchez à me déshonorer.
50 Je ne cherche pas ma gloire ; il est quelqu'un qui la cherche et qui juge.
51 En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».
52 Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis :
"Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort ».
53 Es-tu donc plus grand qu'Abraham, notre père, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être ? »
54 Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien; c'est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites :
"II est notre Dieu",
55 et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais; et si je disais : "Je ne le connais pas", je serais semblable à vous,
un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole.
56 Abraham, votre père, exulta à la pensée qu'il verrait mon Jour. Il l'a vu et fut dans la joie. »
57 Les Juifs lui dirent alors : « Tu n'as pas cinquante ans, et tu as vu Abraham ! »
58 Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis. »
59 Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha et sortit du Temple.
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Première partie : 7 ; 1 – 36.
7; 1. Après cela, Jésus parcourait la Galilée; il ne voulait pas en effet circuler en Judée, parce
que les Juifs cherchaient à le tuer.
2 Or la fête (1) juive des Tentes était proche.
3 Ses frères lui dirent donc : « Passe d'ici en Judée, que tes disciples aussi voient les œuvres que tu fais :
4 on n'agit pas en secret, quand on veut être en vue. Puisque tu fais ces choses-là, manifeste-toi au monde. »
5 Pas même ses frères en effet ne croyaient en lui.
6 Jésus leur dit alors : « Mon temps n'est pas encore venu, tandis que le vôtre est toujours prêt.
7 Le monde ne peut pas vous haïr; mais moi, il me hait, parce que je témoigne que ses œuvres sont mauvaises.
8 Vous, montez à la fête (2) ; moi, je ne monte pas à cette fête (3), parce que mon temps n'est pas encore accompli. »
9 Cela dit, il resta en Galilée.
10 Mais quand ses frères furent montés à la fête (4), alors il monta lui aussi, pas au grand jour, mais en secret.
11 Les Juifs le cherchaient donc pendant la fête (5) et disaient : « Où est-il? »
12 On chuchotait beaucoup sur son compte dans les foules. Les uns disaient : « C'est un homme de bien. » D'autres disaient:
« Non, il égare la foule. »
13 Pourtant personne ne s'exprimait ouvertement à son sujet par peur des Juifs.
14 On était déjà au milieu de la fête (6), lorsque Jésus monta au Temple et se mit à enseigner.
15 Les Juifs, étonnés, disaient : « Comment connaît-il les lettres sans avoir étudié ? »
16 Jésus leur répondit : « Ma doctrine n'est pas de moi, mais de celui qui m'a envoyé.
17 Si quelqu'un veut faire sa volonté, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de moi-même.
18 Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l'a envoyé, celui-là
est véridique et il n'y a pas en lui d'injustice.
19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et aucun de vous ne la pratique, la Loi! Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? »
20 La foule répondit : « Tu as un démon. Qui cherche à te tuer ? »
21 Jésus leur répondit : « Pour une seule œuvre que j'ai faite, vous voilà tous étonnés.
22 Moïse vous a donné la circoncision - non qu'elle vienne de Moïse mais des patriarches - et, le jour du sabbat,
vous la pratiquez sur un homme.
23 Alors, un homme reçoit la circoncision, le jour du sabbat, pour que ne soit pas enfreinte la Loi de Moïse,
et vous vous indignez contre moi parce que j'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?
24 Cessez de juger sur l'apparence; jugez selon la justice. »
25 Certains, des gens de Jérusalem, disaient : « N'est-ce pas lui qu'ils cherchent à tuer ?
26 Et le voilà qui parle ouvertement sans qu'ils lui disent rien! Est-ce que vraiment les autorités auraient reconnu qu'il est le Christ ?
27 Mais lui, nous savons d'où il est, tandis que le Christ, à sa venue, personne ne saura d'où il est. »
28 Alors Jésus, enseignant dans le Temple, s'écria : « Vous me connaissez et vous savez d'où je suis; et pourtant ce n'est pas de
moi-même que je suis venu, mais il m'envoie vraiment, celui qui m'a envoyé. Vous, vous ne le connaissez pas.
29 Moi, je le connais, parce que je viens d'auprès de lui et c'est lui qui m'a envoyé. »
30 Ils cherchaient alors à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
31 Dans la foule, beaucoup crurent en lui et disaient : « Le Christ, quand il viendra, fera-t-il plus de signes que n'en a fait celui-ci ?
32 Les Pharisiens entendirent qu’on chuchotait ainsi à son sujet dans la foule. Ils envoyèrent des gardes pour le saisir.
33 Jésus dit alors : « Pour un peu de temps encore je suis avec vous, et je m'en vais vers celui qui m'a envoyé.
34 Vous me chercherez, et ne me trouverez pas ; et où je suis, vous ne pouvez pas venir. »
35 Les Juifs se dirent entre eux : « Où va-t-il aller, que nous ne le trouverons pas ?
Va-t-il rejoindre ceux qui sont dispersés chez les Grecs et enseigner les Grecs ?
36 Que signifie cette parole qu'il a dite : « Vous me chercherez et ne me trouverez pas ; et où je suis, vous ne pouvez pas venir" ? »
La Fête des Tentes :
La « Fête des Tentes » est d’une importance particulière : elle est nommée en tant que telle : skènopègia. Le mot heortè - fête figure à sept reprises dans le texte : 7, 2 – 8a – 8b – 10 – 11 – 14 – 37. Le « milieu de la fête » est spécifié au verset 14, et la dernière mention – au verset 37 (qui commence la péricope suivante), est soulignée : « le dernier jour, le grand, de la fête ».
Le signe de contradiction :
La péricope précédente nous montrait que le message du Christ est un signe de contradiction : les foules sont scandalisées
par un enseignement qu’elles repoussent, et par contre, le petit reste des Disciples fait une démarche de Foi ; ils disent au Christ :
« Tu as les paroles de la Vie éternelle » (6 ; 68).
Ici, ce signe de contradiction induit des conséquences plus profondes : l’heure vient où le peuple d’Israël est placé
devant le choix : accepter ou repousser Dieu venu parmi les hommes – assumer sa vocation spirituelle et historique,
ou éliminer Celui qui dérange ses sordides calculs politiques. Le refus d’Israël sera lourd de conséquences.
La péricope commence par la proposition introductive : « Après cela, Jésus parcourait la Galilée ». Il est persona non grata
en Judée, à cause de l’hostilité des Juifs.
Ses frères lui disent : « montre-toi, cela te fera de la publicité, cela sera bon pour ton image médiatique » (v. 4 – 5).
« Car même ses frères ne croyaient pas en lui ». Le monde hait le Christ, car Il dévoile le fait que les œuvres du monde sont
mauvaises (v. 7). En effet, l’œuvre de Dieu est de croire en celui que le Père envoie. Le monde ne croit pas : ses œuvres
ne sont pas celles de Dieu.
Le critère de véracité de l'enseignement du Christ :
Au milieu de la fête, Jésus apparaît dans le Temple et se met à enseigner :
« Mon enseignement n’est pas mien, mais de Celui qui m’a envoyé » (7 ; 16).
« Si quelqu’un qui veut faire sa volonté (celle de Celui qui a envoyé le Christ), il connaîtra à propos de cet enseignement,
s’il est de Dieu, ou si Je parle de moi-même » (v. 17).
« Celui qui parle de lui-même cherche sa propre gloire ; Celui qui cherche la gloire de Celui qui l’a envoyé, celui-ci est vrai,
et il n’y a pas d’injustice en Lui » (v. 18).
Cet enseignement est important : le critère de véracité de la prédication du Fils de l’Homme est le fait que cet enseignement
est celui du Père, et non pas l’opinion d’un individu, serait-il prophète.
Dans l’ancienne Loi, le témoignage d’un seul témoin ne suffisait pas : « on ne pourra être condamné à mort qu’au dire de deux ou
trois témoins ; on ne sera pas mis à mort au dire d’un seul témoin » (Dt. 17 ; 6 aussi 19 ; 15). Cette prescription paraît assez
étrange : il est facile de trouver deux menteurs pour faire condamner un innocent ! Tout au plus peut-on dire que nous sommes
en présence d’une tentative élémentaire destinée à modérer un tant soit peu l’arbitraire d’une justice primitive.
Ce passage scripturaire est prophétique : le Christ a été condamné de façon inique par le Sanhédrin, alors même qu’on n’était
pas parvenu à trouver deux témoignages concordants pour l’incriminer (Mc. 15; 56 et 59). Et positivement, le message
de Salut est porté par DEUX témoins, le Christ et le Père.
La notion de « gloire » :
Nous découvrons un deuxième point important : le Christ cherche la gloire de Celui qui l’a envoyé, le Père. La gloire
de Dieu, c’est l’homme vivant, dit saint Irénée (Adv. Haer. IV 20, 7 – p. 474). La gloire de Dieu consiste en ce que sa créature
faite « à l’image » ne reste pas dans l’impasse de la mort biologique, ne se limite pas à un rôle de robot biologique, mais
retrouve la voie de la Ressemblance, se connecte à nouveau avec la Vie donnée par le Père. Le Christ, en réalisant l’« Économie divine »,
l’œuvre du Salut, fait rayonner à nouveau dans la Création le Soleil divin qu’est le Père, qui vivifie de ses rayons la créature
humaine. L’accomplissement de cette œuvre du Salut est la « gloire du Père ».
Quand le saint Evangéliste Jean nous dit : « il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que le Christ n’avait pas encore été
glorifié » (Jn 7 ; 39), la « glorification » du Christ étant le continuum Passion-Résurrection, ce n’est pas pour le
plaisir de dire des choses paradoxales. Il désigne la Passion comme « glorification », non pas pour désigner une chose par
son contraire, mais bien parce que l’œuvre du Salut est authentiquement et pleinement la « gloire » du Père, le déploiement
dans le temps de la Volonté divine.
L'inaccomplissement de la Loi :
Le Christ constate : « Moïse ne vous a-t-il pas donné la Loi ? Et personne d’entre vous n’accomplit cette Loi » (7 ; 19). Comme
nous venons de le voir, la condamnation à mort du Christ par le Sanhédrin fut faite en enfreignant la Loi.
Personne n’observe la Loi ; c’est la grande constatation que répète saint Paul dans l’épître aux Romains : tous sont pécheurs - la Loi
est incapable de purifier les êtres humains de leurs imperfection et d’annuler leur éloignement de Dieu (dans l'épître aux Romains,
saint Paul cite à cet effet le Psaume 14 : « Il n'est pas de juste, pas un seul.. » Rm. 3 ; 10). La Loi, du fait qu’on ne
l’observe pas, ne fait rien d’autre que de nous faire prendre conscience de notre état de pécheurs.
Le démon menteur et meurtrier ; la question du choix :
« Pourquoi voulez-vous me tuer ? »
La foule répondit : « Tu as un démon : qui veut te tuer ? »
Dans l’épisode du « Pain de Vie », nous avons vu s’esquisser la division qui s’opère entre ceux qui s’ouvrent à la Vérité et
qui disent au Christ : « Tu as les Paroles de Vie », et ceux qui rejettent l’enseignement du Christ et dont le rejet transforme
leur cœur en pierre dure. La présence du Christ provoque un choix : chacun se situe « pour » ou « contre », avec des conséquences
qui se répercutent au plus profond de l’être de chacun : il s’agit d’une option vers la lumière ou l’obscurité.
Ici, le démon est menteur depuis les origines : la foule nie qu’elle veut tuer le Christ, mais la pensée de ce meurtre est déjà
inscrite dans leur cœur – et c’est dans le cœur que s’inscrit le péché. La foule accomplit le péché contre l'Esprit : elle dit
au Christ « tu as un démon » (v. 20) :
Si l’on attribue au Prince des Ténèbres la capacité qu’a le Christ de faire des actes qui surpassent les forces et les lois de la Nature, nous serons incapables de discerner dans ces actes un signe de Dieu. Nous désamorçons dès le départ la capacité salvifique que possèdent les Signes accomplis par le Christ. C’est pourquoi le péché contre l'Esprit « ne sera remis ni en ce monde ni dans l’autre » (Mt. 12 ; 32).
Les doutes des exégètes :
Les exégètes font la remarque suivante : « En 7 ; 19–23, Jésus se justifie d’avoir guéri un homme durant le sabbat (7 ; 23 : un homme
reçoit la circoncision, le jour du sabbat, pour que ne soit pas enfreinte la Loi de Moïse, et vous vous indignez contre moi
parce que j'ai guéri un homme tout entier le jour du sabbat ?) et cette guérison ne peut être que celle qui est racontée en 5 ; 1 ss.
(le guérison du paralytique de Béthesda) ; mais, d’après les fêtes mentionnées en 5 ; 1 (« il y eut une fête » sans doute celle
de la Pentecôte), 6 ; 4 (« la Pâque, la fête des Juifs, était proche ») et 7 ; 2 (« la fête juive des Tentes approchait ») il se
serait passé au moins une dizaine de mois entre la guérison et la justification qu’en donne Jésus !»
- Eh bien justement ! Lors du discours sur l’Eau Vive, lors de la fête des Tabernacles, le Christ fait allusion à la guérison
du paralytique précisément parce que, dans le texte, la péricope du paralytique de Béthesda (5 ; 1 – 47) est parallèle à l’inclusion
de la femme adultère, qui est comprise dans l’ensemble que constitue le discours sur l’Eau Vive (7 ; 1 – 8 ; 59).
C’est le parallèle qui explique la présence de cette allusion, malgré la séquence temporelle qui a pu éventuellement exister
entre ces événements.
Une lecture purement linéaire de L’Évangile de Jean ne peut rendre compte de sa signification. Il est nécessaire de le lire en
tenant compte de la structure que l’Évangéliste a voulu y apporter, structure qui est elle-même porteuse de sens.
Voici une autre apparente contradiction de l’Évangile de Jean, décelée par les exégètes : en 7 ; 32, nous lisons : « les Pharisiens
entendirent qu’on chuchotait ainsi à son sujet dans la foule. Ils envoyèrent des gardes pour le saisir. » Or, en 7 ; 45, nous
lisons : « Les gardes revinrent donc trouver les grands prêtres et les Pharisiens. Ceux-ci leur dirent : Pourquoi ne l'avez-vous
pas amené ? » Or le retour des gardes se situe trois ou quatre jours après qu’ils aient été envoyés, puisque dans le verset 37,
nous lisons que Jésus prononça le discours de l’Eau vive « le dernier jour de la fête ». Et c’est après cela que les gardes
rendirent compte de leur mission aux Pharisiens.
Posons-nous la question : où se trouvent ces versets ?
Le verset 7 ; 32, où nous voyons des gardes envoyés pour saisir Jésus, se trouve à la fin de la première partie de la
péricope (7 ; 1 – 36), qui est parallèle à la dernière partie de celle-ci (8 ; 33 – 59).
Dans la première partie, il s’agit du discours fait dans le Temple, au milieu de la fête, où le Christ affirme que sa doctrine
provient de Celui qui l’a envoyé (7 ; 16) - le Père - et que Celui qui l’a envoyé connaît Jésus, parce que Jésus vient
d’auprès de Lui (7 ; 29), c’est-à-dire du Père – que les Juifs ne connaissent pas (7 ; 28). Il y avait largement de quoi,
aux yeux des Juifs, faire arrêter Jésus…
Le verset 7 ; 45 est le premier verset de la partie centrale de la péricope (7 ; 45 – 53), qui commence par le retour
des gardes (v. 45), et finit par le retour de chacun chez soi (v. 53). Cette partie centrale met en évidence le verset 48 :
« est-il un seul des notables qui ait cru en lui ou un seul des Pharisiens ? »
Ces textes en symétrie encadrant une partie centrale, ont la richesse de pouvoir présenter un faisceau d'événements sous
plusieurs éclairages différents, afin de faire émerger une vérité. Un récit simplement linéaire n'a pas cette capacité.
Ici, cette question de gardes et d'arrestation de Jésus, sont autant d'expressions de cette vérité centrale : aucun de ceux
qui ont le Pouvoir n'a fait la démarche de la Foi, en écho à l’enseignement, aux miracles et à la présence de Jésus.
Nous voici
bien loin des trois ou quatre jours qui se seraient écoulés entre la mission donnée aux gardes et leur retour
auprès des grands prêtres et des Pharisiens, suivant une lecture univoque et linéaire du texte.
Le désaveu de la puissance :
Dans les textes archaïques de l'Ancien Testament, la bénédiction divine est automatiquement liée à la puissance et la richesse.
Si vous êtes riche et puissant, c'est que Dieu vous bénit.
On s'est aperçu à la longue que la réalité ne correspondait pas à
ce schéma idéal. Une correction y a été apportée : si vous êtes riche et puissant et que les éléments vous ont ruiné, il faut
rester fidèle à Dieu. Et si vous restez fidèle à Dieu, à un moment donné, la richesse et la puissance vont vous être rendues,
sous forme de bétail et de descendance mâle. C'est ce que nous trouvons dans le livre de Job.
Finalement, même cette correction n'a pas été satisfaisante. Et l'on en vint à la notion du « Reste » : malgré la trahison
des riches et des puissants envers Dieu, il subsistera un Reste du peuple d'Israël, Reste qui maintiendra sa fidélité à Dieu.
C'est à ce Reste que la Révélation sera adressée, laissant dans l'ignorance les riches et les puissants de ce monde.
L'Évangile mène cette conception à sa plénitude : la Révélation est adressée aux humbles et aux petits, à Joseph et à Marie,
ainsi qu'aux bergers dans les champs, et est cachée aux riches et aux puissants, et en particulier au roi Hérode.
Cette conception est également manifeste dans les Noces de cana, où le miracle est montré aux serviteurs et compris par eux,
tandis qu'il reste ignoré par « ceux qui comptent ». En mettant à mort le Fils de l'Homme, les riches et les puissants se sont
définitivement disqualifiés par rapport à la Vérité. Cette conception va s'approfondir encore dans l'Apocalypse, ou c'est la
puissance dominante, l'Empire romain, qui est perçue comme étant le siège du mal.
- Retournons à l'étude du texte :
Nous pouvons dire que le centre du texte de la première partie est cette affirmation du Christ :
Le Christ a pourtant fait plusieurs choses : « si on les relatait en détail, le monde même ne suffirait pas, je pense, à contenir les livres qu’on en écrirait » (Jn. 21 ; 25). Mais l’œuvre du Christ est UNE : il guérit l’homme tout entier :
parallèle à : Dernière partie : 8 ; 33 – 59.
33 Ils lui répondirent : « Nous sommes la descendance d'Abraham et jamais nous n'avons été esclaves de personne.
Comment peux-tu dire : Vous deviendrez libres ? »
34 Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave.
35 Or l'esclave ne demeure pas à jamais dans la maison, le fils y demeure à jamais.
36 Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres.
37 Je sais, vous êtes la descendance d'Abraham; mais vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne pénètre pas en vous.
38 Je dis ce que j'ai vu chez mon Père; et vous, vous faites ce que vous avez entendu auprès de votre père ».
39 Ils lui répondirent : « Notre père, c'est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous êtes enfants d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham.
40 Or maintenant vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j'ai entendue de Dieu.
Cela, Abraham ne l'a pas fait !
41 Vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ;
nous n'avons qu'un seul Père : Dieu. »
42 Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez. car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ;
je ne viens pas de moi-même ; mais lui m'a envoyé.
43 Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? C'est que vous ne pouvez pas entendre ma parole.
44 Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir.
Il était homicide dès le commencement, et n'était pas établi dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui :
quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, parce qu'il est menteur et père du mensonge.
45 Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas.
46 Qui d'entre vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47 Qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ; si vous n'entendez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu »
48 Les Juifs lui répondirent : « N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu as un démon ? »
49 Jésus répondit : « Je n'ai pas un démon mais j'honore mon Père, et vous cherchez à me déshonorer.
50 Je ne cherche pas ma gloire ; il est quelqu'un qui la cherche et qui juge.
51 En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».
52 Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et tu dis :
"Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera jamais de la mort ».
53 Es-tu donc plus grand qu'Abraham, notre père, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts. Qui prétends-tu être ? »
54 Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien; c'est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites :
"II est notre Dieu",
55 et vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais; et si je disais : "Je ne le connais pas", je serais semblable à vous,
un menteur. Mais je le connais et je garde sa parole.
56 Abraham, votre père, exulta à la pensée qu'il verrait mon Jour. Il l'a vu et fut dans la joie. »
57 Les Juifs lui dirent alors : « Tu n'as pas cinquante ans, et tu as vu Abraham ! »
58 Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham existât, Je Suis. »
59 Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha et sortit du Temple.
La péricope commence par l’expression introductive : « ils lui répondirent » et se termine
par la sortie de Jésus du Temple.
Autres doutes des exégètes :
Les exégètes font la remarque suivante :
« Durant les trois ou quatre derniers jours de la fête des
Tentes (7 ; 14 – 37), il y a quatre tentatives d’arrêter Jésus :
- (7 ; 30) Ils cherchaient alors à le saisir, mais personne ne porta la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
- (7 ; 32) On chuchotait ainsi dans la foule à son sujet parvinrent aux oreilles des Pharisiens. Ils envoyèrent des gardes pour le saisir.
- (7 ; 44) Certains d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne porta la main sur lui.
- (8 ; 20) Il prononça ces paroles au Trésor, alors qu'il enseignait dans le Temple. Personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était
pas encore venue.
- et un essai de le lapider (8 ; 59) : Ils ramassèrent alors des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha et sortit du Temple.
C’est beaucoup ! »
Est-ce vraiment beaucoup ?
- La première tentative, en 7 ; 30, suit l’affirmation de Jésus « Vous, vous ne Le connaissez pas. Moi, je Le
connais (le Père), parce que Je viens d’auprès de Lui, et que c’est Lui qui M’a envoyé ». Le Christ affirme qu’Il connaît le Dieu que
Moïse ne pouvait voir, qu’Il vient d’auprès de Lui et que le Père L’envoie. Il y avait largement de quoi faire arrêter Jésus,
en milieu juif.
- À l’attention des Pharisiens, Jésus affirme : « où je suis, Moi, vous ne pouvez venir ».
- Après le discours de l’Eau vive, personne ne porta la main sur Jésus.
- Au Trésor, Jésus donne la Révélation du nom divin : « JE SUIS la Lumière du monde ».
Personne ne l’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue.
- Quant à l’essai de lapidation, il se produisit après que Jésus
ait affirmé : « avant qu’Abraham fût JE SUIS ». Cela était considéré comme un blasphème majeur par les Juifs, qui connaissaient
la signification de telles paroles.
Chaque tentative d’arrestation ou d’assassinat de Jésus est consécutive à une affirmation doctrinale.
Au moins, les Juifs savaient pourquoi ils voulaient réduire Jésus au silence. Les exégètes, dans leur incroyance, ne saisissent plus
le sens de ce qu’affirme Jésus, et comme sa revendication de la Divinité leur est étrangère, ils ne comprennent plus pourquoi on
en voulait à ce point à la vie du Seigneur.
Les parallélismes entre la première et la dernière partie du texte :
Le parallèle le plus évident avec la première partie (7; 20 // 8; 52) est l’exclamation de la foule :
Elle commet le péché contre l'Esprit, qui est le point de non-retour dans le refus de Dieu.
- Le Christ guérit l’homme tout entier, alors que la Loi ne fait que le circoncire (7 ; 21 – 24).
- Dans le même sens, le Christ nous donne cet enseignement important, souligné par l’expression : « Amen, Amen, je vous le dis,
si quelqu’un garde ma Parole, il ne contemplera pas la mort dans les siècles » (8 ; 51). La fidélité à la Parole est gage de Vie
éternelle.
L’autre enseignement important, souligné lui aussi par l’expression « Amen, Amen, je vous le dis », est celui-ci : « tout homme qui
commet le péché est un esclave (…) si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (v. 34 – 36). Le péché met l’homme
en esclavage. Le Christ propose d’affranchir l’être humain, de sorte que l’être humain soit libre, et fils à son tour. En qualité
de Fils, il restera toujours dans la maison / Royaume.
- Dans la première partie, Jésus dit à la foule : « pourquoi voulez-vous me tuer ? » (7; v. 19)
- Ici, Il dit : « vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne demeure pas en vous (8; v. 37).
L’œuvre du Christ est de guérir l’homme tout entier.
L’œuvre de l’être humain est de croire au Christ et au Père qui l’envoie.
Ceux qui se prétendent « fils d’Abraham » du fait de leur ascendance, prétendent être « génétiquement libres », mais la vraie
liberté se situe envers le péché.
Si les Juifs étaient véritablement les fils d’Abraham, ils feraient les œuvres d’Abraham (v. 39), qui a cru en la voix de Dieu qui
lui était envoyée.
Si les Juifs étaient les fils du Père, ils aimeraient le Christ qu’Il a envoyé (v. 42).
vous avez comme père le Diable (v. 44)
et ce sont les désirs du Diable que vous voulez accomplir.
Dès l’origine, ce fut un homicide.
il est menteur et père du menteur.
- en contraste absolu avec le Père qui est Vrai - alèthès estin (7 ; 18).
Deux logiques s’affrontent : les fils du Diable, qui sont esclaves, qui veulent tuer, et n’entendent pas la Parole de Celui
qui est envoyé, parce qu’ils ne sont pas de Dieu (8 ; 47) – et ceux qui gardent la Parole, le Verbe, qui aiment Celui qui a envoyé
le Verbe, et qui ne verront pas la mort (8 ; 51).
Jésus reprend les paroles sur la gloire qu’il affirmait dans le première partie :
- « Celui qui cherche la gloire de Celui qui l’a envoyé, Celui-ci est vrai, et il n’y a pas d’injustice en Lui » (7 ; 18).
- « Si Je me glorifiais moi-même, ma gloire ne serait rien ; c’est mon Père qui me glorifie » (8 ; 54) « Moi, Je Le connais » (v. 55)
« Les Juifs lui disent alors : tu n’as pas cinquante ans, et tu as vu Abraham ? » (8 ; 57)
Suit la réponse du Christ (8; 58) :
C’est l’affirmation solennelle et fracassante de la Divinité du Christ, qui assume le Nom divin, et du fait
qu’il est coéternel au Père.
Les Juifs le comprennent immédiatement, et veulent Le lapider.
Jésus se cacha - ekrubè - et sortit du Temple. Le Temple est désormais veuf de la Présence divine : ce n’est plus désormais
qu’un amoncellement de pierres, dépourvu de toute signification spirituelle, et promis à la destruction prochaine. De même le peuple
d'Israël qui a failli à sa vocation, s’opposera au Christ et par là, travaillera à sa perte.
Deuxième partie : 7 ; 37 – 44.
37 Le dernier jour de la fête (7), le grand jour, Jésus, debout, s'écria : « Si quelqu'un a soif,
qu'il vienne à moi, et qu'il boive,
38 celui qui croit en moi ! » selon le mot de l'Écriture : De son sein couleront des fleuves d'eau vive.
39 Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui; car il n'y avait pas encore d'Esprit,
parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié.
40 Dans la foule, plusieurs, qui avaient entendu ces paroles, disaient : « C'est vraiment lui le prophète! »
41 D'autres disaient : « C'est le Christ! » Mais d'autres disaient : « Est-ce de la Galilée que le Christ doit venir ?
42 L'Écriture n'a-t-elle pas dit que c'est de la descendance de David et de Bethléem, le village où était David,
que doit venir le Christ ? »
43 Une scission se produisit donc dans la foule, à cause de lui.
44 Certains d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne porta la main sur lui.
Cette partie est introduite par une précision temporelle :
Jésus, debout, s’écria disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, comme dit l’Ecriture,
de son sein (du croyant) couleront des fleuves d’eau vive » (7 ; 37 – 38).
L’Evangéliste Jean s’assure que nous comprenions bien ce dont il s'agit: « Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui
croient en Lui ; car il n’y avait pas encore d’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié » (v. 39) - nous avons vu
plus haut dans quel sens cette « glorification » peut être comprise.
Dans le passage que nous considérons, Jésus Lui-même nous invite à consulter les Écritures. Le prophète Zacharie nous donne – dans
l’ordre de leur déroulement - de nombreuses prophéties de la Passion du Seigneur :
- les Rameaux : « Il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petite d’une ânesse » (Za 9 ; 9).
- la trahison de Judas : « ils pesèrent mon salaire : trente sicles d’argent » (Za 11 ; 12) « Jette-le au trésor, le beau prix auquel
ils m’apprécièrent » (v. 13) « Ensuite je brisai mon deuxième bâton Union (le premier est Faveur qui vient d’être rompu pour signifier
la rupture de l’Alliance que le Seigneur avait conclue avec tous les peuples) pour rompre la fraternité entre Juda et Israël » (v. 14) :
désormais, Juda – le peuple juif – ne fait plus partie du Peuple élu, l’Israël de la Nouvelle Alliance.
- la Crucifixion : « ils regarderont vers Celui qu’on a transpercé : ils feront sur Lui la lamentation comme on la fait pour un fils
unique et ils le pleureront comme on pleure un premier-né » (Za 12 ; 10).
- la dispersion des Disciples : « Je veux frapper le Pasteur pour que soient dispersées les brebis » (Za 13 ; 7).
- l’Ascension : « Ses pieds, en ce jour, se poseront sur la montagne des Oliviers, qui fait face à Jérusalem du côté
de l’Orient » (Za 14 ; 4).
- la Pentecôte : « en ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la mer orientale, moitié vers la mer
occidentale (signe d’universalité) ; été comme hiver, elles resteront vives » (Za 14 ; 8).
Tout à la fin de la prophétie de Zacharie, nous trouvons ces mots révélateurs : « tous les survivants de toutes les nations
qui auront marché contre Jérusalem monteront d’année en année se prosterner devant le Roi Seigneur Sabaoth et célébrer la
fête des Tentes (Za 14 ; 16).
C’est donc bien de cette prophétie que parle le Seigneur.
Ezéchiel nous parle aussi d’une source d’eau vive : « Il me ramena à l’entrée du Temple, et voici que de l’eau sortait de sous
le seuil du Temple, vers l’Orient » (Ez 47 ; 1 – 12). Cette source s’en va en devenant un fleuve infranchissable, où le poisson
est très abondant, et où fourmille la vie. Sur ses rives croissent toutes sortes d’arbres fruitiers sont le feuillage ne se
flétrit pas, dont le fruits sont une nourriture, et les feuilles un remède.
À l’écoute de l'enseignement de Jésus, la foule se divise : schisma egeneto (verset 43), les uns croyant au Christ, les autres
se référant à la prophétie qui désigne Bethléem comme lieu de naissance du Messie.
Personne n’ose porter la main sur Jésus.
Pourquoi cet enseignement sur l’Eau vive, en cet endroit du texte ?
L’« émeraude spirituelle » qui nous avait été donnée dans la péricope précédente traitait des relations Père / Fils, et de notre
découverte du Père par le Fils. Maintenant, il est temps de parler de l'Esprit :
Celui qui croit au Christ,
c’est du Christ qu’il recevra l'Esprit.
Une fois empli de l'Esprit,
le croyant deviendra lui-même
une Fontaine vivifiante.
Pour trouver le passage symétrique à celui-ci, il faut sauter par-dessus le centre-charnière du récit (les gardes revenant auprès des Pharisiens) et le récit de la « femme adultère », qui est une inclusion dont nous traiterons ultérieurement.
parallèle à : Avant-dernière partie : 8 ; 12 – 31.
8 12 Jésus leur adressa encore la parole. Il dit :
« Je Suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. »
13 Les Pharisiens lui dirent alors : « Tu te rends témoignage à toi-même; ton témoignage n'est pas valable ».
14 Jésus leur répondit : « Bien que je me rende témoignage à moi-même, mon témoignage est valable,
parce que je sais d'où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez pas d'où je viens ni où je vais.
15 Vous, vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne ;
16 et s'il m'arrive de juger, moi, mon jugement est selon la vérité, parce que je ne suis pas seul;
mais il y a moi et celui qui m'a envoyé;
17 et il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux personnes est valable.
18 Je Suis celui qui témoigne de moi-même,
et pour moi témoigne le Père qui m'a envoyé ».
19 Ils lui disaient donc : « Où est ton Père ? » Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père;
si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ».
20 Il prononça ces paroles au Trésor, alors qu'il enseignait dans le Temple.
Personne ne se saisit de lui, parce que son heure n'était pas encore venue.
21 Jésus leur dit encore : « Je m'en vais et vous me chercherez et vous mourrez dans votre péché. Où je vais, vous ne pouvez venir ».
22 Les Juifs disaient donc : « Va-t-il se donner la mort, qu'il dise : "Où je vais, vous ne pouvez venir" ? »
23 Et il leur disait : « Vous, vous êtes d'en bas;
moi, Je Suis d'en haut.
Vous, vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde.
24 Je vous ai donc dit que vous mourrez dans vos péchés. Car
si vous ne croyez pas que Je Suis, vous mourrez dans vos péchés. »
25 Ils lui disaient donc : « Qui es-tu? » Jésus leur dit : « Dès le commencement ce que je vous dis.
26 J'ai sur vous beaucoup à dire et à juger; mais celui qui m'a envoyé est véridique et je dis au monde ce que j'ai entendu de lui ».
27 Ils ne comprirent pas qu'il leur parlait du Père.
28 Jésus leur dit donc :
« Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous saurez que Je Suis
et que je ne fais rien de moi-même,
mais je dis ce que le Père m'a enseigné,
29 et celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît ».
30 Comme il disait cela, beaucoup crurent en lui.
31 Jésus dit alors aux Juifs qui l'avaient cru : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples
32 et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera.
Cette partie commence par la formule introductive : « Jésus leur adressa encore la parole. Il
dit - » (ch. 8, v. 12)
Suit immédiatement la nouvelle Révélation du Nom :
C’est un pur diamant que nous offre ici le Christ : une pierre de la plus belle eau, plus précieuse que
tout bijou sur cette terre. Tout le Christianisme peut être compris en terme de Lumière : le Christ est la Lumière du monde ;
nous sommes appelés à une transparence nouvelle, à l’écoute de sa Parole, et à devenir nous-mêmes un vecteur de la divine Clarté
pour notre prochain et pour l’univers entier. Par contre, ceux qui se détournent du Christ et de son Évangile entrent volontairement
dans les ténèbres, qui ne sont pas seulement un manque de lumière, mais ont une épaisseur et un poids propres.
De nouveau les Pharisiens, comme dans la première partie, soulèvent l’objection du témoignage fait par soi-même. Jésus leur répond :
« vous jugez selon la chair ; Moi, Je ne juge personne » (v. 15).
Ceci est illustré par l’épisode de la femme adultère (8 ; 1 – 11).
Cette discussion se termine par le constat : « vous ne connaissez ni Moi ni mon Père » (v. 19)
Dans cette partie, nous avons une « cascade » de Noms divins :
JE SUIS la Lumière du monde (v. 12)
vous ne savez ni d’où Je viens ni où Je vais ;
JE SUIS Celui qui témoigne de Moi-même (v. 18)
vous ne Me connaissez ni Moi ni mon Père ;
JE SUIS d’En-Haut ; Je ne suis pas de ce monde (v. 23)
vous êtes d’en-bas ; vous êtes de ce monde ;
Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés (v. 24) – J’ai beaucoup à dire de vous, beaucoup à condamner ;
Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme, vous saurez que JE SUIS (v. 27) – comme Il disait cela, beaucoup crurent en Lui (v. 30).
Le Fils de l’Homme sera élevé ; ceux qui ne croient pas en Lui périssent dans leur péché.
Existe-t-il un parallèle entre cette partie, et la partie qui parle de l’Eau vive, qui devrait lui être symétrique ?
- dans les deux cas, il s’agit d’un discours dans le Temple ;
- dans les deux cas, on ne parvint pas à L’arrêter : « certains voulaient L’arrêter, mais personne ne porta la main sur
Lui » (7; 44) – « personne ne L’arrêta, parce que son heure n’était pas encore venue » (7 ; 20) ;
- d’une part, se produit une contestation concernant le lieu d’origine de Jésus ; d’autre part, Jésus affirme : « Je sais
d’où Je suis venu et où je vais » (8 ; 14) et « Je suis d’En-Haut » (v. 23).
- la foule se divise à cause de Jésus (7 ; 43) et d’autre part, les Pharisiens émettent des opinions négatives tandis
que « beaucoup » croient en Lui (8 ; 30).
Partie centrale : 7 ; 45 – 53.
Venons-en à la charnière présente au milieu de la péricope. Ce court texte commence par le retour des gardes, et se termine par le retour de chacun chez soi. Les gardes qui reviennent devant le Grand-Prêtre et les Pharisiens leur disent : « jamais homme n’a parlé comme cet homme ! » (8 ; 46).
8 45 Les gardes revinrent donc trouver les grands prêtres et les Pharisiens.
Ceux-ci leur dirent : « Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? »
46 Les gardes répondirent : « Jamais homme n'a parlé comme cela! »
47 Les Pharisiens répliquèrent : « Vous aussi, vous êtes-vous laissé égarer ?
48 Est-il un des notables qui ait cru en lui ? ou un des Pharisiens ?
49 Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! »
50 Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit :
51 « Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait ! »
62 Ils lui répondirent : « Es-tu de la Galilée, toi aussi ? Étudie ! Tu verras que ce n'est pas de la Galilée que surgit le prophète. »
53 Et ils s'en allèrent chacun chez soi.
- Les Pharisiens reprochent à la foule de ne pas connaître la Loi et jugent le peuple en le maudissant ;
- Nicodème montre qu’ils ne connaissent pas la Loi en matière de jugement.
De même que le Grand-Prêtre a fait une prophétie involontaire en affirmant qu’il vaut mieux qu’un seul homme périsse pour
tout le peuple (Jn 11 ; 50), ici, les Pharisiens se condamnent eux-mêmes, en posant cette question : « est-il un seul des notables
qui ait cru en Lui ou un seul des Pharisiens ? » (8 ; 48) Pourtant, la réponse est « Oui », en la personne de Nicodème.
Dans la présentation générale du texte, l'inclusion de la « femme adultère » apparaissait en VIOLET.
Pour plus de clarté, nous allons présenter ce texte avec une alternance de vert et de rouge :
8 1 Quant à Jésus, il alla au Mont des Oliviers.
2 Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait.
3 Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère, et la plaçant au milieu,
4 ils disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.
5 Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ? »
6 Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser.
Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol.
7 Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre ! »
8 Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.
9 Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul,
avec la femme toujours là au milieu.
10 Alors, se redressant, Jésus lui dit : «Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ? »
11 Elle dit : « Personne, Seigneur. » Alors Jésus dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »
Ce texte est introduit par la phrase : « Jésus s’en alla au Mont des Oliviers » (8 ; 1).
Les scribes et les Pharisiens amènent la femme auprès de Jésus pour qu’Il la juge, et dans l’espoir qu’Il la condamne –
s’Il ne le fait pas, Il se met en difficulté par rapport à la Loi mosaïque.
Jésus dit à la femme : « personne ne t’a condamnée ? » (8 ; 10) et Lui-même ne la juge pas non plus.
Reprenons le cours du récit :
Au petit jour, Jésus se rend de nouveau dans le Temple, et s’y assied pour enseigner, entouré de beaucoup de gens ;
les scribes et les pharisiens amènent la femme adultère, afin de mettre en défaut le Christ, et de trouver matière à accusation.
Où trouverons-nous le parallèle de cette péricope ? Ce qui attire immédiatement notre attention, c’est l’expression « ne pèche plus désormais ». Nous retrouvons précisément les mêmes mots, en ce que dit le Christ à l’« infirme de Béthesda » :
Or nous trouvons ce texte de l'autre côté de l'Évangile, AVANT le récit de la Multiplication des
pains (6; 1-15). L'Évangéliste nous montre clairement le lien qui désigne un texte parallèle.
Voici le texte :
5 1 Après cela, il y eut une fête des Juifs et Jésus monta à Jérusalem.
2 Or il existe à Jérusalem, près de la Probatique, une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda et qui a cinq portiques.
3 Sous ces portiques gisaient une multitude d'infirmes, aveugles, boiteux, impotents, qui attendaient le bouillonnement de l'eau.
4 Car l'ange du Seigneur descendait par moments dans la piscine et agitait l'eau : le premier alors à y entrer, après que l'eau avait
été agitée, se trouvait guéri, quel que fût son mal.
5 Il y avait là un homme qui était infirme depuis trente-huit ans.
6 Jésus, le voyant étendu et apprenant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit: « Veux-tu guérir ? »
7 L'infirme lui répondit : « Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine, quand l'eau vient à être agitée; et, le temps
que j'y aille, un autre descend avant moi. »
8 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat et marche ».
9 Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit son grabat et il marchait. Or c’était le sabbat ce jour-là.
10 Les Juifs dirent donc à celui qui venait d'être guéri : « C'est le sabbat. Il ne t'est pas permis de porter
ton grabat ».
11 I1 leur répondit : « Celui qui m'a guéri m'a dit : Prends ton grabat et marche ».
12 Ils lui demandèrent : « Quel est l'homme qui t'a dit : Prends ton grabat et marche ? »
13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était ; Jésus en effet avait disparu, car il y avait foule en ce lieu.
14 Après cela, Jésus le rencontre dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore ».
15 L'homme s'en fut révéler aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.
16 C'est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus : parce qu'il faisait ces choses-là le jour du sabbat.
17 Mais il leur répondit : Mon Père jusqu’à présent agit et moi, j’agis.
18 Aussi les Juifs n’en cherchaient que davantage à le tuer puisque, non content de violer le sabbat, il appelait encore Dieu
son propre Père, se faisant égal à Dieu.
Le récit contient six fois l’adjectif « sain » et deux vocables traitant de la guérison :
1) le premier alors à y entrer, après que l'eau avait été agitée, se trouvait guéri - hugiès - quel que fût son mal. (v. 4 – ce verset
manque dans divers manuscrits, dont le Bodmer II)
2) Jésus, le voyant étendu et apprenant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit: « Veux-tu guérir -
theleis hugiès genesthai - ? » (v. 6)
3) Et aussitôt l’homme fut guéri - hugiès - il prit son grabat et il marchait (v. 9)
Les Juifs dirent donc à celui qui venait d'être guéri - tô tetherapeumenô (délibérément, l'Évangéliste a utilisé un autre verbe,
afin de respecter le nombre des six vocables) : « C'est le sabbat. Il ne t'est pas permis de porter ton grabat (v. 10)
4) I1 leur répondit : « Celui qui m'a guéri - hugiè - m'a dit : Prends ton grabat et marche. » (v. 11)
Mais celui qui avait été guéri - ho de iatheis - (un autre verbe est utilisé ici aussi, pour la même raison) ne savait pas
qui c'était; Jésus en effet avait disparu, car il y avait foule en ce lieu. (v. 13)
5) Après cela, Jésus le rencontre dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri - hugiès - ne pèche plus, de peur qu'il ne
t'arrive pire encore ». (v. 14)
6) L'homme s'en fut révéler aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri - hugiè.
Si l’on ne tient pas compte du verset 4, manquant dans certains manuscrits, nous obtenons cinq occurrences du terme
« sain » - hugiès -, ce qui serait cohérent avec les cinq portiques de la piscine. Le chiffre 5 est celui de la Loi :
les livres de la Loi mosaïque sont au nombre de 5 : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.
La guérison donnée par la piscine de Béthesda est arbitraire et inopérante, ce que l’on peut reprocher à la Loi mosaïque.
Si le symbolisme est parlant, en ce qui concerne le nombre des portiques de la piscine, il est moins significatif, en ce
qui concerne les occurrences du terme « sain » dans le texte.
Voyons la structure de ce récit :
Il est introduit par la précision temporelle : « Après cela, il y eut une fête des Juifs » (5 ; 1). Jésus se trouve à Jérusalem.
Un doute des exégètes :
Les exégètes ont remarqué qu’après avoir été à Jérusalem au chapitre 5, Jésus se trouve brusquement
de l’autre côté de la mer de Galilée, en 6 ; 1, pour la multiplication des pains.
Ils sont même allés jusqu’à dire que
« la transition serait plus satisfaisante si l’on intervertissait l’ordre des chapitres 5 et 6, puisque Jésus se trouve en
Galilée à la fin du chapitre 4 » (Synopse des quatre Évangiles en Français Tome III L’Evangile de Jean Commentaire par
M.E. Boismard et A. Lamouillle Cerf 1977 p. 9.).
Cette proposition d’intervertir les chapitres 5 et 6 de l’Évangile de Jean
montre une complète méconnaissance de la structure de celui-ci : le récit de la guérison du paralytique de Béthesda, ainsi
que les parties doctrinales qui le suivent (5 ; 1 – 47), est le parallèle du récit de Jésus à la fête des Tabernacles
et de l’Eau Vive (7 ; 1 – 8 ; 59), tandis que le récit de la multiplication des pains (6 ; 1 – 15) est le parallèle du
discours sur le Pain de Vie (6 ; 22 – 71).
L’interversion de ces chapitres anéantirait cette structure parallèle qui permet
la compréhension de l’Évangile de Jean.
Première partie (5; 1-9) :
5 1 Après cela, il y eut une fête des Juifs et Jésus monta à Jérusalem.
2 Or il existe à Jérusalem, près de la Probatique, une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda et qui a cinq portiques.
3 Sous ces portiques gisaient une multitude d'infirmes, aveugles, boiteux, impotents, qui attendaient le bouillonnement de l'eau.
4 Car l'ange du Seigneur descendait par moments dans la piscine et agitait l'eau : le premier alors à y entrer, après que l'eau avait
été agitée, se trouvait guéri, quel que fût son mal.
5 Il y avait là un homme qui était infirme depuis trente-huit ans.
6 Jésus, le voyant étendu et apprenant qu'il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit: « Veux-tu guérir ? »
7 L'infirme lui répondit : « Seigneur, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine, quand l'eau vient à être agitée; et, le temps
que j'y aille, un autre descend avant moi. »
8 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton grabat et marche ».
9 Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit son grabat et il marchait. Or c’était le sabbat ce jour-là.
- La première partie nous montre l’infirme qui n’a personne pour le jeter dans la piscine.
- « C’était un jour de Sabbat ».
parallèle à : Dernière partie (5; 17-18) :
17 Mais il leur répondit : Mon Père jusqu’à présent agit et moi, j’agis.
18 Aussi les Juifs n’en cherchaient que davantage à le tuer puisque, non content de violer le sabbat, il appelait encore Dieu
son propre Père, se faisant égal à Dieu.
- Le Christ dit : « mon Père jusqu’à présent agit, et Moi, j’agis ». C’est l’antithèse du constat de
solitude de l’infirme de Béthesda : désormais l’être humain a quelqu’un : Le Christ. Il n’est plus seul pour accomplir
sa destinée.
- La Loi des cinq Portiques (le Pentateuque) n’agit que pour quelques rares élus ; le Christ « agit » pour chacun, au départ
de ce que Lui donne le Père.
- « C'était le sabbat ce jour-là » (5; 9) est à mettre en parallèle avec : « non content de violer le sabbat... » (5; 18).
Deuxième partie (5; 10-13) :
10 Les Juifs dirent donc à celui qui venait d'être guéri : « C'est le sabbat. Il ne t'est pas permis de porter
ton grabat ».
11 I1 leur répondit : « Celui qui m'a guéri m'a dit : Prends ton grabat et marche ».
12 Ils lui demandèrent : « Quel est l'homme qui t'a dit : Prends ton grabat et marche ? »
13 Mais celui qui avait été guéri ne savait pas qui c'était ; Jésus en effet avait disparu, car il y avait foule en ce lieu.
- Les Juifs dirent à celui qui venait d’être guéri : « c’est le Sabbat »
- Le miraculé dit aux Juifs qu’il ne sait pas qui l’a guéri.
parallèle à : Avant-dernière partie (5; 15-16) :
15 L'homme s'en fut révéler aux Juifs que c'était Jésus qui l'avait guéri.
16 C'est pourquoi les Juifs persécutaient Jésus : parce qu'il faisait ces choses-là le jour du sabbat.
- Les Juifs harcelaient Jésus, parce qu’Il faisait cela le jour du Sabbat.
- Le miraculé va dire aux Juifs qu'il sait qui l’a guéri.
Partie centrale (5; 14) :
14 Après cela, Jésus le rencontre dans le Temple et lui dit : « Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore ».
Le Christ rencontre l’infirme guéri, et lui dit :
La Révélation adressée au peuple juif : un avantage ou un obstacle ?
On peut se demander pourquoi Dieu a-t-il pris autant de peine pour choisir un peuple, pour l’éclairer
au fur des siècles, alors que finalement, au moment crucial de la Révélation, toute cette préparation qui a s’étendit au
long des siècles se révèle soudain n’être qu’une pesanteur, n’être qu’un énorme inconvénient, plutôt qu’un avantage ?
De toutes les prophétie, les Juifs du temps n’ont retenu que les textes qui semblaient promettre la suprématie politique
de leur peuple sur tous les autres. Jésus ne pouvait dire ouvertement aux Juifs qu’Il était le Messie attendu, car Il savait bien
qu’on l’aurait directement mis à la tête d’un soulèvement contre l’occupant romain, ce qui était parfaitement étranger à sa mission.
Comme aujourd’hui, ce qui intéressait exclusivement les êtres humain, c’était le pouvoir et la puissance : faire travailler
les autres et s’emparer de leurs richesses.
Comme aujourd’hui - car la nature humaine reste fondamentalement la même - ce qu’apportait le Christ, tout ce message sur
l’Unité qu’Il vit avec son Père, cela n’intéressait pratiquement personne. Tout au plus, les gens couraient derrière Jésus,
pour assister à un miracle ou pour profiter de ses pouvoirs. Mais son message en tant que tel ne les intéressait pas
particulièrement.
Par contre, Jésus pouvait annoncer son état messianique à des personnes étrangères au Judaïsme, à la Samaritaine, à des Romains,
sans danger de dérapage politique. Étonnamment, il Lui était beaucoup plus facile d’annoncer son message à des non-Juifs
qu’à des Juifs !
Alors, pourquoi toute cette préparation vétéro-testamentaire, puisque finalement cet héritage sert d’étouffoir au message
évangélique ?
Eh bien, ce fut pour que Marie puisse dire « Oui » à l’Archange, pour que Syméon soit capable de reconnaître le Messie
en le petit enfant qu’il porte dans ses bras, pour que Nicodème puisse venir de nuit pour connaître Jésus. Ce fut cet
héritage spirituel qui ouvrit l’esprit de ces chercheurs de Dieu.
Enfin, cette préparation vétéro-testamentaire était nécessaire parce qu’elle était collective. L’individu ne dure que le
très bref temps de sa vie. Si l’on veut faire passer un message au travers de longues étendues temporelles, il faut
indispensablement le confier à une collectivité. Ce message passe par le prisme d’une culture collective et en prend
la couleur.
Pour que l’Évangile soit transmis dans le temps et traverse les siècles, il est vécu dans l’Église qui est
orientée par la culture du peuple où elle existe, et chargée des limitations psychologiques de ses membres. Y déceler
la Vérité est une tâche ardue.
Nous avons souvent l’impression que le message du Christ est reçu nettement plus facilement dans un milieu « neutre » qu’au
sein de l’Église. La plupart du temps, les membres de l’Église semblent être étrangers à tout mouvement de recherche
spirituelle, car ils sont persuadés de posséder la Vérité - ce qui est une dangereuse illusion ! Souvent, ils ne veulent
même pas communiquer cette Vérité à autrui, car ils vivent leur Christianisme comme une coutume familiale ou le monopole
d’une culture. De plus, en ce qui nous concerne, la plupart du temps, il nous faut avancer vers le Christ malgré l’Église
en tant qu’institution, car les luttes de pouvoir, les rivalités personnelles et toutes les misérables expressions de
la convoitise humaine qui se déroulent dans ce cadre sont autant d’empêchements à l’épanouissement spirituel. Alors pourquoi
l’Église ?
Malgré les très nombreuses imperfections des êtres humains qui composent l’institution ecclésiastique sur cette terre,
l’Église est indispensable que puissent exister plusieurs dimensions :
- le passage au-travers du temps : le message d’un individu s’arrête avec l’existence de cet individu, ou s’il se transmet,
se divise en opinions individuelles divergentes. Nous n’aurions nous-mêmes pas reçu l’Évangile dans sa plénitude s’il n’avait
été transmis par l’Église ;
- le dépassement de ma « bulle » individuelle : en priant dans l’Église, je suis en communion avec tous ceux qui à chaque génération,
ont prié dans cette même Eglise, et je suis aussi en union spirituelle avec ceux qui me suivront. Je passe par-dessus
ma limitation temporelle. En priant dans l’Église, je suis en communion avec ceux qui, partout sur la terre et dans les Cieux,
prient avec moi. Par là, je dépasse ma condition spatiale. Seule l’Eglise me permet de dépasser mon espace-temps.
L’Église me met en communication avec une autre dimension, qui est celle du Royaume, Création récapitulée, c’est à dire
recommencée depuis le début, par le Christ. Cette dimension fait irruption dans la nôtre par les Sacrements, qui sont
pour nous une effusion de l'Esprit. J’ai besoin de l’Église pour les Sacrements et pour la sanctification du temps.
Dans cette perspective, les imperfections humaines que je constate dans l’organisation ecclésiastique sont mises en perspective
et prennent leur vraie dimension, qui est celle de grains de poussière sur le bord du chemin.
La scène du paralytique de Béthesda peut-elle être parallèle au récit de la femme adultère ?
Sur le plan du sens, il s’agit de deux exemples de l’inhumanité de la Loi, qui est appliquée mécaniquement par des gens qui ne
l’appliquent pas eux-mêmes, et qui broie celui ou celle auquel elle s’applique. La Loi ne tient aucun compte de la personne humaine.
La femme adultère est amenée devant Jésus par des gens qui sont eux-mêmes pécheurs devant la Loi dont ils réclament l’application,
comme le montre leur attitude.
Cette Loi est injuste, car elle condamne la femme, en ne poursuivant pas l’homme qui a été coupable de ce même adultère.
La piscine de Béthesda, avec ses cinq portiques, comme les cinq Livres de la Loi, est une claire allégorie de la Loi mosaïque.
Elle ne respecte pas la personne du paralytique, qui gît là sans être aidé par personne, depuis trente-huit ans : la Loi n’inspire
de charité à personne. Le paralytique dit au Christ : « je n’ai pas d’homme pour me plonger dans la piscine quand l’eau se met
à bouillonner » - anthrôpon ouk echô - effectivement, l’être humain est absent de cet ensemble de lois.
Cette Loi est inefficace, car elle ne parvient à guérir que quelques personnes, et ce de façon tout à fait arbitraire : ce sont
les plus forts et les plus débrouillards qui sont guéris, ceux qui parviennent à se plonger dans la piscine au bon moment.
Jean a précisément la même opinion quant à la Loi, que l'apôtre Paul. C'est la même pensée, dans une problématique différente.
Paul ne reconnaît pas de rôle positif à la Loi mosaïque : l'être humain est incapable de l'observer parfaitement et, constatant ce fait,
prendra conscience de la distance qui le sépare de la perfection divine et commencera à parcourir le chemin du repentir. La Loi est donc
le pédagogue de l'imperfection, mais n'est pas salvatrice par elle-même : « la Loi ne fait que donner la connaissance du péché »
(Rm. 3; 20). Jean souligne à la fois l'injustice et l'inefficacité de la Loi, et dénonce la cruauté d'une application mécanique du Sabbat.
Face au caractère borné et hypocrite d'une application rigoureuse des préceptes légaux, resplendit la liberté et la miséricorde du Christ,
venu non pas pour condamner, mais pour sauver l'être humain.
La péricope parallèle se déroule lors de la Fête des Tentes ; le récit de l’infirme de Béthesda commence par ces mots : « Après cela,
il y eut une fête des Juifs et Jésus monta à Jérusalem » (5 ; 1).
Le Christ guérit le paralytique un jour du Sabbat, ce qui scandalisait les Juifs. Dans la péricope parallèle, le Christ débat de
cette question du Sabbat, et affirme devant les Juifs « vous êtes en colère contre Moi, parce que J’ai guéri un homme tout entier
le jour du Sabbat ! » (7 ; 24).
La péricope parallèle au Discours de Jésus à la Fête des Tabernacles (7; 1 - 8; 59) se limite-t-elle au récit de la guérison du
paralytique de Béthesda (5; 1-18) ?
En fait, APRÈS le récit de la guérison du paralytique de Béthesda, nous avons un long texte (5; 19-47) qui s'étend jusqu'au récit de
la multiplication des pains (6; 1 et sq.).
Voici le texte :
5 19 Jésus reprit donc la parole et leur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même,
qu'il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.
20 Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, à vous
en stupéfier.
21 Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui veut.
22 Car le Père ne juge personne ; il a donné au Fils le jugement tout entier,
23 afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé.
24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient
pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
25 En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient - et c'est maintenant - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et
ceux qui l'auront entendue vivront.
26 Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d'avoir aussi la vie en lui-même
27 et il lui a donné pouvoir d'exercer le jugement parce qu'il est Fils d'homme.
28 N'en soyez pas étonnés, car elle vient, l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix
29 et sortiront : ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection
de jugement.
30 Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j'entends : et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma
volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
**********
5 31 Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas vrai ;
32 Un autre témoigne de moi, et je sais qu'il est valable, le témoignage qu'il me rend.
33 Vous avez envoyé trouver Jean et il a rendu témoignage à la vérité.
34 Non que je relève du témoignage d'un homme ; si j'en parle, c'est pour votre salut.
35 Celui-là était la lampe brûlante et brillante, et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière.
36 Mais j'ai plus grand que le témoignage de Jean : les œuvres que le Père m'a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je
fais me rendent témoignage que Père m'envoie.
37 Et le Père qui m'a envoyé, lui, me rend témoignage. Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez jamais vu sa face,
38 et sa parole, vous ne l'avez pas demeurant en vous, puisque vous ne croyez pas celui qu'il a envoyé.
39 Vous scrutez les Écritures, dans lesquelles vous pensez avoir la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage,
40 et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
41 De la gloire, je n'en reçois pas qui vienne des hommes ;
42 mais je vous connais : vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu ;
43 je viens au nom de mon Père et vous ne m'accueillez pas ; qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous l'accueillerez.
44 Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique.
45 Ne pensez pas que je vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espoir.
46 Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c'est de moi qu'il a écrit.
47 Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? »
Au début du texte, nous avons l'affirmation : « le Fils ne peut rien faire de lui-même » (5; 19), et plus loin dans
le texte, Jésus dit : « Je ne puis rien faire de moi-même » (5; 30).
Ensuite, nous avons l'affirmation suivante : « Un autre témoigne de moi » (5; 32 : Le Père témoigne du Fils), et à la fin du texte,
Jésus dit : « si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi : car c'est de moi qu'il a écrit » (5; 46 : Moïse témoigne du Christ).
Cette double paire d'affirmations symétriques encadre très clairement deux textes distincts : 5; 19-30 et 5; 31-47.
Ainsi donc, l’ensemble de la péricope comprend en réalité trois parties :
- d’abord, le récit de la guérison du paralytique de Béthesda ;
- puis un texte nettement théologique et doctrinal, en deux parties :
a) la première parle du jugement remis au Fils et du Père comme Source de Vie (5; 19-30);
b) la seconde montre l’enseignement et les œuvres du Christ validés par le triple témoignage de Jean-Baptiste, du Père et
de Moïse (5; 31-47).
5 19 Jésus reprit donc la parole et leur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même,
qu'il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.
20 Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, à vous
en stupéfier.
21 Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui veut.
22 Car le Père ne juge personne ; il a donné au Fils le jugement tout entier,
23 afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé.
24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient
pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
25 En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient - et c'est maintenant - où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et
ceux qui l'auront entendue vivront.
26 Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d'avoir aussi la vie en lui-même
27 et il lui a donné pouvoir d'exercer le jugement parce qu'il est Fils d'homme.
28 N'en soyez pas étonnés, car elle vient, l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix
29 et sortiront : ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection
de jugement.
30 Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j'entends : et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma
volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
Première partie (5; 19-23) :
5 19 Jésus reprit donc la parole et leur dit : « En vérité, en vérité, je vous dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même,
qu'il ne le voie faire au Père ;
ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.[le Père et le Fils agissent semblablement]
20 Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci [les oeuvres
du Père montrées au Fils],
à vous
en stupéfier.
21 Comme le Père en effet ressuscite les morts et leur redonne vie, ainsi le Fils donne vie à qui veut. [Le Père et le Fils sont tous deux vivificateurs]
22 Car le Père ne juge personne ; il a donné au Fils le jugement tout entier, [le Père donne le jugement au Fils]
23 afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. Qui n'honore pas le Fils n'honore pas le Père qui l'a envoyé.
[les êtres humains sont appelés à honorer le Père et le Fils]
La première partie du texte doctrinal est introduite par l’expression : « Jésus reprit donc la parole
et leur dit » (5 ;19) – suit une affirmation importante, soulignée par les mots : « Amen, Amen, je vous le dis » :
Le Père aime le Fils et lui montre tout (5; 19) :
FILS
Le Fils ne peut rien faire de Lui-même (*)
PERE
s’il ne le voit faire par le Père.
PERE
Ce que fait Celui-ci,
FILS
le Fils le fait pareillement.
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle : « ma doctrine n’est pas de Moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (7 ; 15).
(5; 20)
PERE
Car le Père aime le Fils
FILS
et Lui montre tout ce qu’Il fait.
DU PERE AU FILS
Il Lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci pour que vous vous étonniez - thaumazète.
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle : « pour une seule œuvre que J’ai faite, vous voilà tous étonnés - kai pantes thaumazete (7 ; 21).
Le Père et le Fils Donateurs de Vie (5; 21) :
Le Père fait ressusciter et vivifie ; de même le Fils vivifie ceux qu’Il désigne.
PERE
Et comme le Père ressuscite les morts et donne la Vie - zôopoiei
FILS
ainsi le Fils donne la Vie à qui Il veut.
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle : « JE SUIS la Lumière du monde : qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la Lumière de la Vie » (8 ; 12).
Le jugement remis au Fils (5; 22) :
PERE
Car le Père ne juge personne :
FILS
tout le jugement, Il l’a remis au Fils (**).
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle : « s’il m’arrive de juger, mon jugement est valable, parce que Je ne suis pas seul : il y a Moi et Celui qui m’a envoyé » (8 ; 15).
L’honneur dû au Père et au Fils (5; 23) :
FILS
afin que tous honorent le Fils
PERE
comme ils honorent le Père.
FILS
Qui n’honore pas le Fils
PERE
n’honore pas le Père qui L’a envoyé (***).
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle : « Si Dieu était votre Père, vous M’aimeriez (…) vous avez comme Père le Diable, et ce sont les désirs de votre Père que vous voulez accomplir » (8 ; 44). Ceux qui aiment le Christ découvrent le Père divin ; ceux qui s’opposent au Christ, deviennent les disciples de l’« Anti-Père » : le Diable.
parallèle à : Dernière partie (5; 30) :
30 Je ne puis rien faire de moi-même. Je juge selon ce que j'entends : et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé.
Deuxième partie (5; 24-25) :
Cette partie commence par une affirmation importante, soulignée par les mots : « Amen, Amen, je vous le dis » :
Ceux qui entendent et croient Celui qui a envoyé le Fils ont la Vie éternelle ; ils n’iront pas en
jugement mais passeront de la mort à la Vie.
Il est inutile de dire à quel point ces paroles sont essentielles.
parallèle à : Avant-dernière partie (5; 28, 29) :
5 28 N'en soyez pas étonnés, car elle vient, l'heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix
29 et sortiront : ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection
de jugement.
Elle est parallèle à la précédente, et en complète le sens.
Ceux qui, dans les tombeaux, entendront la voix du Christ s’en iront - soit vers une résurrection de vie, soit vers une résurrection de jugement.
Partie centrale (5; 26-27) :
5 26 Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d'avoir aussi la vie en lui-même
27 et il lui a donné pouvoir d'exercer le jugement parce qu'il est Fils d'homme.
La partie centrale fait la synthèse des versets qui l’encadrent, parlant de la question de la Vie et du
jugement ;
- le Père est Source de Vie ; le Fils a la Vie car Il est engendré du Père.
- il est donné au Fils le pouvoir de juger, du fait qu’Il est Fils de l’Homme.
De quelle « Vie » s’agit-il ? Il ne s’agit certainement pas du fragile mécanisme biologique qui nous permet d’exister dans
le monde matériel, mécanisme promis à la mort physique. Il s’agit de la Divinité :
- Le Père est Dieu en Lui-même, Source absolue de tout ce qui est.
- Le Fils est Dieu parce qu’Il reçoit la Vie/Divinité du Père.
- Il est donné au Fils d’avoir la Divinité en Lui-même, c’est-à-dire d’être totalement et véritablement Dieu, même s’Il reçoit
cette Divinité en tant que Fils, même s’Il n’est pas Source de cette Divinité.
En Dieu, il n’est rien d’autre que Dieu ;
en Dieu, tout est divin :
en Dieu, la Vie n’est autre que la Divinité.
- Le Père donne au Fils de juger, c’est-à-dire de discriminer ceux qui ressuscitent pour la
Vie - deviennent participants de la Divinité en tant que créatures, et ceux qui ressuscitent pour la condamnation, du fait qu’ils
n’ont pas cru au Fils.
- Il a le pouvoir de juger, parce qu’Il est Fils de l’Homme. Dieu fait Homme, le Christ peut nous juger, parce qu’il a partagé
notre Nature humaine.
À un Dieu qui ne s’est pas incarné, nous pourrions dire : « pourquoi nous juges-tu, car Tu nous es totalement étranger ? ».
Tel n’est pas le cas : Dieu est devenu l’un d’entre nous, à un point de notre Histoire, et à ce titre, son jugement est juste.
Ces considérations sur le jugement ne concernent pas uniquement la Fin des Temps. Ce n'est pas par hasard, si le thème du jugement
apparaît ici : « de l'autre côté » de l'Évangile, nous avons lu l'épisode où Jésus s'abstient de juger la femme adultère. Les
êtres humains veulent s'approprier du jugement - ce qui ne leur est pas donné par le Créateur. Il leur est dit : « ne jugez pas,
pour ne pas être vous-même jugés » (Mt. 7; 1). Ils avaient jugé la femme accusée d'adultère, espérant la soumettre au supplice de la
lapidation. Ils avaient des pensées de meurtre dans le coeur, eux que Jésus va dénoncer comme étant - non pas des fils d'Abraham,
mais des fils de Satan, qui est meurtrier dès l'origine (Jn. 8; 44). Nous avons ici le commentaire théologique de l'inclusion
qui relate la rencontre de Jésus avec la femme adultère.
- Quelques expressions du texte sont traduite ici plus littéralement qu'elle le sont dans l'énoncé complet des deux « textes doctrinaux », texte présenté plus haut -
5 31 Si je témoigne au sujet de moi-même, mon témoignage n’est pas vrai ;
32 Un autre témoigne au sujet de moi, et je sais qu'il est vrai, le témoignage qu'il témoigne à mon sujet (hè marturia èn marturei peri émou).
33 Vous avez envoyé trouver Jean et il a témoigné à la vérité.
34 Moi, par contre, ce n'est pas d'auprès un humain que je reçois le témoignage, mais cela, je le dis pour que vous soyez sauvés.
35 Celui-là était la lampe brûlante et brillante, et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière.
36 Mais j'ai plus grand que le témoignage de Jean : les œuvres que le Père m'a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je
fais témoignent que Père m'envoie.
37 Et le Père qui m'a envoyé, lui, témoigne à mon sujet. Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez jamais vu sa face,
38 et sa parole, vous ne l'avez pas demeurant en vous, puisque vous ne croyez pas celui qu'il a envoyé.
39 Vous scrutez les Écritures, dans lesquelles vous pensez avoir la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage,
40 et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
41 De la gloire, je n'en reçois pas qui vienne des hommes ;
42 mais je vous connais : vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu ;
43 je viens au nom de mon Père et vous ne m'accueillez pas ; qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous l'accueillerez.
44 Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique.
45 Ne pensez pas que je vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espoir.
46 Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c'est de moi qu'il a écrit.
47 Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? »
Le verbe « témoigner » figure à sept reprises dans le texte (5 ; 31 – 32 deux fois – 33 – 36 – 37 – 39),
car le témoignage que le Père rend au Christ est parfait.
Par contre, le verbe « croire » figure à six reprises dans le texte (le nombre de l’imperfection : 5 ; 38 – 44 – 46 deux
fois – 47 deux fois), dans le contexte du refus de croire des Juifs.
Première partie (5; 31-32) :
5 31 Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas vrai ;
32 Un autre témoigne de moi, et je sais qu'il est valable, le témoignage qu'il me rend.
Un Autre (le Père) rend témoignage en faveur du Christ.
parallèle à : Dernière partie (5; 45-47) :
5 45 Ne pensez pas que je vous accuserai auprès du Père. Votre accusateur, c'est Moïse, en qui vous avez mis votre espoir.
46 Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c'est de moi qu'il a écrit.
47 Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? »
Un Autre (Moïse) rend témoignage contre les Juifs.
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle :
Ici, c’est Moïse qui est l’accusateur de ceux qui ne croient pas en le Christ ; dans l’argumentation parallèle, ceux qui ne croient pas en le Christ prétendent avoir comme père Abraham (8 ; 39), alors qu’ils ont « pour père le Diable » (8 ; 44).
Deuxième partie (5; 33-35) :
5 33 Vous avez envoyé trouver Jean et il a témoigné à la vérité.
34 Moi, par contre, ce n'est pas d'auprès un humain que je reçois le témoignage, mais cela, je le dis pour que vous soyez sauvés.
35 Celui-là était la lampe brûlante et brillante, et vous avez voulu vous réjouir une heure à sa lumière.
Jésus cite le témoignage de Jean-Baptiste, même s’il n’a nul besoin d’un témoignage humain.
parallèle à : Avant-dernière partie (5; 41-44) :
5 41 De la gloire, je n'en reçois pas qui vienne des hommes ;
42 mais je vous connais : vous n'avez pas en vous l'amour de Dieu ;
43 je viens au nom de mon Père et vous ne m'accueillez pas ; qu'un autre vienne en son propre nom, celui-là, vous l'accueillerez.
44 Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez votre gloire les uns des autres, et ne cherchez pas la gloire qui vient du Dieu unique.
Cette notion se retrouve dans le passage parallèle :
« Si Je me glorifiais Moi-même, ma gloire ne serait rien ; c’est mon Père qui Me glorifie » (8 ; 54).
Partie centrale (5; 36-40) :
5 36 Mais j'ai plus grand que le témoignage de Jean : les œuvres que le Père m'a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je
fais témoignent que Père m'envoie.
37a Et le Père qui m'a envoyé, lui, témoigne à mon sujet.
le témoignage des œuvres, qui montrent la filiation du Christ.
37b Vous n'avez jamais entendu sa voix, vous n'avez jamais vu son aspect ( - eidos - ),
38 et sa parole, vous ne l'avez pas demeurant en vous, puisque vous ne croyez pas celui qu'il a envoyé.
L’absence de Foi des Juifs les rendent étrangers au Père.
5 39 Vous scrutez les Écritures, dans lesquelles vous pensez avoir la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage,
40 et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !
Les Ecritures rendent témoignage au Fils qui donne la Vie.
Les deux parties doctrinales de cette péricope organisent en un tout cohérent les données théologiques données par la péricope
de « la Lumière du monde ».
La première partie nous montre le Don de la Divinité transmis au Fils. Ce Don divinise les êtres humains qui font la démarche
de Foi qui les mène vers une Résurrection de Vie.
La deuxième partie montre la césure qui s’opère au détriment de ceux qui ne veulent pas venir au Christ, et ne veulent pas
avoir la Vie, c’est-à-dire bénéficier de la divinisation.
L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?
Résumons en quelques mots ce que nous avons vu jusqu’à présent :
Le pôle central de l’Evangile de Jean : La traversée de la mer : chapitre 6, versets 16 à 21. JE SUIS. Ne craignez pas. Le Christ,
nouveau Moïse, fait passer son peuple de la rive de la finitude et de la mortalité, à « l’autre rive » : celle de la Vie.
Sur un versant de l’Évangile, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS le Pain de Vie : chapitre 6, versets 22 à 51. Le mode
de connaissance : il s’agit d’une interpénétration sans confusion.
Et sur l’autre versant : le Parallèle qui est la Péricope de la multiplication des pains : chapitre 6, versets 1 à 15.
Ensuite, sur un versant de l’Évangile, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS la Lumière du monde : du chapitre 7 ; 1 au chapitre 8
verset 59. Division entre les « fils du Menteur » et les disciples de Celui qui dit : « avant qu’Abraham fut, JE SUIS ». Le Christ
fait tout ce que lui dit le Père ; le Christ est l’EAU VIVE, car Il donne l’ESPRIT à ceux qui croient en Lui.
- Inclusion de la « Femme adultère » Chapitre 8, versets 1 à 11.
Et sur l’autre versant : nous avons le Parallèle de l'inclusion, qui est le récit de la guérison du paralytique de Béthesda, chapitre 5 ; versets 1 à 18
(« ne pèche plus »).
Le récit lui-même est suivi d’un premier texte doctrinal précisant les relations entre le Père et le Fils : chapitre 5, versets
19 à 30 (le Père donne au Fils le jugement, dont les hommes ont outrageusement abusé envers la femme adultère), et d’un deuxième texte
doctrinal qui nous parle du témoignage en faveur du Fils : celui des « œuvres » données par le Père, témoignage
qui est plus grand que celui de Jean-Baptiste : chapitre 5, versets 31 à 47.
Nous pouvons présenter cela sous forme de tableau :
Le Prologue : Chapitre 1, versets 1 à 18. (Péricope 1) Étude 23 |
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Le pôle central de l’Évangile de Jean : La traversée de la mer : chapitre 6, versets 16 à 21. JE SUIS. Ne craignez pas. (Péricope 12) Étude 24 |
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Et sur l’autre versant : le Parallèle qui est la Péricope de la multiplication des pains : chapitre 6, versets 1 à 15. (Péricope 11) Étude 25 |
Sur un versant de l’Évangile, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS le Pain de Vie : chapitre 6, versets 22 à 71. (Péricope 13) Étude 25 |
Sur l’autre versant, nous avons le récit de la guérison du paralytique de Béthesda, chapitre 5 ; versets 1 à 18 (« ne pèche plus »). Le récit lui-même est suivi d’un premier texte doctrinal précisant les relations entre le Père et le Fils : chapitre 5, versets 19 à 30, et d’un deuxième texte doctrinal qui nous parle du témoignage en faveur du Fils : celui des « œuvres », témoignage qui est plus grand que celui de Jean-Baptiste : chapitre 5, versets 31 à 47. (Péricope 10) Étude 26 |
Sur un versant de l’Évangile, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS la Lumière du monde du chapitre 7 ; 1 au chapitre 8 verset 59. Jésus à la Fête des Tabernacles : Discours sur l'Eau vive. Inclusion de la « Femme adultère » Chapitre 8, versets 1 à 11. (Péricope 14) Étude 26 |
Nous aurons l'occasion de découvrir que l'Évangile de Jean se répartit en vingt-deux péricopes, qui sont des segments de texte distincts, tant par leur sens que par leur structure interne. Le Prologue est évidemment la première péricope, et le pôle de l'Évangile, se trouvant au milieu, est la douzième péricope. La péricope qui précède le passage central de l'Évangile est tout naturellement la péricope onze, et celle qui suit, la treizième. Les péricopes suivantes seront respectivement la dixième et la quatorzième, et ainsi de suite.