Orthodoxie en Abitibi

Évangile de Jean : JE SUIS la Porte et le bon Berger

Étude XXVII : Évangile de Jean : JE SUIS la Porte, le bon Berger

- P. Georges Leroy -

Cliquer ci-dessous, pour vous retrouver aux points correspondants du texte :

La guérison de l'aveugle-né
La partie doctrinale
La guérison du fils d'un fonctionnaire royal

Quels sont les objectifs que nous nous proposons d'atteindre ?

Récapitulons ce que nous avons vu jusqu'à présent :
La première partie de l'Évangile de Jean est le Prologue (1; 1-18): celui-ci nous indique les deux clefs qui sont nécessaires comprendre la signification du christianisme en général, et de l'Évangile de Jean en particulier. La première clef est la structure symétrique du Prologue : la construction en chiasme. Les idées sont systématiquement exprimées deux fois, de part et d'autre d'un axe central. La richesse de ce mode d'expression est le fait qu'il offre la possibilité d'éclairer sous deux angles différents une même vérité, que l'on veut faire comprendre avec toute la profondeur nécessaire. La deuxième clef que nous donne le Prologue, c'est l'importance du Nom divin. À chaque étape de notre quête dans le texte johannique, nous rencontrerons les énoncés des Noms divins, qui serviront de repères dans notre chemin.
Dans la deuxième partie du texte (6; 16-21), l'axe central de l'Évangile, c'est-à-dire l'épisode de la traversée de la Mer de Galilée, exprime ce dont il s'agit, dans l'Évangile de Jean. Le cœur du message consiste en le passage d'un univers dans un autre univers. Il s'agit de passer de notre univers, marqué par la mortalité, la finitude et l'omniprésence du mal, dans l'univers du Royaume, créé par le Christ dans l'Esprit. Il s'agit de passer du rivage de la mortalité, de la souffrance et de la finitude, au rivage de la Vie donnée par le Père, rivage du pays de la perfection, de la lumière et du bonheur dans l'intimité avec Dieu : le Royaume.
La troisième partie du texte (6; 1-15 // 6; 22-71) nous montre comment un tel projet peut-il être réalisé. Ce n'est pas une philosophie, qui demande uniquement un acquiescement intellectuel. Ce n'est pas simplement une morale qui consisterait dans le fait d'enseigner de faire le bien et d'éviter le mal, car l'être humain n'a pas besoin de révélation pour cela : il peut très bien le découvrir par la seule vertu de son intelligence. Il ne s'agit pas de posséder un objet. En fait, c'est la communion à une Personne, communion qui se réalise par intégration, par greffe, par interpénétration mutuelle, tout en maintenant la distinction des personnes. Pour cela, c'est l'image de la nourriture qui est utilisée. Nous faisons nôtre la nourriture, qui devient partie intégrante de nos tissus organiques. C'est ainsi que le Christ affirme qu'il nous faut manger sa chair et boire son sang. C'est ce qu'il proclame dans son discours dans la synagogue de Capharnaüm ; c'est ce qui est illustré dans le récit de la multiplication des pains.
Dans la quatrième partie du texte (5; 1-47 // 7; 1 - 8; 59), nous écoutons le discours que Jésus fit au Temple, lors de la Fête des Tentes. Jésus s'identifie à l'Eau Vive. Dans la deuxième partie du discours, après l'inclusion de la femme adultère, nous assistons à l'amer débat qui a lieu entre le Messie et son peuple élu. La vocation du peuple élu est d'accueillir et de reconnaître le Messie, et ensuite d'en diffuser le message au monde entier. Cependant, le Messie ne correspond pas au personnage puissant et politiquement influent que le peuple attendait. L'être humain n'est guère intéressé par ce que Dieu propose. Ce que l'être humain désire, c'est la richesse et le pouvoir. Même les apôtres n'étaient pas insensibles à la question de savoir lequel d'entre eux serait le plus grand… Or le Messie souffrant, entrant sur un ânon dans Jérusalem, n'avait visiblement pas comme intention de mettre dehors les Romains, n'allait pas installer le peuple juif à la tête d'une dictature sacrale, ne proposait pas la richesse et la puissance militaire. À cet égard, Dieu déçoit l'être humain. Jésus rencontre le doute et l'hostilité de son peuple. Si ce n'était que de l'incroyance, le repentir resterait possible. Mais le peuple élu commet l'irréparable : c'est le péché contre l'Esprit, le fait d'attribuer - en toute connaissance de cause - les merveilles accomplies par le Christ, aux Puissances des ténèbres. C'est un « péché rare », car il demande une compétence théologie pour le comprendre. Mais il est fatal… Dans la cinquième partie du texte, l'évangéliste ne manquera pas de remarquer que le peuple élu a accompli trois fois ce péché contre l'Esprit. - L'épisode de la « femme adultère » met en valeur l'injustice de la Loi mosaïque. Cette inclusion est en liaison directe avec le récit de la guérison du paralytique de Béthesda. Là aussi, se trouvent mis en évidence l'injustice, l'arbitraire et l'inefficacité de la Loi. Sous ce point de vue, la pensée de Jean rejoint celle de l'apôtre Paul, même si tous deux utilisent un vocabulaire différent. Dans la partie doctrinale qui suit le récit de la guérison du paralytique de Bethesda, nous trouvons la doctrine du Christ sur le jugement, et la constatation que le peuple élu ne se fie pas au témoignage que donne le Père sur son Fils, alors qu'il recevrait le témoignage d'un autre qui viendrait en son propre nom. Tout ceci ne concerne pas seulement le peuple élu, en tant que tel. Tout être humain, lorsqu'il entre en contact avec le message du Christ, doit opérer un choix : soit, effectuer une démarche de Foi et croire à la fois en le Christ et en Celui qui l'a envoyé - soit, s'opposer au témoignage du Père, en affirmant son incrédulité. La neutralité n'est plus possible. Cette quatrième partie parle donc du CHOIX pour ou contre le Christ, qui a été fait par le peuple élu - et qui doit être fait par chaque être humain entrant en contact avec le message du Christ.
Dans cette Étude, nous allons scruter la cinquième partie du texte évangélique (4; 46-54 // 9; 1 - 10; 21). Nous nous efforcerons de découvrir le sens de ce texte, et nous signalerons bien sûr, la présence des Noms divins.


La guérison de l'aveugle-né (9 ; 1-38)

Le Christ vient de dire à l’infirme de Béthesda (5 ; 14) :

infirme de Béthesda Jn. 5; 14.

Est-ce que le Christ accrédite l’idée, commune dans l’Ancien Testament, que l’infirmité vienne du péché ?

Cette question se pose avec une acuité particulière, lorsque le Christ guérit un aveugle-né, et que les disciples interrogent Jésus précisément à ce sujet.

Voici le texte :

9 1 En passant, il vit un homme aveugle de naissance.
2 Ses disciples lui demandèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? »
3 Jésus répondit : « Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu.
4 Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m'a envoyé; la nuit vient, où nul ne peut travailler.
5 Tant que je suis dans le monde, JE SUIS la lumière du monde. »
6 Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l'aveugle
7 et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » - ce qui veut dire : Envoyé. L'aveugle s'en alla donc, il se lava et revint en voyant clair.

9 8 Les voisins et ceux qui étaient habitués à le voir auparavant, car c'était un mendiant, dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier ? »
9 Les uns disaient : « C'est lui ». D'autres disaient : « Non, mais il lui ressemble ». Lui disait : « C'est moi ».
10 Ils lui dirent alors : « Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts ? »
11 II répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a enduit les yeux et m'a dit : « Va-t'en à Siloé et lave-toi. » Alors je suis parti, je me suis lavé et j'ai recouvré la vue ».
12 Ils lui dirent : « Où est-il ? » II dit : « Je ne sais pas ».
13 On le conduit aux Pharisiens, l'ancien aveugle.
14 Or c'était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
15 À leur tour les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : « II m'a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois ».
16 Certains des Pharisiens disaient : « II ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu'il n'observe pas le sabbat »; d'autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes ? » Et il y eut scission parmi eux.
17 Alors ils dirent encore à l'aveugle : « Toi, que dis-tu de lui, de ce qu'il t'a ouvert les yeux ? » II dit : « C'est un prophète ».

9 18 Les Juifs ne crurent pas qu'il eût été aveugle tant qu'ils n'eurent pas appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue.
19 Ils leur demandèrent : « Celui-ci est-il votre fils dont vous dites qu'il est né aveugle ? Comment donc y voit-il à présent ? »
20 Ses parents répondirent : « Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle.
21 Mais comment il y voit maintenant, nous ne le savons pas; ou bien qui lui a ouvert les yeux, nous, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il a l'âge; lui-même s'expliquera sur son propre compte ».
22 Ses parents dirent cela parce qu'ils avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue.
23 C'est pour cela que ses parents dirent : « II a l'âge; interrogez-le ».

9 24 Les Juifs appelèrent donc une seconde fois l'homme qui avait été aveugle et lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur ».
25 Lui répondit : « Si c'est un pécheur, je ne sais pas; je ne sais qu'une chose : j'étais aveugle et à présent j'y vois ».
26 Ils lui dirent alors : « Que t'a-t-il fait ? Comment t'a-t-il ouvert les yeux ? »
27 Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l'entendre à nouveau ? Est-ce que, vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples ? »
28 Ils l'injurièrent et lui dirent : « C'est toi qui es son disciple; mais nous, c'est de Moïse que nous sommes disciples.
29 Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d'où il est ».
30 L'homme leur répondit : « C'est bien là l'étonnant : que vous ne sachiez pas d'où il est, et qu'il m'ait ouvert les yeux.
31 Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs, mais si quelqu'un est religieux et fait sa volonté, celui-là il l'écoute.
32 Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né.
33 Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».
34 Ils lui répondirent : « De naissance tu n'es que péché, et tu nous fais la leçon ! » Et ils le jetèrent dehors.

9 35 Jésus apprit qu 'ils l'avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? »
36 I1 répondit : « Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ? »
37 Jésus lui dit : « Tu le vois; celui qui te parle, c'est lui ».
38 Alors il déclara : « Je crois, Seigneur », et il se prosterna devant lui.

Première partie (9; 1-7) :

9 1 En passant, il vit un homme aveugle de naissance.
2 Ses disciples lui demandèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? »
3 Jésus répondit : « Ni lui ni ses parents n'ont péché, mais c'est afin que soient manifestées en lui les œuvres de Dieu.
4 Tant qu'il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m'a envoyé; la nuit vient, où nul ne peut travailler.
5 Tant que je suis dans le monde, JE SUIS la lumière du monde. »
6 Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l'aveugle
7 et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » - ce qui veut dire : Envoyé. L'aveugle s'en alla donc, il se lava et revint en voyant clair.

L'infirmité vient-elle du péché ? C’est la question que les Disciples posent au Christ, devant un aveugle de naissance : « qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » (v. 2) Le Christ répond : « c’est pour qu’en lui se manifestent les œuvres de Dieu » (v. 3).

Quelles sont ces œuvres ? Le parallèle de la péricope précédente vient d’en parler : « Les œuvres que le Père M’a donné d’accomplir, les œuvres mêmes que Je fais, me rendent ce témoignage que le Père M’a envoyé » (5 ; 36).

Inversement, le Christ dit à propos des Juifs : « si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham » (8 ; 39). L’œuvre d’Abraham, c’est sa FOI. Il a cru en Dieu qui l’envoya chercher une nouvelle terre. Comme le dit saint Paul : « Abraham crut en Dieu, et il fut justifié » (Rm.4 ; 3 il est intéressant de remarquer l'identité existant entre la pensée de Jean et celle de Paul, tous deux utilisant un vocabulaire conceptuel différent. Pour Paul, c'est la Foi qui est le déclencheur du Salut, et non pas des pratiques religieuses ; dans le vocabulaire johannique, l'œuvre du Christ, c'est la Foi de ceux qui croient en Lui et qui par Lui, accèdent à la connaissance du Père). Les Juifs ne croient pas ; dans leur cœur, ils ont formé le désir de tuer le Christ. Par cette œuvre perverse, ils se révèlent être ce qu’ils sont en réalité : les fils du Diable, qui est homicide dès l’origine (8; 44).

Dans sa réponse, le Christ évoque cette doctrine parfaitement cohérente, qui a été exposée dans la péricope précédente, et son parallèle.
De fait, le Christ va susciter la Foi dans le cœur de l’aveugle de naissance, ce qui n’a pas été fait pour l’infirme de Béthesda.

L'évangéliste Marc nous raconte - avec Luc et Matthieu - l'épisode de la guérison d'un enfant amené par son père, enfant qui était à la fois épileptique et possédé (Lc. 9; 37-43 // Mc. 9; 14-29 // Mt. 17; 14-20). Quelques versets sont spécifiques à l'évangéliste Marc : 9; 21-24 :
« et (Jésus) interrogea son père : combien de temps y a-t-il que cela a commencé à lui arriver? et (le père de l'enfant) dit : depuis la petite enfance ! Et souvent il l'a jeté soit dans le feu, soit dans l'eau, pour le faire périr ! Mais si tu peux quelque chose, viens à notre aide, par pitié pour nous ! - Si tu peux !... Tout est possible à celui qui croit. Aussitôt le père de l'enfant disait en criant : viens en aide à mon peu de Foi ! ».
Le récit se poursuit : Jésus guérit l'enfant avant que la foule ne vienne affluer. Dans la réponse du Christ au père de l'enfant, Jésus semble simplement reprendre les paroles du père, qui exprime une sorte de doute quant à la capacité de Jésus à pouvoir guérir l'enfant : « si tu peux » ei ti dunè, dit le père ; to ei dunè, dit le Christ.
Curieusement, le texte ecclésiastique byzantin de l'Évangile est plus explicite : « le pouvoir, c'est la Foi ; tout est possible à celui qui croit ». Cela reflète une autre version du texte : touto ei ti dunè. - La Vulgate dit : « si potes credere » - si tu peux croire... C'est le sens inverse de la parole du père : d'un côté : « si tu peux faire ce miracle... » et de l'autre : « si tu peux croire... ». Selon la version ecclésiastique : « le pouvoir, c'est de croire... ».
Nous restons libres de choisir la version qui nous apporte le plus de sens.

À la fin de la péricope précédente, le Christ disait :

Abraham a exulté Jn. 8; 56. Je suis la Lumière du monde Jn. 9; 5.

Après avoir répété le Nom divin qu’Il avait révélé dans le Temple (8 ; 12), le Christ accomplit à nouveau le geste créateur :
- Il « modela l’homme avec la glaise du sol » (Genèse 2 ; 7);
- « Il fit de la boue avec sa salive, en enduisit les yeux de l’aveugle et lui dit : va te laver à la fontaine de Siloé – mot qui signifie : Envoyé » (9 ; 7).
L’aveugle obéit au Christ, et obtient la vision, là où Adam avait désobéi et obtenu l’aveuglement.

Ici aussi, il est intéressant de mettre ce passage en rapport avec un miracle relaté par l'évangéliste Marc. Il s'agit de la guérison d'un sourd-bègue : Mc. 7; 31-37 :
« Ils lui portent un sourd parlant avec peine, et ils le supplient pour qu'il lui impose la main. L'ayant pris à part, loin de la foule, il lui mit les doigts dans les oreilles, et ayant craché, il toucha sa langue. Puis, ayant levé les yeux vers le ciel, il soupira et lui dit : Ephphata, c'est-à-dire ouvre-toi. Aussitôt ses oreilles s'ouvrirent, sa langue se délia, et il parlait correctement ».
- Dans ce miracle, nous voyons une autre version du geste créateur.
- Quant au « soupir » de Jésus, ce n'est pas seulement un signe de fatigue, même s'il a sans doute réalisé en cette même journée un bon nombre de miracles, sans pour autant pouvoir susciter autant de démarches de Foi de la part de ceux qui ont été guéris, ni de la part de leur entourage. Car il a soupiré après avoir levé les yeux au Ciel, et ce soupir indique la présence du Souffle de l'Esprit-Saint. Ce soupir de Jésus manifeste la collaboration constante entre le Christ et l'Esprit, dans le processus même de l'action divine, parmi les êtres humains.
Marc nous montre une scène prise sur le vif, pratiquement dans l'intimité du Christ, à l'écart de la foule.


parallèle à : Dernière partie (9; 35-38) :

9 35 Jésus apprit qu 'ils l'avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? »
36 Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ? »
37 Jésus lui dit : « Tu le vois; celui qui te parle, c'est lui ».
38 Alors il déclara : « Je crois, Seigneur », et il se prosterna devant lui.

début et fin du récit.

Enfin, il se trouve quelqu’un pour poser la vraie question : « es-Tu vraiment mon Dieu, pour que je croie en Toi ? »

- L’aveugle se lave à la fontaine de Siloé et il voit.
- L’aveugle voit le Christ qui lui parle et il croit : c’est l’admirable profession de Foi du miraculé :

« Je crois, Seigneur » , et il se prosterna devant Lui.

Il franchit le seuil de la Porte du Salut

Deuxième partie (9; 8-17) :

9 8 Les voisins et ceux qui étaient habitués à le voir auparavant, car c'était un mendiant, dirent alors : « N'est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier ? »
9 Les uns disaient : « C'est lui ». D'autres disaient : « Non, mais il lui ressemble ». Lui disait : « C'est moi ».
10 Ils lui dirent alors : « Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts ? »
11 II répondit : « L'homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, il m'en a enduit les yeux et m'a dit : « Va-t'en à Siloé et lave-toi. » Alors je suis parti, je me suis lavé et j'ai recouvré la vue ».
12 Ils lui dirent : « Où est-il ? » Il dit : « Je ne sais pas ».
13 On le conduit aux Pharisiens, l'ancien aveugle.
14 Or c'était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
15 À leur tour les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : « II m'a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois ».
16 Certains des Pharisiens disaient : « II ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu'il n'observe pas le sabbat »; d'autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes ? » Et il y eut scission parmi eux.
17 Alors ils dirent encore à l'aveugle : « Toi, que dis-tu de lui, de ce qu'il t'a ouvert les yeux ? » II dit : « C'est un prophète».

Cette partie est elle-même construite de façon symétrique :

- Tout d’abord, nous avons le questionnement des gens qui étaient habitués à le voir auparavant : « n’est-ce pas celui qui se tenait assis à mendier ? » (v. 8)
- À la fin du passage, nous avons également un questionnement, de la part des Pharisiens : « que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? » (v. 17)

- Une dissension se produisit parmi les gens, concernant l’identification de l’aveugle-né : « les uns disaient : c’est lui – non, disaient les autres, mais il lui ressemble » (v. 9).
- Une dissension se produisit entre ceux qui disaient : « cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le Sabbat » et ceux qui objectaient : « comment un pécheur pourrait-il accomplir de tels signes ? » (v. 16)

Ils étaient divisés (Jn 9; 16).

- L’aveugle-né dit aux voisins : « un homme appelé Jésus a fait de la boue, m’en a enduit les yeux et a dit : va te laver à Siloé » (v. 11).
- L’aveugle-né dit aux Pharisiens : « il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé et j’y vois » (v. 15).

Nous trouvons le centre de cette deuxième partie :
« C’était un jour de Sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux » (v. 14)

parallèle à : Avant-dernière partie (9; 24-34) :

9 24 Les Juifs appelèrent donc une seconde fois l'homme qui avait été aveugle et lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur ».
25 Lui répondit : « Si c'est un pécheur, je ne sais pas; je ne sais qu'une chose : j'étais aveugle et à présent j'y vois ».
26 Ils lui dirent alors : « Que t'a-t-il fait ? Comment t'a-t-il ouvert les yeux ? »
27 Il leur répondit : « Je vous l'ai déjà dit et vous n'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l'entendre à nouveau ? Est-ce que, vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples ? »
28 Ils l'injurièrent et lui dirent : « C'est toi qui es son disciple; mais nous, c'est de Moïse que nous sommes disciples.
29 Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d'où il est ».
30 L'homme leur répondit : « C'est bien là l'étonnant : que vous ne sachiez pas d'où il est, et qu'il m'ait ouvert les yeux.
31 Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs, mais si quelqu'un est religieux et fait sa volonté, celui-là il l'écoute.
32 Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né.
33 Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».
34 Ils lui répondirent : « De naissance tu n'es que péché, et tu nous fais la leçon ! » Et ils le jetèrent dehors.

le miraculé est convoqué puis expulsé. Jn 9; 24,34. cet homme est pécheur. Jn 9, 24,34.

- Je ne sais qu’une seule chose, j’étais aveugle et maintenant j’y vois (v. 25).
- Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle de naissance (v. 32).

Ces versets symétriques encadrent le centre de ce passage :

Toi, tu es disciple de cet homme
nous, nous sommes disciples de Moïse (v. 28).
Nous, nous savons que c’est à Moïse que Dieu a parlé,
mais lui, nous ne savons pas d’où il est (v. 29)

nous ne savons pas d'où il est. Jn. 9; 29.

Le miraculé leur répond : « c’est là justement l’étonnant : que vous ne sachiez pas d’où il est, alors qu’il m’a ouvert les yeux » (v. 30).
Les disciples de Moïse – ou prétendus tels – ne savent pas d’où est le Christ, car ils ne connaissent pas le Père.

- Dans la deuxième partie, le miraculé disait aux voisins qui lui demandaient où se trouvait l’auteur du miracle : « je n’en sais rien » (v. 12)

où est-il ? je ne sais pas. Jn. 9; 12.

- Ici, le miraculé sait que « Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais que si un homme est religieux et accomplit sa volonté, celui-là il l’exauce.
Par contre, les Juifs ne savent pas d’où est le Christ.

nous ne savons pas. Jn. 9; 29.

Partie centrale (9; 18-23) :

9 18 Les Juifs ne crurent pas qu'il eût été aveugle tant qu'ils n'eurent pas appelé les parents de celui qui avait recouvré la vue.
19 Ils leur demandèrent : « Celui-ci est-il votre fils dont vous dites qu'il est né aveugle ? Comment donc y voit-il à présent ?»
20 Ses parents répondirent : « Nous savons que c'est notre fils et qu'il est né aveugle.
21 Mais comment il y voit maintenant, nous ne le savons pas; ou bien qui lui a ouvert les yeux, nous, nous ne le savons pas. Interrogez-le, il a l'âge; lui-même s'expliquera sur son propre compte ».
22 Ses parents dirent cela parce qu'ils avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs étaient convenus que, si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue.
23 C'est pour cela que ses parents dirent : « II a l'âge; interrogez-le ».

Les Juifs ne croient pas ; les parents prétendent ne pas savoir, et celui qui confesse le Christ est exclu de la Synagogue.
« Les Juifs ne crurent pas que cet homme eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue » (v. 18).
Les parents dirent : « comment il y voit maintenant et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas. Il a de l’âge ; il s’expliquera bien lui-même » (v. 21)
Ils craignaient les Juifs, car ils s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la Synagogue quiconque reconnaîtrait Jésus pour le Christ » (v. 22).

Si l’on ne croit pas, les voies de la Connaissance sont fermées ; celui qui fait l’œuvre de Dieu, il croit dans le Christ, et connaît Celui qui L’a envoyé.

L’expression « ouvrir les yeux » revient à sept reprises dans le récit :

1) 9 ; 10 : « comment donc tes yeux se sont-ils ouverts ? »
2) 9 ; 14 : « c’était un jour de Sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux ».
3) 9 ; 17 : « que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? »
4) 9 ; 21 : « comment il y voit maintenant et qui lui a ouvert les yeux, nous n’en savons rien ».
5) 9 ; 26 : « comment t’a-t-il ouvert les yeux ? »
6) 9 ; 30 : « … que vous ne sachiez pas d’où il est, alors qu’il m’a ouvert les yeux ».
7) 9 ; 32 : « jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance ».

L’épisode de l’infirme de Béthesda est suivi d’un exposé doctrinal, qui donne le sens spirituel de ce qui se passe, et montre l’enjeu du débat qui a lieu entre le Christ et le peuple juif.
Ici, l’épisode de la guérison de l’aveugle-né est suivi d’un exposé doctrinal, qui fait partie de la même péricope :

La partie doctrinale (9; 39 - 10; 21)

9 39 Jésus dit alors : « C'est pour un jugement que je suis venu en ce monde : pour que voient ceux qui ne voient pas et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
40 Des Pharisiens qui se trouvaient avec lui, entendirent et lui dirent : « Sommes-nous aveugles, nous aussi ? »
41 Jésus leur dit : « Si vous étiez aveugles, vous seriez sans péché; mais vous dites : Nous voyons! Votre péché demeure ».

10 1 « Amen, Amen, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais en fait l'escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand ;
2 celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis.
3 Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et il les mène dehors.
4 Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
5 Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers ».

10 6 Jésus leur dit cette parabole ; mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.

10 7 Alors Jésus dit à nouveau : « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.
8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage.
10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante.
11 Je suis le bon berger ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.
12 Le mercenaire, qui n'est pas le pasteur et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s'enfuit, et le loup s'en empare et les disperse.
13 C'est qu'il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis.
14 Je suis le bon berger ; et je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ;
17 c'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre.
18 Personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père ».

10 19 Il y eut de nouveau scission parmi les Juifs à cause de ces paroles.
20 Beaucoup d'entre eux disaient : « II a un démon; il délire. Pourquoi l'écoutez-vous ? »
21 D'autres disaient : « Ces paroles ne sont pas d'un démoniaque. Est-ce qu'un démon peut ouvrir les yeux d'un aveugle ? »

Première partie (9; 39-41) :

9 39 Jésus dit alors : « C'est pour un jugement que je suis venu en ce monde : pour que voient ceux qui ne voient pas et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
40 Des Pharisiens qui se trouvaient avec lui, entendirent et lui dirent : « Sommes-nous aveugles, nous aussi ? »
41 Jésus leur dit : « Si vous étiez aveugles, vous seriez sans péché; mais vous dites : Nous voyons! Votre péché demeure ».

Le Christ vient pour un jugement.
De toute évidence, le Christ cite le prophète Isaïe : « Va, et dis à ce peuple : écoutez de toutes vos oreilles sans comprendre, voyez de tous vos yeux sans apercevoir » (Is. 6; 9). Ceux qui prétendent voir et entendre, en alléguant la Loi mosaïque - mais ne reconnaissent pas le Christ - sont en réalité sourds et aveugles. En prétendant voir, le péché des Pharisiens demeure. Mais de quel péché s'agit-il ? Cela nous est expliqué dans le passage parallèle, qui est la dernière partie de ce texte doctrinal :

parallèle à : Dernière partie (10; 19-21) :

10 19 Il y eut de nouveau scission parmi les Juifs à cause de ces paroles.
20 Beaucoup d'entre eux disaient : « II a un démon; il délire. Pourquoi l'écoutez-vous ? »
21 D'autres disaient : « Ces paroles ne sont pas d'un démoniaque. Est-ce qu'un démon peut ouvrir les yeux d'un aveugle ? »

Verset 20 : Une division (schisma) se produisit parmi les Juifs à propos de ces paroles. Beaucoup d’entre eux disaient :

il a un démon et il est fou. Jn. 10; 20.

C’est la troisième fois que le peuple juif commet le PÉCHÉ CONTRE L'ESPRIT :

- Lors de la fête des Tentes, dans le Temple, les Juifs commettent pour la première fois le Péché contre l'Esprit (7 ; 20) :

tu as un démon Jn. 7; 20.

- lors du débat sur la filiation d’Abraham, les Juifs commettent pour la deuxième fois le Péché contre l'Esprit (8 ;48 et 52) :

maintenant, nous savons... Jn. 7; 52.

- maintenant, ce Péché est commis pour la troisième fois : le sort de ceux qui, parmi le peuple juif, renient le Christ, est scellé : « votre péché demeure » (9 ; 41).

Le péché contre l'Esprit consiste en le fait d'attribuer aux Puissances des Ténèbres, les oeuvres qu'accomplit le Christ. Dans ce cas, on court-circuite l'action du Christ, et l'on se rend incapable de la comprendre ni de l'accepter. C'est un péché qui demande, en quelque sorte, une certaine compétence, une réelle culture religieuse. Ce n'est pas de la simple indifférence. Ce « péché contre l'Esprit » est clairement défini dans l'Évangile de Marc : « En vérité, Je vous le dis : tout sera pardonné aux fils d'hommes, les péchés et les blasphèmes tant qu'ils en auront proféré ; mais quiconque aura blasphémé contre l'Esprit-Saint n'aura jamais de pardon : il est coupable d'une faute éternelle. C'est qu'ils (les scribes) disaient : Il est possédé d'un esprit impur » (Mc. 3; 28-30).

Cependant, tous ne commettent pas le péché contre l'Esprit : « D’autres disaient : ce n’est pas là langage de possédé. Est-ce qu’un démon peut ouvrir les yeux d’un aveugle ? »

Le message du Christ est un signe de contradiction, un jugement qui met en pleine lumière l’option de chacun : soit confesser le Christ et voir, soit refuser la Révélation et être volontairement aveugle.

Deuxième partie (10; 1-5) :

10 1 « Amen, Amen, je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans l'enclos des brebis, mais en fait l'escalade par une autre voie, celui-là est un voleur et un brigand ;
2 celui qui entre par la porte est le pasteur des brebis.
3 Le portier lui ouvre et les brebis écoutent sa voix, et ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom et il les mène dehors.
4 Quand il a fait sortir toutes celles qui sont à lui, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.
5 Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu'elles ne connaissent pas la voix des étrangers ».

Cette partie commence par une affirmation importante, soulignée par les mots : « Amen, Amen, je vous le dis » : Suit le récit qui est identifié comme une parabole (paroimia) et nous montre les brebis suivant le Berger au son de sa voix ; il les appelle chacune par son nom et les fait sortir (1o; 3) :

il les appelle par son nom Jn. 10; 3.

- L’ancien Adam avait donné un nom à chaque animal du Paradis, mais ne s’était pas trouvé d’aide qui lui fût assortie (Genèse 2; 20) ;
- le Nouvel Adam, figure de l’humanité globale de la Nouvelle Création, nomme chaque brebis de son troupeau, et cette fois-ci, il trouve l’aide qui Lui est assortie, car les brebis sont les membres du Corps spirituel dont Il est la Tête.

Si le Nouvel Adam donne à chaque brebis le nom qui lui est le sien, le peuple des Sauvés, dirigé par l’Agneau, porte inscrit sur le front le Nom du Père et du Fils (Apoc 14 ; 1).

parallèle à : Avant-dernière partie (10; 7-18) :

10 7 Alors Jésus dit à nouveau : « En vérité, en vérité, je vous le dis, JE SUIS la porte des brebis.
8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
9 Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera un pâturage.
10 Le voleur ne vient que pour voler, égorger et faire périr. Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on l'ait surabondante.
11 Je suis le bon berger ; le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.
12 Le mercenaire, qui n'est pas le pasteur et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse les brebis et s'enfuit, et le loup s'en empare et les disperse.
13 C'est qu'il est mercenaire et ne se soucie pas des brebis.
14 Je suis le bon berger ; et je connais mes brebis et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J'ai encore d'autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi, il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul pasteur ;
17 c'est pour cela que le Père m'aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre.
18 Personne ne me l'enlève ; mais je la donne de moi-même. J'ai pouvoir de la donner et j'ai pouvoir de la reprendre ; tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père ».

Cette partie commence par une affirmation importante, soulignée par les mots : « Amen, Amen, je vous le dis » (v. 7) :

Je suis la Porte des Brebis Jn. 10; 7.

Les relations entre Dieu et son peuple sont évoquées par le prophète Ezéchiel, selon l’image du Berger et de son troupeau : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : voici que J’aurai soin Moi-même de mon troupeau, et Je le passerai en revue. Comme un pasteur passe en revue son troupeau quand il est au milieu de ses brebis dispersées, Je passerai en revue mes brebis » (Ez 34 ; 11 – 16). « Je susciterai pour le mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître, mon serviteur David » (Ez 34 ; 23 – 31). David est la figure du Messie à venir.

Les brebis ENTRENT et SORTENT par la PORTE/CHRIST et ont la Vie surabondamment : elles sont invitées à la divinisation.

le bon berger dépose sa vie Jn. 10; 11.

- tandis que le salarié ne se préoccupe pas des brebis ; c’est une allusion à l’indifférence quant à la personne dont font preuve les Scribes et les Pharisiens – et en tout temps, dont font preuve les « gens de l’appareil », qui ne se préoccupent que d’autorité et de structure, méprisant les personnes.

Suit une autre Révélation du Nom :

le bon berger dépose sa vie. Jn. 10; 15.

Cette Révélation du Nom est répétée une deuxième fois dans les mêmes termes (v. 14) pour bien en souligner l’importance.

Jésus nous donne ici un précieux rubis spirituel, pierre resplendissante et unique, dont les deux faces lumineuses suscitent notre émerveillement : le Christ est l’unique Porte – nous ne pouvons passer de la mort à la Vie que par Lui : tout autre passage est une illusion – et le Christ est le bon Berger : c’est Lui qui nous fait passer la Porte à l’issue de cette vie, et Lui seul. Il nous fait sortir de ce monde de finitude et d’imperfection, et nous fait entrer dans le Royaume.

« Je connais les miennes et les miennes Me connaissent » (v. 14)
« comme Me connaît le Père et Moi, Je connais le Père » (v. 15)

La relation entre les membres du Corps spirituel et la Tête sont comparables à la relation qui existe entre le Christ et le Père.

- Le bon Berger « dépose sa vie pour les brebis » (v. 11);
- le Christ connaît le Père, et il dépose sa vie pour les brebis (v. 15);
- le Père aime son Fils, parce qu'il dépose sa vie, pour à nouveau la reprendre (v. 17)
- Le Christ a le pouvoir de déposer sa vie et de la reprendre à nouveau (v. 18) ; personne ne la lui enlève (même verset).
À quatre reprises, le Christ affirme le caractère volontaire de sa mort. Le commandement qu'il reçoit de son Père est de déposer puis de reprendre sa vie : d'assumer volontairement la mort et de ressusciter pour le Salut du genre humain.

Le Christ parle des autres brebis qui « ne sont pas de cet enclos » (v. 16): les croyants de la Gentilité.

il y aura un seul troupeau. Jn. 10; 16. prophétie de la Passion. Jn. 10; 17.

Personne ne me l'enlève ;
mais je la donne de moi-même.
J'ai pouvoir de la donner
et j'ai pouvoir de la reprendre ;
tel est le commandement que j'ai reçu de mon Père.

- versets 17 et 18 -

Partie centrale (10; 6) :

Ce verset forme une charnière entre les deux textes importants de la péricope :

10 6 Jésus leur dit cette parabole ; mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.

PARALLÈLE (4; 46-54) :

Sur l’autre versant de l’Évangile, AVANT le récit de la guérison de l’infirme à la piscine de Béthesda, nous lisons ce récit :

La guérison du fils d’un fonctionnaire royal (4; 46-54)

4 46 Il retourna alors à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Et il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm.
47 Apprenant que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il s'en vint le trouver et il le priait de descendre guérir son fils, car il allait mourir.

48 Jésus lui dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas ! »
49 Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends avant que ne meure mon petit enfant ».
50a Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. »

50b L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il se mit en route.

51 Déjà il descendait, quand ses serviteurs, venant à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant.
52 I1 s'informa auprès d'eux de l'heure à laquelle il s'était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C'est hier, à la septième heure, que la fièvre l’a quitté ».
53 Le père reconnut que c'était l'heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils vit », et il crut, lui avec sa maison tout entière.

54 Ce nouveau signe, le second, Jésus le fit à son retour de Judée en Galilée.

- L’aveugle de naissance dit : « Je crois, Seigneur »
en voyant le Christ,

- tandis que le fonctionnaire royal croit avant même de voir de ses yeux l’effet de la parole du Christ ;
il croit, tandis que les Juifs « ne comprennent pas ».

La guérison du fils de l’officier royal est le reflet inversé, comme dans un miroir, du récit de la guérison de l’aveugle-né :

- D’une part, c’est un homme de haute extraction - basilikos - qui s’adresse à Jésus ;
- d’autre part, l’aveugle-né est quelqu’un « qui se tient assis à mendier » (9 ; 8) : on ne peut pas imaginer plus bas dans l’échelle sociale.

- C’est le père du malade qui s’adresse à Jésus, et qui croit en lui ;
- c’est Jésus qui s’adresse à l’aveugle-né, et les parents de ce dernier ne croient pas.

- La guérison du fils de l’officier royal se passe en Galilée, à Capharnaüm,
- la guérison de l’aveugle-né se passe à Jérusalem, en Judée.

- L’officier royal prie Jésus de descendre guérir son fils (l'initiative provient de l'officier) ;
- Jésus envoie l’aveugle-né à la fontaine de Siloé (l'initiative provient de Jésus).

- L’officier royal « crut à la parole que Jésus lui avait dite et se mit en route »(4 ; 50) ;
- l’aveugle se met en route vers la fontaine de Siloé, puis croit.

Le récit de la guérison du fils d’un officier royal est construit de façon symétrique, mettant en évidence un verset central significatif :

Première partie (4; 46-47) :

4 46 Il retourna alors à Cana de Galilée, où il avait changé l'eau en vin. Et il y avait un fonctionnaire royal, dont le fils était malade à Capharnaüm.
47 Apprenant que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, il s'en vint le trouver et il le priait de descendre guérir son fils, car il allait mourir.

Le récit commence par une précision spatiale : « (Jésus) retourna alors à Cana de Galilée, où Il avait changé l’eau en vin » (v. 46).
« Ayant appris que Jésus était arrivé de Judée en Galilée... »

parallèle à : Dernière partie (4; 54) :

4 54 Ce nouveau signe, le second, Jésus le fit à son retour de Judée en Galilée.

Ce fut là un second signe (le premier fut celui de Cana) accompli par Jésus à son retour de Judée en Galilée.

Deuxième partie (4; 48-50a) :

4 48 Jésus lui dit : « Si vous ne voyez des signes et des prodiges, vous ne croirez pas ! »
49 Le fonctionnaire royal lui dit : « Seigneur, descends avant que ne meure mon petit enfant ».
50a Jésus lui dit : « Va, ton fils vit. »

parallèle à : Avant-dernière partie (4; 51-53) :

4 51 Déjà il descendait, quand ses serviteurs, venant à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant.
52 I1 s'informa auprès d'eux de l'heure à laquelle il s'était trouvé mieux. Ils lui dirent : « C'est hier, à la septième heure, que la fièvre l’a quitté ».
53 Le père reconnut que c'était l'heure où Jésus lui avait dit : « Ton fils vit », et il crut, lui avec sa maison tout entière.

Dans les deux parties, nous trouvons l'expression : « Ton fils vit ».

Partie centrale (4; 50b) :

4 50b L'homme crut à la parole que Jésus lui avait dite et il se mit en route.

Le parallèle « fils de l’officier royal » / « aveugle-né » montre que la démarche de Foi, l’œuvre du Père, peut être opérée par l’être humain indépendamment de la situation sociale de celui-ci : riche ou pauvre, puissant ou exclus, chacun peut s’ouvrir à Dieu à un moment-clef de sa vie.

Lorsque le Christ affirme qu’Il est la Porte des brebis, il dit également qu’il a « d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos » et que toutes formeront « un seul troupeau » sous « un seul Pasteur » (10 ; 16). La démarche de Foi, l’œuvre du Père, peut être opérée par l’être humain, qu’il soit membre du Peuple élu ou non. L’appel divin n’est pas réservé aux Juifs, tout comme, après le refus historique du peuple Juif d’assumer son destin spirituel, chaque être humain faisant partie de ce peuple reste capable d’entendre l’appel de Dieu.

L’appel est vraiment universel, mais il n’y a qu’une seule porte. Toute autre voix qui celle du Christ est celle d’un voleur ou d’un pillard, qui vient « pour voler, égorger et détruire » (10 ; 10 – 13). Il n’y a qu’une seule Voie, qui passe par le Christ pour nous faire connaître et aimer le Père. Le « n’importe quoi, tout est bon » n’est pas une voie de Salut.

L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?

La quatrième partie portait sur la notion de « choix » qui est présenté à l'être humain. Nous avons vu se conclure le choix définitif du peuple élu envers son Messie, qui est un refus. Ici, en cette cinquième partie du texte, nous avons entendu le «péché contre l'Esprit » prononcé pour la troisième fois par le peuple élu. Alors que le peuple élu scelle son destin, nous avons deux magnifiques exemples de réponse positive au message du Christ : celui de l'aveugle-né, et celui du fils du fonctionnaire royal. Tous deux font une parfaite démarche de Foi. Indépendamment de leur situation sociale, ils sont capables de reconnaître et de recevoir le message du Christ. L'aveugle-né, une fois guéri, subit les conséquences de sa démarche de Foi : sa famille ne l'appuie pas, et il est exclu du corps social. - Le Christ affirme que c'est pour un jugement qu'il est venu en ce monde : ce jugement opère la discrimination entre ceux qui croient au Christ et ceux qui le refusent. Le Christ s'identifie comme étant le seul et unique Berger qui fait passer ses brebis par la porte qui mène au Royaume, et qui, en tant que nouveau Créateur, les appelle chacune par son nom. Il n'existe pas d'autre Berger que lui : les autres sont des mercenaires qui laissent les prédateurs emporter les brebis. Le Christ fait allusion aux « autres brebis » qui, à l'origine, ne faisaient pas partie du peuple élu. Jésus affirme aussi que c'est volontairement qu'il dépose sa vie et qu'il la reprend : volontairement il meurt, et volontairement il ressuscite. Le Christ est le passage exclusif vers le Royaume : il n'en existe pas d'autre. Cette exclusivité est la signification principale que nous dégageons de cette cinquième partie du texte. Bien sûr, ce n'est pas « à la mode » : il est de bon ton, aujourd'hui, de dire que tout est d'égale valeur, et que toutes les spiritualités se valent. Ce n'est pas ce qu'affirme l'Évangile de Jean. Le Christ est la voie exclusive qui nous mène à la connaissance des mystères divins : il n'en existe pas d'autre.

Cette Étude nous permet d'ajouter deux cellules au bas de notre tableau récapitulatif :

La structure de l'Évangile de Jean
- 1 -
Le Prologue : Chapitre 1, versets 1 à 18.
(Péricope 1) Étude 23
- 2 -
Le pôle central de l’Évangile de Jean :
La traversée de la mer :
chapitre 6, versets 16 à 21.
JE SUIS. Ne craignez pas.
(Péricope 12) Étude 24
- 3 -
Et sur l’autre versant :
le Parallèle qui est la Péricope
de la multiplication des pains :
chapitre 6, versets 1 à 15.
(Péricope 11) Étude 25
- 3 -
Sur un versant de l’Évangile, nous avons la
Révélation du Nom divin :
JE SUIS le Pain de Vie :
chapitre 6, versets 22 à 71.
(Péricope 13) Étude 25
- 4 -
Sur l’autre versant, nous avons le récit
de la guérison du paralytique de Béthesda,
chapitre 5 ; versets 1 à 18 (« ne pèche plus »).

Le récit lui-même est suivi d’un
premier texte doctrinal
précisant les relations entre le Père et le Fils :
chapitre 5, versets 19 à 30,

et d’un deuxième texte doctrinal
qui nous parle du
témoignage en faveur du Fils :
celui des « œuvres »,
témoignage qui est plus grand que
celui de Jean-Baptiste :
chapitre 5, versets 31 à 47.
(Péricope 10) Étude 26
- 4 -
Sur un versant de l’Évangile, nous avons la
Révélation du Nom divin :
JE SUIS la Lumière du monde
du chapitre 7 ; 1 au chapitre 8 verset 59.
Jésus à la Fête des Tabernacles :
Discours sur l'Eau vive.

Inclusion de la « Femme adultère »
Chapitre 8, versets 1 à 11.
(Péricope 14) Étude 26
- 5 -
Sur l’autre versant, nous avons le récit
de la guérison du fils du fonctionnaire royal,
chapitre 4 ; versets 46 à 54.
Il s'agit du reflet inversé du récit
de la guérison de l'aveugle-né.
(Péricope 9) Étude 27
- 5 -
Sur un versant de l'Évangile (9; 1 - 10; 21),
nous avons la Révélation des Noms divins :
JE SUIS la Porte / le bon Berger.
Guérison de l'aveugle-né :
chapitre 9, 1 - 38. Le récit lui-même est suivi
d'un TEXTE DOCTRINAL où se trouve l'intitulé
des Noms divins : chapitre 9 ; 39 à 10 ; 21.
Ce texte montre l'exclusivité de la Voie
présentée par le Christ.
(Péricope 15) Étude 27

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T. des Matières

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