Cliquer ci-dessous, pour vous retrouver aux points correspondants du texte :
Les Analogies situées après le pôle central de l'ÉvangileQuels sont les objectifs que nous nous proposons d'atteindre ?
L'Évangile de Jean est comparable à une montagne, dont les deux versants s'élèvent jusqu'au sommet, qui est la traversée du lac de Galilée,
où le Christ révèle le Nom divin. Nous avons déjà remarqué un certain nombre de parallélismes tissés entre les deux versants construits
de façon symétrique.
Les parallélismes existent aussi au sein d'un même versant. Nous les appellerons « Analogies » pour les distinguer des autres.
Les « Analogies » sont en quelque sorte, des parallélismes secondaires, structurant chaque moitié du texte évangélique.
Maintenant, nous allons découvrir ces structures bien particulières.
Nous allons d'abord envisager les parallèles qui existent dans les textes situés après l'épisode de la traversée de la Mer de Galilée (colonne de droite, dans le tableau récapitulatif qui figure en conclusion de l'Étude précédente) :
- 3 - Sur le versant de l’Évangile qui suit le pôle central de celui-ci, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS le Pain de Vie : chapitre 6, versets 22 à 71. (Péricope 13) |
|
- 7 - Sur le même versant de l'Évangile (10; 40, 12; 11), nous avons l'Onction à Béthanie : 12; 1 - 8. Judas proteste - Prophétie involontaire de Caïphe - Inclusion de la Résurrection de Lazare 11; 1 - 44 JE SUIS la Résurrection et la Vie. - La nouvelle Annonciation ; Confession de Foi de Marthe. (Péricope 17) |
Lorsque nous considérons d'un seul regard la péricope du Pain de Vie et celle de la
Résurrection de Lazare, que voyons-nous?
D'abord un parallélisme de sens : Jésus est le Pain venu d'En-Haut, et qui donne la Vie éternelle // Jésus dit
de Lui-même qu'Il est la Résurrection et la Vie.
Ensuite, nous constatons l'existence de particularités textuelles :
Tout au début :
- « la foule était restée sur l'autre rive » peran tès thalassès (6; 22)
- « il s'en alla de nouveaux au-delà du Jourdain » peran tou Iordanou (10; 40)
- d'un côté, nous avons la confession de foi de Pierre (6; 68 - 69)
- et de l'autre, la confession de foi de Marthe (11; 27)
Tout à la fin :
- Juda apparaît : « l'un de vous et un Diable - Il parlait de Juda, fils de Simon l'Iscariote ; c'est lui en effet
qui allait Le livrer » (6; 70)
- « Judas l'Iscariote,l'un de ses disciples, celui qui allait Le livrer » (12; 4) critique le geste de Marie.
Comprenons bien qu'il ne s'agit pas ici d'établir des parallèles « pour le plaisir de le faire », mais bien de découvrir les
« clins d'oeil » de l'Évangéliste qui veut par là nous donner des clés de compréhension pour son texte.
Poursuivons notre exploration des « Analogies » :
- 4 - Sur le même versant de l’Évangile, nous avons la Révélation du Nom divin : JE SUIS la Lumière du monde - du chapitre 7 ; 1 au chapitre 8 verset 59. Jésus à la Fête des Tabernacles : Discours sur l'Eau vive. Inclusion de la « Femme adultère » Chapitre 8, versets 1 à 11. (Péricope 14) |
|
- 6 - Sur le même versant de l'Évangile (10; 22 - 39), nous avons le Discours de la Dédicace : Révélation de la consubstantialité Père / Fils : Moi et mon Père, nous sommes UN. Divorce entre le peuple d'Israël et le Messie. (Péricope 16) |
Lorsque nous considérons d'un seul regard la péricope de la Fête des Tentes et celle de la Fête de la Dédicace,
que voyons-nous ?
Tout d'abord, bien sûr, le fait que dans les deux cas, Jésus se trouve dans le Temple lors d'une fête majeure.
Dans les deux cas, les juifs veulent tuer Jésus : « les juifs apportèrent des pierres pour Le lapider » (10 ; 31) -
« ils ramassèrent alors des pierres pour les Lui jeter » (8 ; 59)et dans les deux cas, leur volonté meurtrière échoua :
« Il se déroba » (huit ; 59) - « Il leur échappa » (10 ; 39).
Dans les deux cas, le Christ parle des oeuvres :« pour une seule oeuvre que j'ai faite… » (7 ; 21) -
« les oeuvres que je fais au nom de mon Père… » (10 ; 25 et 37 ; 38).
Le thème principal de la péricope de la Fête de la Dédicace est l'unité du Père et du Fils ; ce thème constitue la trame
de l'ensemble de la péricope de la Fête des Tentes: « Moi, Je dis ce que J'ai vu chez mon Père» (8 ; 38) « c'est mon Père qui Me
glorifie,Lui dont vous dites : Il est notre Dieu (…) Moi, Je Le connais » (8 ; 54 - 55).
Après ces deux « Analogies », la péricope centrale de ce versant de l'Évangile se dégage : il s'agit de la péricope de l'aveugle-né
et du Bon Pasteur :
- 5 - Sur le même versant de l'Évangile (9; 1 - 10; 21), nous avons la Révélation des Noms divins : JE SUIS la Porte / le bon Berger. - Guérison de l'aveugle-né : chapitre 9, 1 - 38. Le récit lui-même est suivi d'un TEXTE DOCTRINAL où se trouve l'intitulé des Noms divins : chapitre 9 ; 39 à 10 ; 21. Ce texte montre l'exclusivité de la Voie présentée par le Christ. (Péricope 15) |
Cela ne veut pas dire nécessairement que cette péricope soit plus importante que les autres ;
mais cet ensemble de cinq péricopes, qui constitue une partie importante de l'Évangile (6; 22 - 12 ; 11) et sous le signe
du choix : soit, on choisit de faire la démarche de Foi ; on croit aux paroles du Christ, et l'on aime le Père, qui
par le Christ nous donne la Vie inextinguible et parfaite - soit, on choisit d'ignorer le Christ, et l'on se retrouve faire
les oeuvres du père du mensonge - et ces oeuvres ne sont autres que la mort, dans toutes ses dimensions.
Si nous prenons l'option de la Foi - comme l'aveugle-né - nous nous mettons en route, nous nous lavons dans l'eau vivifiante
et nous enlevons les concrétions qui se sont accumulées sur l'Image de Dieu qui est en nous. Une fois cette Image restaurée,
nous voyons le Christ. Le disciple du Christ encourt les persécutions et l'incompréhension de son entourage. Il encourt aussi
l'exclusion, de la part de ceux qui ont peur et le croient pas. Mais il voit ! Il vit, il est au-delà du jugement, il se dirige
vers une Résurrection de Vie - de cette Vie qui n'est pas l'existence biologique promise à la mort, mais la communication de la Divinité.
Nous allons maintenant envisager les parallèles qui existent dans les textes situés avant l'épisode de la traversée de la Mer de Galilée (colonne de gauche, dans le tableau récapitulatif qui figure en conclusion de l'Étude précédente) :
- 7 - Sur l’autre versant, nous avons le récit de la rencontre avec la Samaritaine : chapitre 4; versets 4 à 38 - (Péricope 7) |
|
- 3 - Sur le même versant, nous avons le Parallèle qui est la Péricope de la multiplication des pains : chapitre 6, versets 1 à 15. - (Péricope 11) |
D'un côté, « il Lui fallait traverser la Samarie « (4 ; 4) ; de l'autre côté, Jésus s'en va de l'autre
côté de la mer de Galilée (6 ; 1). Ce n'est certes pas déterminant, mais nous pouvons noter cette idée de « traversée ».
D'un côté, la Samaritaine dit : « nos pères ont adoré sur cette montagne… » (4 ; 21) ; de l'autre côté, « Jésus gravit la montagne… » (6 ; 3).
C'est sur la montagne que s'accomplit le miracle.
Les disciples remplissent les couffins avec les morceaux qui restaient (6 ; 13) ; après avoir parlé à la Samaritaine, Jésus dit à ses disciples : « je
vous ai envoyé moissonner là où vous n'avez pas peiné » (4 ; 38). - « le moissonneur amasse sunagei du grain pour la vie éternelle »
(4 ; 36) et les disciples recueillent sunègagon les restes (6 ; 13).
Lors de la multiplication des pains, le Seigneur nourrit les foules - tous mangent à leur faim (6 ; 12) ; après la rencontre avec la Samaritaine, Il dit
à ses disciples : J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas » (4 ; 32) - il est rassasié, d'une façon que les disciples ne peuvent
comprendre.
Jésus met à l'épreuve Philippe (6 ; 6) en lui demandant comment nourrir la foule ; la Samaritaine met à l'épreuve Jésus, en lui disant : « Seigneur,
donne-la moi, de cette eau-là, afin que je n'aie plus à puiser » (4 ; 15).
Sur le plan du sens, la correspondance est plutôt inverse : la Samaritaine croit, en avant-garde des Samaritains - tandis que la foule
des juifs n'a en tête que la politique ; elle veut affubler Jésus de la royauté, contraignant celui-ci à fuir, seul, dans la montagne.
- 6 - Sur le même versant, nous avons l'accueil des Samaritains. (4; 39 - 45) - (Péricope 8) |
|
- 4 - Sur le même versant, nous avons le récit de la guérison du paralytique de Béthesda, chapitre 5 ; versets 1 à 18 (« ne pèche plus »). Le récit lui-même est suivi d’un premier texte doctrinal précisant les relations entre le Père et le Fils : chapitre 5, versets 19 à 30, et d’un deuxième texte doctrinal qui nous parle du témoignage en faveur du Fils : celui des « œuvres », témoignage qui est plus grand que celui de Jean-Baptiste : chapitre 5, versets 31 à 47. - (Péricope 10) |
Lorsque nous considérons d'un seul regard la péricope de l'accueil des Samaritains et celle de la femme de
Béthesda, que voyons-nous ?
On ne peut pas imaginer une opposition de sens plus absolue que celle qui existe entre ces deux péricopes : les Samaritains croient que
Jésus « est vraiment le Sauveur du monde » (4 ; 42) et les Galiléens l'accueillent (4 ; 45). - quant aux Judéens, Jésus dit à leur propos
qu' « un prophète ne jouit d'aucun égard dans son pays » (4 ; 44). Donc, à la limite, n'importe qui croit au Christ, sauf
ceux à qui la Bonne Nouvelle était destinée en priorité.
Les juifs qui entourent l'infirme de Béthesda ne croient pas, et ne voient qu'une chose : Jésus a accompli la guérison un jour de sabbat.
Jésus leur dit : « Je vous connais : l'amour de Dieu n'est pas en vous » (5 ; 42) - « de la gloire qui vient du seul Dieu, vous n'avez nul
souci »(5 ; 44).
Après les deux « Analogies » que nous avons relevées, la péricope centrale de cette partie de l'Évangile se dégage : il s'agit
de la péricope de la guérison du fils de l'officier royal :
- 5 - Sur le même versant, nous avons le récit de la guérison du fils du fonctionnaire royal, chapitre 4 ; versets 46 à 54. (Péricope 9) |
Là aussi, cela ne veut pas dire que cette péricope soit plus importante que les autres ; mais cet ensemble de cinq péricopes (4 ; 4 - 6 ; 15) est sous le signe de la démarche de FOI, de la part de l'être humain : la Samaritaine croit en Jésus ; les Samaritains croient d'eux-mêmes ; l'Officier royal croit et se met en route ; l'infirme de Béthesda se met en route et croit ; la foule de la multiplication des pains croit - certes imparfaitement, comme peut croire une foule - en disant : celui-ci est le prophète. C'est la réponse de la FOI aux enseignements et aux signes accomplis par le Christ.
L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ?
Nous avons découvert diverses Analogies. Celles-ci sont des parallélismes secondaires qui, en tant que tels, ne sont pas indispensables
à la compréhension du texte évangélique. Ces parallélismes mettent en valeur le fait que le texte de l'Évangile de Jean a été très soigneusement
rédigé, de sorte qu'il ne convient pas d'en négliger le moindre détail. C'est ainsi que la présence de l'allusion à Judas, qui se trouve à la fin de
la péricope du Pain de Vie (6 ; 70 - 71), ne peut s'expliquer que par un parallélisme avec la protestation de Judas, lors de
l'Onction à Béthanie (12 ; 4 - 6). La première série d'Analogies souligne la thématique du choix - celui qui est présenté
à l'être humain : d'adhérer au Message du Christ ou de le refuser. La deuxième série d'Analogies retrace la thématique de
la démarche de Foi, cette réponse de l'être humain au Salut apporté par le Christ, réponse inspirée par l'Esprit.
Avec les Analogies, nous avons franchi une étape importante, dans notre étude du texte de l'Évangile de Jean. Lors des prochaines
Études, nous allons tout d'abord accompagner Jésus lors de son Entrée à Jérusalem, et ensuite, aborder le grand récit de la Passion.