Orthodoxie en Abitibi

La première Épître de Jean, premier diptyque

Étude XLII : La Première Épître de Jean - premier diptyque

- P. Georges Leroy -

Cliquer ci-dessous, pour vous retrouver aux points correspondants du texte :

Le Prologue
Le Premier Diptyque : Lumière et Ténèbre - Premier volet : l'Ancien Commandement
Le Premier Diptyque : Lumière et Ténèbre - Deuxième volet : le Nouveau Commandement


Quels sont les objectifs que nous nous proposons d'atteindre ?


Dans les Études précédentes, nous avons entrepris la périlleuse tâche d'explorer les profondeurs de l'être humain. Pour pallier à la confusion des termes qui règnent généralement dans ce domaine, nous avons décidé d'envisager l'être humain sous quatre aspects : le corps, le psychisme, l'âme et l'esprit. Nous avons comparé l'esprit à une « mer intérieure » - qui nous est à la fois personnelle et commune à toute l'humanité - et dont les eaux restent immobiles, tant qu'elles ne sont pas touchées par l'action de l'Esprit-Saint. Nous avons constaté que lorsque s'opère le déclenchement de la Foi, la nature même de cette « mer intérieure » change de façon radicale : elle devient un « Fleuve de Vie » dont les flots ramènent les « suggestions créatrices » jusqu'au niveau conscient. Nous avons inscrit, dans le processus d'élévation vers Dieu parcouru par l'être humain, la « naissance à l'esprit » qui différencie radicalement l'homme spirituel de l'homme charnel.


Nous avons déjà scruté attentivement l'Évangile de Jean (Études 23 à 39), et y avons découvert tout un trésor spirituel. La signification du message contenu dans cet Évangile est présentée et mise en valeur par la structure de l'ensemble de ce texte. Nous allons maintenant porter notre attention sur la première Épître de Jean, en nous posant les questions suivantes: quelles sont les difficultés que ce texte présente à l'exégète ? Pouvons-nous découvrir dans cette lettre johannique une structure textuelle - et cette structure est-elle analogue à celle qui existe dans l'Évangile de Jean ? Enfin, quel est le message essentiel qui est présenté aux croyants par la première Épître de Jean ?


Le Prologue de la première Épître de Jean (1 ; 1 - 4)

La première Épître de Jean présente une crux interpretum pour les exégètes.
- Certains y voient le rassemblement d'une collection de fragments homilétiques qui reprendraient des enseignements de la communauté - fragments augmentés par diverses additions adaptées à la situation de celle-ci.
- D'autres exégètes ont présenté divers plans de cette Épître, plans souvent contradictoires.
- Certains ont déclaré forfait et nient l'existence même en ce texte, d'une argumentation cohérente ou d'une logique liant les diverses parties de ce texte.
- Certains exégètes suggèrent que l'on peut commencer n'importe où la lecture et l'arrêter de la même façon, sans aucunement nuire à la compréhension - ou à l'absence de compréhension de celle-ci. Ils vont même jusqu'à dire que si un fragment de texte de l'Épître manquait, personne ne s'en apercevrait…
À défaut d'éclairer le texte, cela montre à quel point de nombreux exégètes sont incapables d'y voir clair.

Tout ceci montre en fait qu'une certaine exégèse rationaliste méprise le texte qu'elle étudie. En ce qui nous concerne, notre attitude sera exactement contraire : tout comme l'Évangile de Jean, nous respecterons absolument le texte, car nous savons que l'Évangéliste, en le rédigeant, était conscient de son importance primordiale et essentielle.
Assurément, l'écrivain sacré a apporté à la rédaction de ces lignes l'attention la plus minutieuse. Aucun mot n'a été écrit à la légère, car le Saint Évangéliste était conscient de livrer à l'humanité un message absolument fondamental et déterminant.

Ici, c'est un court texte qui se présente à nous yeux, ce qui a l'avantage de nous offrir une brève synthèse de l'ensemble de l'enseignement chrétien. C'est à nous d'en découvrir à la fois le sens, et la structure qui porte sa signification.


Voici le texte : chapitre 1, versets 1 à 4 :


1 ; 1 Ce qui était au commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie,


2 - car la Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue -


3 ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.
4 Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète.


**************************

Première partie : 1 ; 1.

1 ; 1 CE QUI ÉTAIT AU COMMENCEMENT (ap' archès), ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché (epsèlafèsan) du Verbe de vie,

Les premiers mots de l'Épître sautent aux yeux : « ce qui est du Principe » ho èn ap'archès. L'Évangile de Jean commence par les mots : en archè èn ho Logos - « Dans le Principe est le Verbe ». Le « Principe » désigne la Personne du Père. Si l'Évangile de Jean commence par un Prologue, cette première Épître commencerait-elle également par un Prologue ? Puisqu'il s'agit d'un texte bien moins étendu, le Prologue de l'Épître sera nécessairement plus bref.

Nous pouvons remarquer que les quatre premiers articles - ho - sont neutres : « Ce » qui était... C'est un effet de totalisation, que nous trouvons aussi en Jn. 17 ; 7 (« Maintenant ils ont connu que tout CE que Tu M'as donné, SONT auprès de Toi ») et en Jn. 17 ; 24 (« Père, CE que Tu M'as donné, Je veux que là où Je suis, aussi CEUX-LÀ soient avec Moi »). Ce sont les surprises de la grammaire johannique.

Dans ce premier verset, nous relevons les mots : « ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux ». Or nous retrouvons les mêmes mots au troisième verset : « ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons ». Cette similitude indique un parallélisme textuel.

L'Évangéliste s'exprime en son propre nom et au nom de tous les Apôtres, en tant que témoin oculaire. Le fait qu'ils ont entendu, qu'ils ont vu, qu'ils ont contemplé et qu'ils ont touché le Verbe de Vie, fonde la crédibilité du Message.

On parle ailleurs de « toucher le Verbe de Vie » :
« Voyez mes mains et mes pieds ; JE SUIS le même ! (egô eimi autos) Touchez-Moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai » (Lc. 24 ; 29).
Par contre, lors de l'attouchement de Thomas, un autre verbe est employé : « si je ne jette (balô) mon doigt dans la trace des clous et si je ne jette ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn. 20 ; 25).

Parallèle à :

Dernière partie : 1 ; 3, 4.

3 ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ.
4 Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète.

L'Évangéliste et les Apôtres annoncent qui sont en communion (koinônia) avec le Père et le Fils, et que cette communion, ils veulent la partager avec nous.

Cette partie du texte se termine par un terme qui ne se trouve qu'une seule fois dans cette Épître : la joie (khara). Ce terme de « joie » sert de borne pour clore le Prologue de l'Épître.

Nous retrouvons ici très clairement le message de l'Évangile de Jean :

Comme le Père M'a aimé [il s'agit de la communion entre le Père et le Fils], Moi aussi Je vous ai aimés [il s'agit de la communion entre le Christ et les croyants]. (...) Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite (Jn. 15 ; 9 - 11).

Partie centrale : 1 ; 2.

2 - car la Vie s'est manifestée (ephanerôthè) : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous a été manifestée (ephanerôthè)

Le message de cette Épître est celui-ci :
1) la Vie s'est manifestée ;
2) les Apôtres et l'Évangéliste l'ont authentiquement vue en la Personne du Christ ;
3) les Apôtres et l'Évangéliste en portent le témoignage ;
4) ils annoncent la Vie éternelle ;
5) ils annoncent également la Révélation du fait que le Christ est « auprès du Père », car qui a vu le Christ, a vu le Père (Évangile de Jean 14 ; 9).

Rappelons ce que nous savons déjà fort bien, après avoir étudié l'Évangile de Jean : Le Christ est lui-même la Vie absolue, qu'Il tient du Père, et désire nous transmettre :
« En lui, était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes » (Jn. 1 ; 4)
« JE SUIS la Résurrection et la Vie » (Jn 11 ; 25)
« JE SUIS la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn. 14 ; 6)
« JE SUIS le Premier et le Dernier et le Vivant » (Apocalypse 1 ; 17 - 18)
et dans l'épilogue de l'Épître : « Celui-ci est le Véritable, Dieu, et la Vie éternelle » (I Jn. 5 ; 20).

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Le Premier Dyptique : Lumière et Ténèbre.

(A) Premier volet : l'Ancien Commandement (1 ; 5 - 2; 7)

Ce premier volet s'articule en trois sections parallèles, autour d'une section centrale.
Les limites du texte sont constituées par les expressions : « le message que nous avons entendu - la parole que vous avez entendue ».

Voici le texte :

1 ; 5 Or voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : DIEU EST LUMIÈRE, en lui point de ténèbres.

1 ; 6 Si nous disons que nous sommes en communion avec lui alors que nous marchons dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité.
7 Mais si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché.

1 ; 8 Si nous disons : « Nous n'avons pas de péché », nous nous égarons (eautous planômen), la vérité n'est pas en nous.
9 Si nous confessons nos péchés, Lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité.
10 Si nous disons : « Nous n'avons pas péché », nous faisons de Lui un menteur (pseustès poioumen auton), et sa parole n'est pas en nous.

2 ; 1 Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste.
2 C'est Lui qui est expiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.

2 ; 3 À ceci nous savons que nous Le connaissons : si nous gardons ses commandements.
4 Celui qui dit : « Je Le connais », alors qu'il ne garde pas ses commandements est un menteur (pseustès estin), et la vérité n'est pas en lui.
5 Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui vraiment que l'amour de Dieu est accompli. À cela nous savons que nous sommes en Lui.

2 ; 6 Celui qui prétend demeurer en lui doit aussi marcher, comme Celui-là a marché.

2 ; 7 Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, c'est un commandement ancien, que vous avez reçu dès le début. Ce commandement ancien est la parole que vous avez entendue.


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Le texte commence par « le message qu'Il (le Christ) nous a fait entendre ».
Le texte se termine par « la parole que vous avez entendue ». On ne saurait énoncer plus clairement un parallélisme !

Première partie : 1 ; 5.

1 ; 5 Or voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : DIEU EST LUMIÈRE, en lui point de ténèbres.

Parallèle à :

Dernière partie : 2 ; 7.

2 ; 7 Bien-aimés, ce n'est pas un commandement nouveau que je vous écris, c'est un commandement ancien, que vous avez reçu dès le début. Ce commandement ancien est la parole que vous avez entendue.

La première partie de ce volet énonce le message fondamental : « Dieu est Lumière ; il n'y a pas en Lui de ténèbres ». La dernière partie affirme qu'il s'agit d'un « commandement ancien ». Nous sommes en présence d'une définition de Dieu, qui s'avère être un commandement.

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Cette définition de Dieu n'est pas seulement une formule : c'est un engagement. Toute la question est de savoir si l'on «marche» dans la Lumière, ou dans les ténèbres.
Le verbe « marcher » (inscrit à deux reprises dans chaque section) constitue le parallélisme entre la deuxième et l'avant-dernière partie du texte.

Deuxième partie : 1 ; 6 - 7.

1 ; 6 Si nous disons que nous sommes en communion avec Lui et que nous marchons (paripatômen) dans les ténèbres, nous mentons, nous ne faisons pas la vérité.
7 Mais si nous marchons (paripatômen) dans la lumière comme Il est Lui-même dans la Lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus[-Christ], son Fils, nous purifie de tout péché.

Parallèle à :

Avant-dernière partie : 2 ; 6.

2 ; 6 Celui qui dit demeurer en Lui doit aussi marcher (ekainos paripatèse), tout comme Celui-là a marché (autos houtô paripatein).

Le Christ a « marché », en ce sens qu'Il a assumé totalement notre condition humaine. C'est à notre tour de « marcher » : si nous marchons dans la Lumière, le sang de Jésus nous purifie de tout péché.

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L'énoncé « si nous disons » que nous trouvons ci-dessous à deux reprises dans la troisième partie, se reflète dans l'expression « celui qui dit », dans l'anté-pénultième partie - tout comme la notion de « menteur », ce qui montre l'existence d'un parallélisme entre ces deux sections.

Troisième partie : 1 ; 8 - 10.

1 ; 8 Si nous disons : « Nous n'avons pas de péché », nous nous égarons, la vérité n'est pas en nous.
9 Si nous confessons nos péchés, Lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité.
10 Si nous disons : « Nous n'avons pas péché », nous faisons de Lui un menteur, et sa parole n'est pas en nous.

Parallèle à :

Anté-pénultième partie : 2 ; 3 - 5.

- Garder les commandements :

2 ; 3 À ceci nous savons que nous Le connaissons : si nous gardons ses commandements.

- Ne pas garder les commandements :

4 Celui qui dit : « Je Le connais », alors qu'il ne garde pas ses commandements est un menteur, et la vérité n'est pas en lui.

- Garder la parole :

5 Mais celui qui garde sa parole, c'est en lui vraiment que l'amour de Dieu est accompli. À cela nous savons que nous sommes en Lui.

Si nous ne nous considérons pas comme pécheurs, nous faisons de Dieu un menteur ;
si nous ne gardons pas les commandements divins, c'est nous-mêmes qui sommes des menteurs, étrangers à la vérité.

« Garder les commandements » est équivalent à « garder la parole » du Christ. Si nous le faisons, nous obtenons le pardon et la purification ; l'amour divin règne en plénitude, tandis que surgit en nous la conscience que nous sommes en Christ.

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Partie centrale : 2 ; 1 - 2.

2 ; 1 Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat (paraklèton) auprès du Père Jésus Christ, le Juste.
2 C'est Lui qui est expiation (hilasmos) pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.

Le Christ est un autre Paraclet, avec l'Esprit-Saint : « Je (Jésus) prierai le Père, et Il vous donnera un autre Paraclet pour être avec vous à jamais : l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne Le voit ni ne Le connaît » (Jn. 14 ; 16 - 17). Le Christ est Paraclet auprès du Père.

Après avoir étudié ce premier volet, comment allons-nous poursuivre notre découverte de cette Épître ?

Si la première Épître de saint Jean est construite de la même façon que l'Évangile johannique - c'est-à-dire en des péricopes parallèles disposées autour d'un pôle central - nous devrions découvrir, à la fin de cette Épître, un passage qui soit parallèle au volet que nous venons d'étudier. Or ce n'est visiblement pas le cas.

Par contre, si nous regardons le texte qui suit immédiatement, nous constatons que l'Évangéliste nous parle d'un «Commandement nouveau», (2 ; 8) - ce qui est de toute évidence, en relation avec le « Commandement ancien » dont il est traité dans le premier volet (2 ; 7).

Dans la suite du texte, nous lisons dans le deuxième volet les expressions : « celui qui dit être dans la Lumière » (2 ; 9) et «celui qui aime son frère, demeure dans la Lumière» (2 ; 10) - ce qui est de toute évidence, en relation avec l'expression : «Mais si nous marchons dans la Lumière, comme Il est Lui-même dans la Lumière...» qui figure dans le premier volet (1 ; 7).

Enfin, nous lisons dans le deuxième volet l'expression : « la parole de Dieu demeure en vous » (2 ; 14) [dite à propos des «jeunes gens»] - ce qui est en relation avec l'expression : « celui qui garde sa parole... » qui figure dans le premier volet (2;5).

Ce sont des parallélismes qui nous mènent à la conclusion que nous sommes en présence de deux péricopes formant les deux volets d'un diptyque.

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Le Premier Dyptique : Lumière et Ténèbre.

(B) Deuxième volet : le Nouveau Commandement (2 ; 8 - 17)

Ce deuxième volet s'articule en trois sections parallèles - dépourvues de section centrale.

Voici le texte :

2 ; 8 Pourtant, c’est un commandement nouveau que je vous écris - ce qui est vrai en Lui et en vous, parce que la ténèbre passe et que la véritable lumière brille déjà.

2 ; 9 Celui qui dit être dans la lumière tout en haïssant son frère est dans la ténèbre jusqu’à maintenant.
10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucune occasion de trébucher.
11 Mais celui qui hait son frère est dans la ténèbre, il marche dans la ténèbre, il ne sait où il va, parce que la ténèbre a aveuglé ses yeux.

2 ; 12 Je vous écris, petits enfants, parce que les péchés vous sont remis à cause de son Nom.
13 Je vous écris, pères, parce que vous connaissez Celui qui est dès le commencement.
Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Mauvais.

2 ; 14 Je vous ai écrit, petits enfants, parce que vous connaissez le Père.
Je vous ai écrit, pères, parce que vous connaissez Celui qui est dès le commencement.
Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le Mauvais.

2 ; 15 N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui.
16 Car tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et satisfaction insolente de la vie - n'est pas du Père mais est du monde.

2 ; 17 Et le monde passe, et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.


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Parallélisme entre les deux sections :
- dans la première partie : « l'obscurité passe » ;
- dans la dernière partie : « le monde passe ».

Première partie : 2 ; 8.

2 ; 8 Pourtant, c’est un COMMANDEMENT NOUVEAU que je vous écris - ce qui est vrai (ho estin alèthes : « ce » neutre, qui exprime un fait eschatologique) en Lui et en vous, parce que la ténèbre passe (hè skotia paragetai) et que la véritable lumière brille déjà.

C'est l'opposition entre la ténèbre condamnée à disparaître - et la lumière véritable, dont nous apercevons l'aurore.

Parallèle à :

Dernière partie : 2 ; 17.

2 ; 17 Et le monde passe (ho kosmos paragetai), et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.

C'est l'opposition entre le caractère passager du monde - et la stabilité de celui qui accomplit la volonté divine,
entre l'epithumia - convoitise du monde et la thelèma - volonté de Dieu.

- La lumière véritable brille déjà ;
- la volonté de Dieu demeure éternellement.

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Parallélisme entre les deux sections :
- dans la première partie : « celui qui aime son frère... ho agapôn ton adelphon autou » ;
- dans la dernière partie : « n'aimez pas le monde... . mè agapète ton kosmon »

Deuxième partie : 2; 9 - 11.

2 ; 9 Celui qui dit être dans la lumière tout en haïssant son frère est dans la ténèbre jusqu’à maintenant.
10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière et il n'y a en lui aucune occasion de trébucher (skandalon).
11 Mais celui qui hait son frère est dans la ténèbre, il marche dans la ténèbre, il ne sait où il va, parce que la ténèbre a aveuglé ses yeux.

C'est la contradiction de langage entre celui qui prétend être dans la lumière, tout en n'aimant pas son frère.

Parallèle à :

Avant-dernière partie : 2 ; 15 - 16.

2 ; 15 N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui.
16 Car tout ce qui est dans le monde - la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse - vient non pas du Père mais du monde.

C'est l'incompatibilité entre l'amour envers le monde, et l'amour envers le Père.

La convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la richesse sont les trois tentations :
- le démon qui demande à Jésus de transformer les pierres en pain - ce à quoi Jésus répond : « ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme » - voici pour la convoitise de la chair ;
- se jeter du pinacle du Temple et être assisté par les Anges aux yeux de tous - voici pour la convoitise des yeux ;
- recevoir la puissance et la gloire de tous les royaumes du monde - voici pour l'orgueil de la richesse (Lc. 4 ; 3 - 13 // Mt. 4; 3 - 11).

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Ici, le parallélisme est particulièrement évident !

Troisième partie : 2 ; 12 - 13.

2 ; 12 Je vous écris, petits enfants,
parce que les péchés vous sont remis à cause de son Nom.
13 Je vous écris, pères,
parce que vous connaissez Celui qui est dès le Principe.
Je vous écris, jeunes gens,
parce que vous avez vaincu le Mauvais.

Parallèle à :

Anté-pénultième partie : 2 ; 14.

2 ; 14 Je vous ai écrit, petits enfants,
parce que vous connaissez le Père.
Je vous ai écrit, pères,
parce que vous connaissez Celui qui est dès le Principe.
Je vous ai écrit, jeunes gens,
parce que vous êtes forts, que la parole de Dieu demeure en vous et que vous avez vaincu le Mauvais.

- Les pères connaissent le Père, « CELUI QUI EST dès le Principe » (ap'archès).
- Les jeunes gens ont vaincu le Mauvais, parce que la parole de Dieu demeure en eux.
- Les petits enfants (teknia / paidia) connaissent le Père, parce que leurs péchés leur sont remis à cause du Nom du Christ.

Le nouveau Commandement ne permet pas l'incohérence :
- il n'est pas question de prétendre le pratiquer, tout en détestant son frère ;
- il n'est pas question de prétendre le pratiquer, tout en suivant les valeurs du monde.

De même, dans le premier volet, l'« ancien Commandement » ne supporte pas non plus l'incohérence :
- il est incompatible avec le fait d'être menteur et de ne pas pratiquer la vérité ;
- il demande un engagement, et de garder la parole divine.


L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?

En abordant la première Épître de saint Jean, nous avons constaté qu'elle commence par un bref Prologue, initié par la référence au PRINCIPE, c'est-à-dire à la Personne du Père - précisément comme c'est le cas dans l'Évangile de Jean. Ensuite, nous avons découvert la définition de Dieu comme LUMIÈRE.

L'Ancien Commandement exige un engagement réel : le fait de « marcher » dans la Lumière. L'Ancien Commandement ne permet aucunement le mensonge - mais préconise de garder la Parole divine.

Le Nouveau Commandement, quant à lui, dissipe les ténèbres et fait briller la véritable Lumière. La pratique du Nouveau Commandement implique l'amour du frère et exclut l'amour du monde.

Le contenu du monde est synonyme des « trois tentations ». La Lumière vient et fait reculer le monde - par le pardon des péchés, la connaissance de Dieu et la victoire sur les Puissances du Mal.

Tout ceci est présenté sous forme de deux volets d'un diptyque - à la suite du Prologue. Cette présentation en « diptyque » montre que le texte est rédigé en sections parallèles, mais structuré de façon dipartite. La rédaction en sections parallèles correspond au mode de rédaction de l'Évangile de Jean, mais la structure en forme de diptyque est spécifique à ce texte.

Il nous reste à découvrir si la suite de l'Épître nous présente une succession de diptyques ? C'est ce que nous verrons dans les Études suivantes.


Le Prologue et le Premier Diptyque
Le Prologue : Chapitre 1, versets 1 à 4.
Ce qui était au Commencement,
nous vous annonçons la Vie éternelle,
celle qui est auprès du Père.
Premier Diptyque - premier volet :
1 ; 5 - 2 ; 7.
Dieu est Lumière ;
annonce du Commandement ancien ;
garder la Parole,
afin d'être en Communion.
Premier Diptyque - deuxième volet : :
2 ; 8 - 17.
Les ténèbres se dissipent ;
Le Commandement nouveau :
ne pas aimer le monde,
victoire contre le Malin.

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