Étude XLIII : La Première Épître de Jean - deuxième diptyque

- P. Georges Leroy -

Cliquer ci-dessous, pour vous retrouver aux points correspondants du texte :

Quel est l'objectif que nous nous proposons d'atteindre ?



Maintenant, nous allons nous efforcer de déterminer l'emplacement des textes du deuxième diptyque, ainsi que d'en discerner la structure et la signification.

Le Deuxième Dyptique : Le discernement entre les fidèles et les anti-Oints.

(A) Premier volet : La Confession de Foi fait demeurer dans le Fils et dans le Père
(2 ; 18 - 28)

Ce premier volet s'articule en trois sections parallèles, dépourvues de section centrale.
Les limites du texte sont constituées par les expressions : « Tout petits / Paidia - Et maintenant, les enfants / Kai nun, teknia » (2 ; 18 // 2 ; 28).

Voici le texte :

2 ; 18 Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez entendu dire que l'Antichrist doit venir ; et déjà maintenant beaucoup d'antichrists sont survenus : à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là.
19 Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous. Mais il fallait que fût démontré que tous n'étaient pas des nôtres.

2 ; 20 Quant à vous, vous avez reçu l'onction venant du Saint, et tous vous possédez la science.
21 Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et parce que tout mensonge n'est pas la vérité.

2 ; 22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l'Antichrist ! Il nie le Père et le Fils.
23 Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père.

2 ; 24 Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le début demeure en vous. Si en vous demeure ce que vous avez entendu dès le début, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père.
25 Or telle est la promesse que lui-même vous a faite : la vie éternelle.

2 ; 26 Voilà ce que j'ai tenu à vous écrire au sujet de ceux qui cherchent à vous égarer.
27 Quant à vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne. Mais puisque son onction vous enseigne sur toute chose, qu'elle est véridique, non mensongère, comme elle vous a enseignés, demeurez en lui.

2 ; 28 Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de lui à son Avènement.

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Le texte commence par « Petits enfants, voici venue la dernière heure ».
Le texte se termine par « demeurez en lui, petits enfants », ce qui constitue le repère nécessaire pour délimiter cette partie de l'épître.

Première partie : 2 ; 18 - 19.

Il s'agit de la Dernière Heure :

2 ; 18 Petits enfants, voici venue la dernière heure. Vous avez entendu dire que l'Antichrist doit venir ; et déjà maintenant beaucoup d'antichrists sont survenus : à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là.

La manifestation des faux-frères :

2 ; 19 Ils sont sortis de chez nous, mais ils n'étaient pas des nôtres. S'ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous. Mais il fallait que fût démontré que tous n'étaient pas des nôtres.

Parallèle à :

Dernière partie : 2 ; 28.

Il s'agit du Deuxième Avènement ; les fidèles demeurent :

2 ; 28 Oui, maintenant, demeurez en lui, petits enfants, pour que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de lui à son Avènement.

La distinction entre les « petits enfants » fidèles, et les « anti-Oints déserteurs :

Les « anti-Oints » sont déjà présents, alors que l'Oint Lui-même doit venir à la Fin des Temps.
Les « anti-Oints » sont partis, alors que les disciples de l'Oint restent fidèles.

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Deuxième partie : 2 ; 20 - 21.

2 ; 20 Quant à vous, vous avez reçu l'onction (Esprit) venant du Saint (Le Christ), et tous vous possédez la science.

Ce verset se réfère à ce que nous pouvons lire dans l'Évangile johannique : « L'Esprit (Esprit) de Vérité (Le Christ) vous conduira vers la Vérité tout entière » (Jn. 16 ; 13). L'Esprit-Saint et le Fils sont en réciprocité de service, afin de nous faire connaître le Père.

21 Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et parce que tout mensonge n'est pas la vérité.

Parallèle à :

Avant-dernière partie : 2 ; 26 - 27.

2 ; 26 Voilà ce que j'ai tenu à vous écrire au sujet de ceux qui cherchent à vous égarer.
27 Quant à vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous, et vous n'avez pas besoin qu'on vous enseigne. Mais puisque son onction vous enseigne sur toutes choses, qu'elle est véridique, non mensongère, comme elle vous a enseignés, demeurez en lui.

La notion d'enseignement apparaît à trois reprises.

Le Savoir et la Vérité s'opposent à tout mensonge.

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Troisième partie : 2 ; 22 - 23.

Nier le Fils et le Père :

Trois reniements :

2 ; 22 Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l'Antichrist ! Il nie le Père et le Fils.
23 Quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père.

Nier le Père et le Fils : tel est le message de l'anti-Oint.

Parallèle à :

Anté-pénultième partie : 2 ; 24 - 25.

Demeurer dans le Fils et le Père :

Trois fidélités :

2 ; 24 Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le début demeure en vous. Si en vous demeure ce que vous avez entendu dès le début, vous aussi, vous demeurerez dans le Fils et dans le Père.
25 Or telle est la promesse que lui-même vous a faite : la vie éternelle.

Être fidèle à « ce qui a été entendu dès le début », au Message du Salut, telle est la position des vrais Disciples, qui recevont la Vie éternelle.

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Le Deuxième Dyptique : Le discernement entre les fidèles et les anti-Oints.

(B) Deuxième volet : Distinguer entre les enfants de Dieu
et les enfants du Diable (2 ; 29, 3 ;10)

Voici le texte, en douze sentences :

1

2 ; 29 Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui.
3 ; 1 Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu.

2

3 ; 2 Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.

3

3 ; 3 Quiconque a cette espérance en lui se rend pur comme celui-là est pur.

4

3 ; 4 Quiconque commet le péché commet aussi l'iniquité, car le péché est l'iniquité.

5

3 ; 5a Or vous savez que celui-là s'est manifesté pour ôter les péchés

6

3 ; 5b et qu'il n'y a pas de péché en lui.
3 ; 6 Quiconque demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu.

7

3 ; 7a Petits enfants, que personne ne vous égare.

8

3 ; 7b Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là est juste.

9

3 ; 8a Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès l'origine.

10

3 ; 8b C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est s'est manifesté.

11

3 ; 9 Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu.

12

10 À ceci sont reconnaissables les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère.

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Les limites du texte sont établies par les deux affirmations antithétiques :
- quiconque pratique la justice est né de lui (2; 29) ;
- quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu (3 ; 10).
Les versets 2 ; 29, 3 ; 1 et 3 ; 10 montrent un parallélisme évident.

2 ; 29 Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui.
3 ; 1 Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu.
//
3 ; 10 À ceci sont reconnaissables les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère.

Ce n'est pas le cas pour le reste du texte, dont la structure est spécifique :

1) Nous remarquons un parallélisme entre 3 ; 2, et 7a :
Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu // Petits enfants, que personne ne vous égare.

3 ; 2 Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.
//
3 ; 7a Petits enfants, que personne ne vous égare.

2) Nous remarquons un parallélisme entre 3 ; 3, et 7b :
Quiconque a cette espérance en lui se rend pur comme celui-là est pur // Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là est juste.

3 ; 3 Quiconque a cette espérance en lui se rend pur comme celui-là est pur.
//
3 ; 7b Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là est juste.

3) Nous remarquons un parallélisme entre 3 ; 4, et 3 ; 8a :
Quiconque commet le péché commet aussi l'iniquité, car le péché est l'iniquité // Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès l'origine.

3 ; 4 Quiconque commet le péché commet aussi l'iniquité, car le péché est l'iniquité.
//
3 ; 8a Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès l'origine.

4) Nous remarquons un parallélisme entre 3 ; 5a, et 3 ; 8b :
Or vous savez que celui-là s'est manifesté pour ôter les péchés // C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est s'est manifesté.

3 ; 5a Or vous savez que celui-là s'est manifesté pour ôter les péchés.
//
3 ; 8b C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est s'est manifesté.

5) Nous remarquons un parallélisme entre 3 ; 5b - 6 et 3 ; 9 :
et qu'il n'y a pas de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu // Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu.

3 ; 5b et qu'il n'y a pas de péché en lui.
3 ; 6 Quiconque demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu.
//
3 ; 9 Quiconque est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu.

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Nous constatons donc que ce deuxième volet est ENCADRÉ PAR DEUX VERSETS PARALLÈLES : 1 // 12.

Entre ces deux versets initiaux et finaux, nous avons une SÉRIE DE CINQ VERSETS, qui est parallèle à la SÉRIE SUIVANTE DE CINQ VERSETS, terme à terme, dans le même ordre : 2//7 - 3//8 - 4//9 - 5//10 - 6//11.

C'est une structure plutôt originale !

Gardant à l'esprit ces informations préalables, nous pouvons regarder de plus près l'ensemble de ces versets :

LE DISCERNEMENT - NAÎTRE DU PÈRE.

Première partie : 2 ; 29 - 3 ; 10.

2 ; 29 Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez que quiconque pratique la justice est né de lui.
3 ; 1 Voyez quelle manifestation d'amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes ! Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne l'a pas connu.

Le critère de discernement est la JUSTICE.

Parallèle à :

Douzième partie : 3 ; 10.

3 ; 10 À ceci sont reconnaissables les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, ni celui qui n'aime pas son frère.

Le sujet du discernement, c'est la distinction entre les enfants de Dieu et le monde - entre les enfants de Dieu et les enfants du Diable.

À propos des enfants du Diable - ta tekna tou diabolou, nous avons cette parole de Jésus, dans l'Évangile de Jean : Vous avez pour père le Diable, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir (Jn. 8 ; 44).

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ASSURANCE ET MISE EN GARDE.

Deuxième partie : 3 ; 2.

3 ; 2 Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est.

C'est la vision de ce que que Dieu est.

Parallèle à :

Septième partie : 3 ; 7a.

3 ; 7a Petits enfants, que personne ne vous égare.

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PURETÉ ET JUSTICE.

Troisième partie : 3 ; 3.

3 ; 3 Quiconque a cette espérance en lui se rend pur comme celui-là (Jésus) est pur.

L'espérance donne la pureté.

Parallèle à :

Huitième partie : 3 ; 7b.

3 ; 7b Celui qui pratique la justice est juste comme celui-là (Jésus) est juste.

La pratique de la justice rend juste.

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L'ANOMIE ET LE DIABLE.

Quatrième partie : 3 ; 4.

3 ; 4 Quiconque commet le péché commet aussi l'iniquité (tèn anomian poiei), car le péché est l'iniquité.

Parallèle à :

Neuvième partie : 3 ; 8a.

3 ; 8a Celui qui commet le péché est du diable, car le diable pèche dès l'origine.

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MANIFESTATION DU FILS ET DESTRUCTION DES OEUVRES DU DIABLE.

Cinquième partie : 3 ; 5a.

3 ; 5a Or vous savez que celui-là (Jésus) s'est manifesté pour ôter les péchés

Parallèle à :

Dixième partie : 3 ; 8b.

3 ; 8b C'est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est s'est manifesté.

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LE FIDÈLE EST AU-DELÀ DU PÉCHÉ.

Sixième partie : 3 ; 5b, 6.

3 ; 5b et qu'il n'y a pas de péché en lui.
3 ; 6 Quiconque (pas ho - tout qui) demeure en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l'a vu ni connu.

Parallèle à :

Onzième partie : 3 ; 9.

3 ; 9 Quiconque (pas ho - tout qui) est né de Dieu ne commet pas le péché parce que sa semence demeure en lui ; il ne peut pécher, étant né de Dieu.

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L'objectif tracé initialement a-t-il été atteint ? ?

Le deuxième diptyque illustre la parole de Jésus, qui est rapportée par les Évangélistes Mathieu et Luc : N'allez pas croire que Je suis venu apporter la paix sur la terre ; Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car Je suis venu opposer l'homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère : on aura pour ennemi les gens de sa famille (Mt. 10 ; 34-36 // Lc. 12 ; 51-53). Ici, l'Évangéliste Jean élargit la notion de famille à l'humanité entière. Ceux qui nient le Fils et le Père sont les Antichrists. Par contre les petits-enfants ont reçu l'onction ; ils possèdent la plénitude de la connaissance. Ils demeurent dans le Fils et le Père, et ont la promesse de la Vie éternelle. - Dans le deuxième volet du diptyque, dont nous avons scruté la structure complexe, nous reconnaissons que les enfants de Dieu pratiquent la justice, et verront Dieu tel qu'Il est. Ils ne peuvent pécher, car ils sont engendrés de Dieu. - C'est la description de deux humanités, dont l'une confesse sa foi, et l'autre n'est pas de Dieu.